France: présidentielle 2002
La Corse : ils y vont tous
La Corse vient d’entrer dans la campagne présidentielle avec la visite de quatre candidats : Jean-Pierre Chevènement, Alain Madelin, Robert Hue et François Bayrou. Epine dans le pied des gouvernements français, de droite comme de gauche depuis plus de 25 ans, l’île de Beauté est au centre du débat électoral, du moins cette semaine.
L’avenir institutionnel de la Corse où attentats et assassinats se sont poursuivis tout au long de l’année 2001, a disparu de la campagne présidentielle mais pourrait bien ressurgir sur la scène politique après mai 2002. A l’hiver dernier, la Corse avait pourtant échauffé les esprits : le projet de loi gouvernemental réformant le statut de l’île avait été vidé de sa substance, les députés l’ayant amputé de sa principale disposition qui aurait permis à l’Assemblée locale de s’affranchir de la loi nationale pour aménager un littoral encore exceptionnellement préservé. Mais quelques mois plus tard, son statut et son avenir ne semblent plus intéresser grand monde, à moins que les principaux candidats soient réticents à aborder ce dossier délicat.
Quoiqu’il en soit, dans l’île, la visite du président-candidat (dont la date n’est pas encore fixée, tout comme celle de Lionel Jospin) semble être plus attendue que celle du Premier ministre, dont le déplacement n’apporterait «rien de plus car on connaît déjà ses idées et son engagement sur la question», estiment certains des députés corses. Traditionnellement ancrée à droite, la Corse avait massivement voté pour le président sortant en 1995 mais la gauche a depuis enlevé quelques places fortes comme la mairie d’Ajaccio ou le Conseil général de Corse-du-Sud.
«La prudence des candidats vis-à-vis de la Corse se comprend car leur souci est de rassembler leur camp, pas de le diviser», explique José Rossi, le député libéral de Corse-du-Sud. Or les débats sur la réforme du statut de l’île a laissé des séquelles, sur le plan national comme local, à droite comme à gauche. Observant avec distance la campagne, les nationalistes ne sont pas «surpris» de la «disparition brutale» de la question corse du débat politique, selon Jean-Guy Talamoni, leur chef de file. «Certains, au premier rang desquels Jean-Pierre Chevènement, ont voulu se servir de l’île comme d’un tremplin, en la diabolisant. Mais il s’est rendu compte que le fond de commerce n’était ni porteur et que l’opinion publique avait évolué», a-t-il déclaré récemment. En attendant, les nationalistes, qui seront présents aux élections législatives, ne donneront pas de consigne de vote pour la présidentielle.
Une consultation des Corses sur leur sort
Quatre des postulants au premier quinquennat de la Ve République - à commencer par Jean-Pierre Chevènement - se déplacent, cette semaine, sur l’île de Beauté. La visite du candidat du Mouvement des citoyens (MDC), le 19 mars à Bastia puis à Ajaccio s’annonçait comme la plus délicate et elle fut mouvementée. L’ancien ministre de l’Intérieur est en effet devenu la bête noire des nationalistes depuis sa démission, en août 2000 du gouvernement Jospin pour désaccord sur l’évolution du statut de la Corse. Dans son dernier numéro, l’hebdomadaire indépendantiste U Ribombu a ainsi qualifié «d’indésirable» sa visite, qui ne «peut être ressentie que comme une provocation» par «le peuple corse». Ce à quoi, Jean-Pierre Chevènement a répondu qu’il n’était pas «intimidé» par les indépendantistes, même si ces derniers l’ont frappé d’une «interdiction de séjour».
Dans un contexte moins polémique, Alain Madelin (qui était le même jour que Jean-Pierre Chevènement en Corse) et François Bayrou (qui s’y rendra le 22 mars) plaident pour une nouvelle étape de la décentralisation. A l’instar de José Rossi, le candidat de DL avait soutenu, dans un premier temps, le processus de Matignon engagé fin 1999 par Lionel Jospin. De son côté, le candidat UDF, réclame, en priorité, que les insulaires soient consultés sur leur avenir car «la question corse ne se règlera pas sans les Corses eux-mêmes». Une consultation également souhaitée par Robert Hue (qui sera sur l’île le 20 et le 21 mars), qui s’était abstenu lors du vote en décembre dernier sur la loi. Le candidat du Parti communiste français a toutefois estimé, dans un entretien publié cette semaine dans le Journal de la Corse, qu’il existe, «fait unique, un peuple corse, composante du peuple français». Quant à Arlette Laguiller, candidate de Lutte ouvrière, elle fut la première a avoir foulé le sol corse, il y a déjà quelques semaines.
Quoiqu’il en soit, dans l’île, la visite du président-candidat (dont la date n’est pas encore fixée, tout comme celle de Lionel Jospin) semble être plus attendue que celle du Premier ministre, dont le déplacement n’apporterait «rien de plus car on connaît déjà ses idées et son engagement sur la question», estiment certains des députés corses. Traditionnellement ancrée à droite, la Corse avait massivement voté pour le président sortant en 1995 mais la gauche a depuis enlevé quelques places fortes comme la mairie d’Ajaccio ou le Conseil général de Corse-du-Sud.
«La prudence des candidats vis-à-vis de la Corse se comprend car leur souci est de rassembler leur camp, pas de le diviser», explique José Rossi, le député libéral de Corse-du-Sud. Or les débats sur la réforme du statut de l’île a laissé des séquelles, sur le plan national comme local, à droite comme à gauche. Observant avec distance la campagne, les nationalistes ne sont pas «surpris» de la «disparition brutale» de la question corse du débat politique, selon Jean-Guy Talamoni, leur chef de file. «Certains, au premier rang desquels Jean-Pierre Chevènement, ont voulu se servir de l’île comme d’un tremplin, en la diabolisant. Mais il s’est rendu compte que le fond de commerce n’était ni porteur et que l’opinion publique avait évolué», a-t-il déclaré récemment. En attendant, les nationalistes, qui seront présents aux élections législatives, ne donneront pas de consigne de vote pour la présidentielle.
Une consultation des Corses sur leur sort
Quatre des postulants au premier quinquennat de la Ve République - à commencer par Jean-Pierre Chevènement - se déplacent, cette semaine, sur l’île de Beauté. La visite du candidat du Mouvement des citoyens (MDC), le 19 mars à Bastia puis à Ajaccio s’annonçait comme la plus délicate et elle fut mouvementée. L’ancien ministre de l’Intérieur est en effet devenu la bête noire des nationalistes depuis sa démission, en août 2000 du gouvernement Jospin pour désaccord sur l’évolution du statut de la Corse. Dans son dernier numéro, l’hebdomadaire indépendantiste U Ribombu a ainsi qualifié «d’indésirable» sa visite, qui ne «peut être ressentie que comme une provocation» par «le peuple corse». Ce à quoi, Jean-Pierre Chevènement a répondu qu’il n’était pas «intimidé» par les indépendantistes, même si ces derniers l’ont frappé d’une «interdiction de séjour».
Dans un contexte moins polémique, Alain Madelin (qui était le même jour que Jean-Pierre Chevènement en Corse) et François Bayrou (qui s’y rendra le 22 mars) plaident pour une nouvelle étape de la décentralisation. A l’instar de José Rossi, le candidat de DL avait soutenu, dans un premier temps, le processus de Matignon engagé fin 1999 par Lionel Jospin. De son côté, le candidat UDF, réclame, en priorité, que les insulaires soient consultés sur leur avenir car «la question corse ne se règlera pas sans les Corses eux-mêmes». Une consultation également souhaitée par Robert Hue (qui sera sur l’île le 20 et le 21 mars), qui s’était abstenu lors du vote en décembre dernier sur la loi. Le candidat du Parti communiste français a toutefois estimé, dans un entretien publié cette semaine dans le Journal de la Corse, qu’il existe, «fait unique, un peuple corse, composante du peuple français». Quant à Arlette Laguiller, candidate de Lutte ouvrière, elle fut la première a avoir foulé le sol corse, il y a déjà quelques semaines.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 20/03/2002