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France: présidentielle 2002

Nouvelle passe d'armes

Lionel Jospin et Jacques Chirac ont poursuivi, le 11 mars au soir, leurs échanges virulents, amorcés par les propos du Premier ministre sur «l'usure» du président, sous le regard désabusé des autres candidats à l'élection présidentielle.
Le chef du gouvernement, qui a déclenché la polémique lors d'une discussion avec des journalistes dans l'avion qui le ramenait de La Réunion, a tenté d'atténuer la portée de ses propos en indiquant sur France Info qu’il ne pensait pas que le «contexte» dans lequel il s’exprimait «passerait à l’extérieur». Lionel Jospin a donc tenu à minimiser et à relativiser les conséquences de ses attaques sur l’âge de Jacques Chirac qu’il a jugées «sans commune mesure» avec les déclarations «très graves» du président candidat, dans Le Figaro, daté du 11 mars.

D’autre part, il s’est de nouveau défendu de vouloir exploiter les affaires dans la campagne présidentielle en soulignant qu’elles étaient évoquées par la presse et la justice mais en aucune manière par lui. «Nous, nous n’en parlons pas. Moi, en particulier, je me tiens à l’écart» a-t-il tenu à souligner. Néanmoins, en guise de défense et de justification, Lionel Jospin a rappelé que durant la campagne de 1988, Jacques Chirac avait évoqué l’âge de son adversaire, François Mitterrand. Sur le fond, il n’a rien retiré de ses propos, comparant même la campagne de Jacques Chirac de 1995 avec celle d’aujourd’hui. Il a de nouveau parlé «des phénomènes d’usure, d’usure du pouvoir notamment».

Jacques Chirac contre-attaque

Deux heures après, sur France 2, le président candidat est sorti de sa réserve. Jacques Chirac a ainsi accusé son adversaire d’user à son encontre d’une méthode proche du «délit de sale gueule» et a affirmé que la gauche cherchait à «l’abattre par tous les moyens». Interrogé sur les propos controversés du Premier ministre-candidat, qui a jugé le chef de l’Etat «vieilli» et «fatigué», Jacques Chirac a estimé qu’ils n’étaient pas «dignes d’une démocratie». «Dans un premier temps, ça m’a fait sourire. Et pour vous dire la vérité, dans un deuxième temps, je n’ai pas souri, pas du tout. Pas pour moi, mais pour les Français» a-t-il dit. J’ai engagé une campagne il y a un mois, j’ai fait des propositions (…), j’attends toujours celles de Lionel Jospin et qu’est-ce que j’entends ? Des propos sur le physique, le mental, la santé», a-t-il ajouté. «Les Français ont droit à autre chose, à un véritable débat digne d’une démocratie» a-t-il affirmé précisant qu’il ne s’associerait pas à ces «dérives» car «ce n’est pas convenable vis-à-vis des Français».

Répondant directement à Lionel Jospin, Jacques Chirac a affirmé que lors de la campagne de 1988, il avait été «respectueux du président sortant», François Mitterrand, pour la bonne et simple raison qu’il était «son Premier ministre et par conséquent je lui devais par nature le respect», a-t-il glissé, histoire de rappeler à Lionel Jospin le lien hiérarchique existant entre le président et le chef du gouvernement. Après avoir critiqué les méthodes indignes de Lionel Jospin, Jacques Chirac a de nouveau dénoncé le bilan du Premier ministre, en matière de sécurité, de croissance et d’emploi. La gauche, a-t-il affirmé, n’a pas la «volonté politique» de s’attaquer à l’insécurité. Malgré «une croissance exceptionnelle» depuis quatre ans, «la pauvreté n’a pas diminué».

Longuement interrogé sur les affaires, Jacques Chirac a dénoncé le «grand battage» fait autour du livre du juge Eric Halphen qui «devait ébranler la République», mais «n’a rien ébranlé grand chose». «Il y a déjà un certain temps que la gauche a parfaitement compris que j’étais le seul obstacle à sa mainmise totale sur notre pays» a-t-il expliqué. «Et par conséquent, a-t-il poursuivi, elle a engagé une stratégie consistant à essayer de m’abattre en concentrant sur moi tous ses efforts et ceci, par tous les moyens».

Néanmoins, Jacques Chirac a toutefois déclaré que le durcissement de la campagne électorale n’empêcherait pas la délégation française de défendre «avec responsabilité et dignité» les intérêts de la France lors du sommet européen de Barcelone des 15 et 16 mars. Alors que le Premier ministre avait revendiqué le rôle principal dans la préparation de ce rendez-vous européen, le président de la République a de nouveau lancé une pique et a tenu à marquer que c’était lui qui conduirait la délégation française.


Lire également :
Quel ton pour quelle campagne ?
(L’éditorial politique de Geneviève Goëtzinger)



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 12/03/2002