France: présidentielle 2002
La majorité plurielle fragilisée
A quatre semaines du premier tour de la présidentielle, la campagne a été marquée, le week-end dernier, par une brusque tension s’agissant du nucléaire entre Lionel Jospin et les Verts, au premier rang desquels Noël Mamère, candidat écologiste.
Alors que la majorité plurielle -socialistes, Verts, communistes, Mouvement des citoyens et Parti radical de gauche- avait tenu bon durant toute la législature, elle semble depuis quelque temps mise à l’épreuve par la campagne présidentielle qui est venue attiser les dissensions entre toutes les formations de gauche. La course à l’Elysée a en effet cristallisé les divergences entre les partenaires qui ont décidé d’aller séparément à la bataille ne ménageant pas leurs critiques à l’égard du gouvernement socialiste.
Dernier couac en date: la tension entre Noël Mamère et Lionel Jospin à propos du nucléaire. Le candidat écologiste a réagi avec colère à une interview du Premier ministre-candidat socialiste publiée, le samedi 23 mars, dans quatre quotidiens régionaux et dans laquelle Lionel Jospin se disait hostile à la sortie du nucléaire prônée par les Verts. A cette occasion, Noël Mamère a retrouvé sa verve: «Cette déclaration est un véritable coup de poignard dans le dos. Elle prouve que, pour faire plaisir aux communistes et aux chevènementistes, Jospin cède sur le nucléaire. C’est très grave. Dans ces conditions, je ne vois pas comment je pourrais appeler à voter pour lui au second tour». Dimanche 24, le député de Gironde tout en maintenant la pression se montrait moins offensif et mettait un bémol à ses menaces.
Certains parmi les Verts ont estimé que Noël Mamère était allé trop loin dans ses attaques mais ce dernier, en se posant en gardien du temple des valeurs vertes, peut ainsi espérer renforcer sa légitimité chez les environnementalistes du parti. Pour obtenir quelques maroquins -des portefeuilles ministériels-, les Verts ne peuvent pas «renoncer à ce qui appartient à leur histoire, à leurs valeurs, à leur corpus idéologique» a-t-il affirmé. En outre, en se posant en défenseur du nucléaire, Lionel Jospin a laissé aux Verts, l’espace politique de l’écologie sur lequel ils espèrent faire le plein de voix. Manœuvre délibérée du Premier ministre pour renforcer des alliés qui ne décollent pas dans les sondages ou incapacité à sortir du cadre de vieux schémas de pensée ? Noël Mamère a en tout cas, pour sa part, penché pour la deuxième hypothèse.
En ligne de mire, les législatives
Cette tension entre le gouvernement et les membres de la majorité plurielle n’est pas la première, loin s’en faut. Les bras de fer ont été nombreux: avec Jean-Pierre Chevènement, le plus virulent, sur le statut de la Corse, avec les communistes, au sujet du texte sur la modernisation sociale ou le budget de la Sécurité sociale ou avec les Verts sur les sans-papiers ou le prix de l’essence. Cependant, ils n’ont jamais conduit à l’éclatement de la coalition de gauche.
La législature qui s’est achevée, fin février, a donc connu plusieurs crises au sein de la majorité plurielle mais comme l’a souligné récemment le ministre des Relations avec le Parlement, Jean-Jacques Queyranne, elle «n’a pas vécu ou survécu, elle a tenu et s’est bien tenu». Pour le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, les tiraillements de la campagne sont purement conjoncturels. La gauche plurielle «a été en cohésion pendant cinq ans, elle est actuellement en compétition» a-t-il déclaré avant d’ajouter: «Comme la présidentielle est avant les législatives, il n’est pas anormal que chacun essaie de peser sur le centre de gravité de la gauche plurielle».
A droite et notamment au RPR, on jubile à propos des piques de ce week-end. Roselyne Bachelot, porte-parole de Jacques Chirac, a tenu à souligner que la droite avait «une position parfaitement cohérente» sur l’énergie nucléaire alors que «l’éclatement de ce qu’on a appelé la majorité plurielle pose un véritable problème à Lionel Jospin».
Dernier couac en date: la tension entre Noël Mamère et Lionel Jospin à propos du nucléaire. Le candidat écologiste a réagi avec colère à une interview du Premier ministre-candidat socialiste publiée, le samedi 23 mars, dans quatre quotidiens régionaux et dans laquelle Lionel Jospin se disait hostile à la sortie du nucléaire prônée par les Verts. A cette occasion, Noël Mamère a retrouvé sa verve: «Cette déclaration est un véritable coup de poignard dans le dos. Elle prouve que, pour faire plaisir aux communistes et aux chevènementistes, Jospin cède sur le nucléaire. C’est très grave. Dans ces conditions, je ne vois pas comment je pourrais appeler à voter pour lui au second tour». Dimanche 24, le député de Gironde tout en maintenant la pression se montrait moins offensif et mettait un bémol à ses menaces.
Certains parmi les Verts ont estimé que Noël Mamère était allé trop loin dans ses attaques mais ce dernier, en se posant en gardien du temple des valeurs vertes, peut ainsi espérer renforcer sa légitimité chez les environnementalistes du parti. Pour obtenir quelques maroquins -des portefeuilles ministériels-, les Verts ne peuvent pas «renoncer à ce qui appartient à leur histoire, à leurs valeurs, à leur corpus idéologique» a-t-il affirmé. En outre, en se posant en défenseur du nucléaire, Lionel Jospin a laissé aux Verts, l’espace politique de l’écologie sur lequel ils espèrent faire le plein de voix. Manœuvre délibérée du Premier ministre pour renforcer des alliés qui ne décollent pas dans les sondages ou incapacité à sortir du cadre de vieux schémas de pensée ? Noël Mamère a en tout cas, pour sa part, penché pour la deuxième hypothèse.
En ligne de mire, les législatives
Cette tension entre le gouvernement et les membres de la majorité plurielle n’est pas la première, loin s’en faut. Les bras de fer ont été nombreux: avec Jean-Pierre Chevènement, le plus virulent, sur le statut de la Corse, avec les communistes, au sujet du texte sur la modernisation sociale ou le budget de la Sécurité sociale ou avec les Verts sur les sans-papiers ou le prix de l’essence. Cependant, ils n’ont jamais conduit à l’éclatement de la coalition de gauche.
La législature qui s’est achevée, fin février, a donc connu plusieurs crises au sein de la majorité plurielle mais comme l’a souligné récemment le ministre des Relations avec le Parlement, Jean-Jacques Queyranne, elle «n’a pas vécu ou survécu, elle a tenu et s’est bien tenu». Pour le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, les tiraillements de la campagne sont purement conjoncturels. La gauche plurielle «a été en cohésion pendant cinq ans, elle est actuellement en compétition» a-t-il déclaré avant d’ajouter: «Comme la présidentielle est avant les législatives, il n’est pas anormal que chacun essaie de peser sur le centre de gravité de la gauche plurielle».
A droite et notamment au RPR, on jubile à propos des piques de ce week-end. Roselyne Bachelot, porte-parole de Jacques Chirac, a tenu à souligner que la droite avait «une position parfaitement cohérente» sur l’énergie nucléaire alors que «l’éclatement de ce qu’on a appelé la majorité plurielle pose un véritable problème à Lionel Jospin».
par Clarisse Vernhes
Article publié le 25/03/2002