Madagascar
Difficile reprise de travail
Marc Ravalomanana annonce la fin officielle de la grève générale dans la fonction publique, qu’il avait lancée le 28 janvier dernier. Mais la reprise du travail est timide. A l’image de ce qui se passe au sommet de l’Etat, les travailleurs sont aussi confrontés à une certaine anarchie.
Qui commande ? A qui obéir ? Ce sont là les deux grandes interrogations qui restent encore sans réponses précises à Madagascar, du moins à Antananarivo. Devant la paralysie de la fonction publique et face à l’installation d’un pouvoir parallèle, «sorti des urnes», le pouvoir sortant de Didier Ratsiraka a élu domicile à Toamasina, ex-Tamatave, et organisé le blocus de la capitale avec la bienveillance des gouverneurs de province. De fait, la grève largement suivie dans la capitale n’avait plus de sens. Ravalomanana contrôle le pouvoir et tout l’appareil de l’Etat à Antananarivo. Maintenir la grève serait donc agir contre soi. Cette analyse faite, Marc Ravalomanana a repris l’initiative à la télévision nationale en sonnant la fin de la grève. «Notre premier but est de remettre les gens au travail et de faire repartir la machine économique» a-t-il déclaré.
La place du 13 mai, habituellement très animée, était vide de monde le 25 mars. Mais les Tananariviens, encore dubitatifs, y font encore un tour, histoire de s'assurer que personne n’y est plus vraiment. Une certaine nostalgie était perceptible dans l’attitude des curieux, tentés de s’arrêter pour discuter, raconter et prendre les «dernières nouvelles du front». Pendant deux mois cette grève a créé des liens dans une ambiance quelques fois festive et donné aux manifestants une certaine idée de leur force. Les pancartes déployées sur la place du 13 mai, arboraient souvent des slogans vantant le pouvoir du peuple. En effet de cette place sont partis les cortèges de militants qui installaient les «ministres» du gouvernement bis de Jacques Sylla, le Premier ministre, dans leur fauteuil. On y a appris aussi à braver les couvre-feu et autre loi martiale décrétés par Didier Ratsiraka.
L’épuration
Ce sentiment de force collective, aiguisé par le pouvoir effectif de Marc Ravalomanana sur la capitale, révèle aujourd’hui ses travers. Les grévistes dans de nombreux services, regroupés en cellules engagent de nouveaux rapports de force avec les chefs de service présumés de l’autre bord: le ratsirakistes. Les «grévistes» réclament ni plus ni moins leur départ. S’arrogeant des pouvoirs discrétionnaires ils procèdent même à la nomination de chefs de service. La tactique de prise de pouvoir par Ravalomanana fait des émules. Une certaine confusion s’installe aussi dans les services et alimente un sentiment de méfiance des uns envers les autres. C’est pourquoi malgré le mot d’ordre de reprise du travail, seulement la moitié des fonctionnaires s’est effectivement rendue sur son lieu de travail. Et pour relancer concrètement la machine, le «gouvernement bis» de Jacques Sylla veut franchir une étape supplémentaire dans sa prise de pouvoir.
La légitimité revendiquée mais aussi contestée du pouvoir Ravalomanana, pousse ce dernier sur le chemin d’une reconnaissance qui dépasserait les limites de la province d’Antananarivo. Au blocus des gouverneurs de province qui ont renouvelé leur allégeance au président Didier Ratsiraka, le gouvernement de Jacques Sylla veut opposer la confiance qu’il demandera aux députés de l’Assemblée nationale, convoqués en session extraordinaire les 26 et 27 mars pour écouter son discours de politique générale. Le vote qui s’en suivra sera sans surprise, 60 députés sur les 150 que comptent l’Assemblée nationale malgache sont acquis à la mouvance Ravalomanana. Les 16 restants pour constituer la majorité absolue pourraient être facilement «achetés» selon une pratique locale bien connu des observateurs de la vie politique malgache.
La place du 13 mai, habituellement très animée, était vide de monde le 25 mars. Mais les Tananariviens, encore dubitatifs, y font encore un tour, histoire de s'assurer que personne n’y est plus vraiment. Une certaine nostalgie était perceptible dans l’attitude des curieux, tentés de s’arrêter pour discuter, raconter et prendre les «dernières nouvelles du front». Pendant deux mois cette grève a créé des liens dans une ambiance quelques fois festive et donné aux manifestants une certaine idée de leur force. Les pancartes déployées sur la place du 13 mai, arboraient souvent des slogans vantant le pouvoir du peuple. En effet de cette place sont partis les cortèges de militants qui installaient les «ministres» du gouvernement bis de Jacques Sylla, le Premier ministre, dans leur fauteuil. On y a appris aussi à braver les couvre-feu et autre loi martiale décrétés par Didier Ratsiraka.
L’épuration
Ce sentiment de force collective, aiguisé par le pouvoir effectif de Marc Ravalomanana sur la capitale, révèle aujourd’hui ses travers. Les grévistes dans de nombreux services, regroupés en cellules engagent de nouveaux rapports de force avec les chefs de service présumés de l’autre bord: le ratsirakistes. Les «grévistes» réclament ni plus ni moins leur départ. S’arrogeant des pouvoirs discrétionnaires ils procèdent même à la nomination de chefs de service. La tactique de prise de pouvoir par Ravalomanana fait des émules. Une certaine confusion s’installe aussi dans les services et alimente un sentiment de méfiance des uns envers les autres. C’est pourquoi malgré le mot d’ordre de reprise du travail, seulement la moitié des fonctionnaires s’est effectivement rendue sur son lieu de travail. Et pour relancer concrètement la machine, le «gouvernement bis» de Jacques Sylla veut franchir une étape supplémentaire dans sa prise de pouvoir.
La légitimité revendiquée mais aussi contestée du pouvoir Ravalomanana, pousse ce dernier sur le chemin d’une reconnaissance qui dépasserait les limites de la province d’Antananarivo. Au blocus des gouverneurs de province qui ont renouvelé leur allégeance au président Didier Ratsiraka, le gouvernement de Jacques Sylla veut opposer la confiance qu’il demandera aux députés de l’Assemblée nationale, convoqués en session extraordinaire les 26 et 27 mars pour écouter son discours de politique générale. Le vote qui s’en suivra sera sans surprise, 60 députés sur les 150 que comptent l’Assemblée nationale malgache sont acquis à la mouvance Ravalomanana. Les 16 restants pour constituer la majorité absolue pourraient être facilement «achetés» selon une pratique locale bien connu des observateurs de la vie politique malgache.
par Didier Samson
Article publié le 29/03/2002