France: présidentielle 2002
Le «<i>troisième homme</i>» pourrait bien être une femme
Peinant à établir une différence entre les programmes de Jacques Chirac et de Lionel Jospin, les Français se reportent vers les extrêmes, surtout à gauche où la trotskiste Arlette Laguiller n’arrête pas de monter dans les sondages.
Seule personnalité politique à être désignée par son prénom, «Arlette» se présente pour la cinquième fois à l’élection présidentielle. Cette ancienne employée du Crédit Lyonnais n’arrête pas de monter en flèche dans les sondages : elle est aujourd’hui créditée de 7 à 9% des intentions de vote au premier tour (en 1995, elle avait obtenu un peu plus de 5% des suffrages et environ 2% lors des scrutins précédents). Avec ce score, elle dispute actuellement le rôle de «troisième homme» de la campagne à Jean-Pierre Chevènement (Pôle républicain) et à Jean-Marie Le Pen (Front national).
De fait, les bons scores de la porte-parole de Lutte ouvrière (LO) ont provoqué ces derniers jours un net durcissement de ton à gauche. «Cette candidate stérilise finalement la portée des intentions qui se portent sur elle», a ainsi accusé récemment François Hollande. «Elle ne fait aucune proposition dans cette campagne, aucune proposition sur les licenciements», a souligné le premier secrétaire du Parti socialiste, alors que Robert Hue, candidat communiste, stigmatisait de son côté un vote «sans lendemain».
La pasionaria de LO dont les meetings immuablement réglés commencent toujours par la formule «Travailleuses, travailleurs», dans une salle ornée de drapeaux rouges, avec l’Internationale entonnée le poing brandi à la fin de la réunion, a un discours inchangé depuis trente ans, un vocabulaire passé de mode et fédère un vote protestataire. Les analystes considèrent d’ailleurs que son langage concret et incisif lui permet de séduire un nombre d’électeurs bien supérieur à l’influence réelle de son parti.
La chute du Parti communiste français
Bénéficiant d’une notoriété acquise au fil de son long parcours politique, Arlette Laguiller encore appelée «la sainte du peuple» par ses amis trotskistes, semble tirer profit de la déception d’une partie de l’électorat de la gauche plurielle et de la crise du Parti communiste français (PCF). Ses adversaires lui reprochent d’ailleurs de gommer dans ses discours, toute référence à la dictature du prolétariat et de vouloir ainsi capter l’héritage du PCF. Avec son charisme, «Arlette» a, en effet, su rallier les mécontents du tournant centriste par le gouvernement de gauche, bénéficiant notamment de la désaffection pour le Parti communiste, dont Robert Hue n’est crédité que d’environ 5% des intentions de votes et qui paie sa participation au gouvernement de Lionel Jospin.
Cette percée dans les sondages s’expliquerait aussi, selon les experts, par une angoisse née de la vague de plans sociaux, par le sentiment que la croissance n’a pas profité à tous mais aussi par le déficit de notoriété du jeune candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Olivier Besancenot, dont c’est la première candidature à l’Elysée.
Depuis le début de la campagne électorale, elle sillonne la France avec des propositions radicales : interdire les licenciements collectifs, réquisitionner les usines, rendre publiques les comptabilités de toutes les entreprises, abolir le secret commercial et le secret bancaire. Toujours fidèle à ses idées, Arlette a confirmé, le 17 mars en meeting à la Mutualité, à Paris, qu’elle n’appellerait à voter pour aucun des candidats au second tour, qu’elle considère comme un «vote inutile». «Quel que soit l’élu, Chirac ou Jospin, il n’y a rien de bon à en attendre pour les travailleurs», a-t-elle martelé.
De fait, les bons scores de la porte-parole de Lutte ouvrière (LO) ont provoqué ces derniers jours un net durcissement de ton à gauche. «Cette candidate stérilise finalement la portée des intentions qui se portent sur elle», a ainsi accusé récemment François Hollande. «Elle ne fait aucune proposition dans cette campagne, aucune proposition sur les licenciements», a souligné le premier secrétaire du Parti socialiste, alors que Robert Hue, candidat communiste, stigmatisait de son côté un vote «sans lendemain».
La pasionaria de LO dont les meetings immuablement réglés commencent toujours par la formule «Travailleuses, travailleurs», dans une salle ornée de drapeaux rouges, avec l’Internationale entonnée le poing brandi à la fin de la réunion, a un discours inchangé depuis trente ans, un vocabulaire passé de mode et fédère un vote protestataire. Les analystes considèrent d’ailleurs que son langage concret et incisif lui permet de séduire un nombre d’électeurs bien supérieur à l’influence réelle de son parti.
La chute du Parti communiste français
Bénéficiant d’une notoriété acquise au fil de son long parcours politique, Arlette Laguiller encore appelée «la sainte du peuple» par ses amis trotskistes, semble tirer profit de la déception d’une partie de l’électorat de la gauche plurielle et de la crise du Parti communiste français (PCF). Ses adversaires lui reprochent d’ailleurs de gommer dans ses discours, toute référence à la dictature du prolétariat et de vouloir ainsi capter l’héritage du PCF. Avec son charisme, «Arlette» a, en effet, su rallier les mécontents du tournant centriste par le gouvernement de gauche, bénéficiant notamment de la désaffection pour le Parti communiste, dont Robert Hue n’est crédité que d’environ 5% des intentions de votes et qui paie sa participation au gouvernement de Lionel Jospin.
Cette percée dans les sondages s’expliquerait aussi, selon les experts, par une angoisse née de la vague de plans sociaux, par le sentiment que la croissance n’a pas profité à tous mais aussi par le déficit de notoriété du jeune candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Olivier Besancenot, dont c’est la première candidature à l’Elysée.
Depuis le début de la campagne électorale, elle sillonne la France avec des propositions radicales : interdire les licenciements collectifs, réquisitionner les usines, rendre publiques les comptabilités de toutes les entreprises, abolir le secret commercial et le secret bancaire. Toujours fidèle à ses idées, Arlette a confirmé, le 17 mars en meeting à la Mutualité, à Paris, qu’elle n’appellerait à voter pour aucun des candidats au second tour, qu’elle considère comme un «vote inutile». «Quel que soit l’élu, Chirac ou Jospin, il n’y a rien de bon à en attendre pour les travailleurs», a-t-elle martelé.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 19/03/2002