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France: présidentielle 2002

Jacques Chirac sonne la charge

C’est à Marseille que le président-candidat a tenu son premier grand meeting de campagne. Quelques jours après la polémique, initiée par le Premier ministre, sur son âge, Jacques Chirac a ignoré son adversaire et a vivement fustigé «l’idéologie socialiste».
Quelque 7 000 personnes, dont certaines massées à l’extérieure de la salle, devant les écrans géants, avaient fait le déplacement pour cette première réunion publique du locataire de l’Elysée dans la cité phocéenne, qui marque le lancement d’une phase plus active et offensive dans la campagne électorale. Au son des «Chariots de Feu» de Vangelis, Jacques Chirac a pénétré dans l’arène marseillaise en s’offrant un long bain de foule en compagnie de son épouse Bernadette. Il est ensuite monté à la tribune pour prendre la parole - prompteurs déroulant le texte de son intervention - avec en arrière-plan une photographie d’un bain de foule et son slogan : «La France en grand, la France ensemble».

Après les interventions successives de Renaud Muselier, député RPR de Marseille, qui a fustigé une équipe «qui fabrique la France de l’échec», de Jean-Jacques Gaudin, maire de la ville et de Jean-François Mattéi, président du groupe DL à l’Assemblée nationale, qui a salué un «homme proche et attentif», Jacques Chirac a entamé son discours, long d’environ 45 minutes. En évitant soigneusement de porter toute attaque personnelle contre Lionel Jospin et sans s’engager sur le terrain de la polémique, le président sortant n’en a pas moins taillé en pièces le bilan de la gauche plurielle.

Pour les militants, la cible était la même que celle de leur champion. Au très gaullien «Chirac, c’est la France», inscrit sur des banderolles, répondait «Jospin, le déclin pour la France». Des tee-shirts disaient «Non à la France trotskiste», en allusion aux engagements passés du Premier ministre, ou raillaient «Le fabuleux déclin de Lionel Jospin».

«Mettre un terme à l’idéologie socialiste»

Durant 45 minutes, le public a écouté avec attention, voire retenue, le discours de celui qui a dénoncé «l’archaïsme» des socialistes, la «naïveté», voire «l’angélisme» de la gauche en matière de sécurité, même si la France n’est pas «à feu et à sang». Il a jugé «absurde et pervers» le fait de vouloir «régenter de manière autoritaire, autiste et uniforme» le monde économique et le monde du travail. Le candidat du RPR a surtout appelé à «mettre un terme à l’idéologie socialiste», à défendre «d’autres valeurs», à construire «une autre France».

Concernant l’exclusion, «c’est trop souvent la logique de la seule assistance qui s’est imposée» a-t-il déclaré. «Le RMI, revenu minimum d’insertion, cette avancée sociale majeure, est devenue en quelque sorte le RME, revenu de maintien de l’exclusion» a-t-il ajouté. Quant à la loi des 35 heures, elle «a été autoritairement imposée, en dehors de tout dialogue social» avec «un coût exorbitant pour la Nation» a-t-il estimé. Jacques Chirac a ensuite longuement défendu sa vision d’une «France du respect» et d’une «France de liberté». «L’impunité zéro» prônée par le président-candidat a été vivement applaudie ainsi que sa proposition de rémunérer les heures supplémentaires. Evoquant le dossier des retraites, il a déploré que son règlement ait été «différé par manque de courage politique alors que (…) les rapports sur ce sujet remplissent les armoires de l’Etat et que le Premier ministre s’y est formellement engagé le 13 septembre 1999». S’agissant des réductions d’impôts auxquelles il s’est engagé, «ce n’est pas une utopie. C’est possible» a-t-il martelé.

Pour conclure, Jacques Chirac a réveillé son auditoire en se disant «heureux» d’être en campagne. «J’ai besoin que vous soyez à mes côtés (...) Dans ce combat, j’ai besoin de vous tous et de vous toutes» a-t-il dit en s’adressant à ses partisans. «Ensemble, je le sais, nous allons écrire une nouvelle page de France». Le candidat, dépeint par Lionel Jospin comme un homme «fatigué et vieilli», s’est dit «heureux de vivre» cette campagne qu’il aborde «libéré de toute ambition personnelle», fort de «toute l’expérience d’une vie politique active».



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 13/03/2002