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Proche-Orient

L'Onu demande le retrait israélien de Ramallah

Les Etats-Unis se sont joints aux autres membres du Conseil de sécurité de l'Onu pour adopter samedi une résolution appelant au retrait israélien de Ramallah, où Yasser Arafat, assiégé depuis vendredi dans son quartier général, est à présent coupé du monde. La radio La Voix de la Palestine est occupée et a cessé d'émettre. Les corps de cinq Palestiniens tués par balles ont été découverts samedi dans un bâtiment abritant une banque, qui a été occupé par des soldats israéliens à Ramallah en Cisjordanie, ont indiqué des témoins et des sources médicales. Selon des témoins, cinq véhicules blindés israéliens ont fait samedi soir une incursion dans un secteur autonome de la ville palestinienne de Hébron, en Cisjordanie, et ouvert le feu sur des objectifs palestiniens.
C'est la deuxième fois en un mois que les Etats-Unis, premier allié d'Israël, soutiennent l'action du Conseil de sécurité après avoir bloqué toute résolution sur le Proche-Orient pendant plus d'un an. La résolution 1402 adoptée par 14 voix (la Syrie était absente) et aucune abstention appelle au retrait israélien de Ramallah, «exige que les deux parties s'engagent immédiatement vers un cessez-le-feu constructif» et leur demande de «coopérer pleinement» avec Anthony Zinni, l'émissaire américain actuellement dans la région.

L’adoption de ce texte représente un changement de position de Washington sur l'attaque par l'armée israélienne du QG palestinien, que le secrétaire d'Etat Colin Powell avait, vendredi, dit comprendre par le besoin d'Israël de répondre aux attentats suicide palestiniens. Il avait toutefois appelé le Premier ministre israélien Ariel Sharon à «évaluer attentivement les conséquences». La précédente résolution soutenue par les États-Unis reconnaissait l'idée de «deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte à l'intérieur de frontières reconnues et sûres». Les pays arabes ont dénoncé l'opération israélienne, de même que l'Union européenne, la Chine, la Turquie et l'Organisation de l'Unité africaine.

Le président palestinien Yasser Arafat, assiégé par l'armée israélienne dans son QG de Ramallah, ne disposait plus samedi matin de lignes téléphoniques pour communiquer avec le reste du monde, a indiqué un responsable palestinien. «Le président Arafat n'a plus de communication avec le monde extérieur,
toutes les lignes de téléphone sont coupées. La situation est très dangereuse
», a affirmé à l'AFP ce responsable, qui a requis l'anonymat. Selon lui, les lignes de téléphone à la disposition de Yasser Arafat ont été coupées et ses téléphones portables ne fonctionnent plus, leurs batteries ne pouvant être chargées, faute d'électricité. Dans la soirée, toutefois, le Premier ministre turc Bulent Ecevit a réussi à avoir un entretien téléphonique avec le chef palestinien, lequel a exhorté Israël à tenir compte de la dernière résolution du Conseil de sécurité de l'ONU et à se retirer des territoires palestiniens.

Des chars occupent Beit Jala

Des chars israéliens sont en position à l'extérieur et à l'intérieur des murs d'enceinte du QG palestinien. Tous les bâtiments du complexe sont aux mains de commandos israéliens à l'exception d'un immeuble de trois étages où se trouvent Yasser Arafat, ses collaborateurs et ses gardes. Colin Powell a indiqué avoir reçu des assurances qu'Israël ne porterait pas atteinte physiquement au président palestinien.

Des tirs nourris de mitrailleuse lourde ont éclaté dans la matinée avant de baisser d'intensité. L'armée israélienne a arrêté deux dirigeants palestiniens et une vingtaine d'autres personnes. Il s'agit, selon une source palestinienne à Gaza, de Sakher Habache, membre du Comité central du Fatah, le mouvement de Yasser Arafat, et d'Abdelkarim Qaïs (connu sous le nom d'Abou Leila), le secrétaire général adjoint du Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP) de Nayef Hawatmeh. L'armée israélienne occupait également samedi le bâtiment à Ramallah en Cisjordanie de la radio la Voix de la Palestine, qui a cessé d'émettre, a indiqué un journaliste de la radio.

Ariel Sharon, qui a affirmé que les opérations militaires dureraient «plusieurs semaines», doit réunir dimanche son cabinet de sécurité pour examiner la suite de ces opérations, a déclaré un responsable israélien. Après avoir réoccupé vendredi Ramallah et pris pied dans le QG de Yasser Arafat au prix de combats qui ont fait sept tués, cinq Palestiniens et deux soldats israéliens, l'armée israélienne a envoyé dans la nuit ses chars occuper la localité autonome de Beit Jala, près de Bethléem.

Le secrétaire du gouvernement israélien Gidon Saar a déclaré que les «opérations de grande envergure lancées par l'armée vont se poursuivre pendant un bon moment contre des centres terroristes actifs dans les territoires palestiniens». C'est ce qui explique, selon lui, le rappel de 20000 réservistes.



par Philippe  Quillerier-Lesieur (avec AFP)

Article publié le 30/03/2002