Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Proche-Orient

Le sommet sombre dans la confusion

Le XIVe sommet arabe de Beyrouth s'est ouvert en l'absence de nombreux leaders-clés, notamment le président égyptien Hosni Moubarak et le roi Abdallah II de Jordanie. Au total, la moitié des 22 délégations n'était pas dirigée par un chef d'État ou de gouvernement. De Ramallah, Yasser Arafat s'est adressé aux peuples arabes via la chaîne de télévision Al Jazira.
De notre envoyé spécial à Beyrouth

C'est par vidéoconférence que Yasser Arafat a fait entendre sa voix. Non pas en direction des chefs d'État et de gouvernement réunis à Beyrouth mais vers les peuples arabes, car le leader palestinien n'a pas pu intervenir dans le cadre formel des allocutions officielles du sommet. «La présidence libanaise du sommet n'a fourni aucune explication sur son refus de diffuser le discours de Yasser Arafat», a expliqué Farouk Qaddoumi, le président de la délégation palestinienne, qui a décidé de quitter la salle de conférence, malgré une tentative de médiation de pays du Golfe.

De son QG de Ramallah, le leader palestinien a donc finalement pris la parole via la chaîne de télévision Al Jazira, alors qu'il était prêt à prononcer son discours devant ses pairs arabes. Sur fond d'une photo du Dôme du Rocher à Jérusalem, Yasser Arafat a dressé un bilan sombre de la situation dans les Territoires palestiniens évoquant «une guerre contre les camps de réfugiés, les villes, les villages, les hôpitaux, les écoles, les églises et les mosquées» qui auraient fait, selon lui, «47 000 martyrs, morts ou blessés» et «coûté en pertes économiques 7,5 milliards de dollars».

Malgré cela, le chef de l'Autorité Palestinienne a redit sa volonté de parvenir à une «paix des braves pour nos enfants et les enfants israéliens», rappelant les objectifs politiques du peuple palestinien: droit au retour des réfugiés, un État indépendant ayant pour capitale Jérusalem. Yasser Arafat a enfin apporté son soutien à l'initiative du prince Abdallah d'Arabie Saoudite, qu'il a qualifiée de courageuse.

La défection des leaders-clés

Ce dernier a présenté formellement devant ces pairs cette offre inédite d'un règlement définitif du conflit israélo-arabe. S'adressant directement aux Israéliens, le prince Abdallah leur a proposé «des relations normales» avec les pays arabes ainsi que la sécurité en échange d'un «retrait complet» des territoires arabes occupés, permettant l'édification d'un État palestinien accompagné du retour des réfugiés. Reste que les défections de leaders-clés de ce sommet ont amoindri la portée des débats.

Les absences du président égyptien, Hosni Moubarak, et du roi Abdallah II de Jordanie ont fait mauvais effet. Ce dernier a avancé des «raisons de sécurité» pour ne pas venir à Beyrouth. Dans les coulisses, on affirme que le souverain hachémite et le président égyptien aurait été mécontents de l'absence de Yasser Arafat à ce sommet et de l'échec des pressions américaines sur Ariel Sharon, le Premier ministre israélien. Les leaders arabes voulaient adresser un message de paix clair à l'opinion publique internationale et à Israël, mais devant le nombre d'absents et l'impossibilité pour Yasser Arafat de s'exprimer, c'est finalement la confusion qui l'a emporté.



par Christian  Chesnot

Article publié le 26/03/2002