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France: présidentielle 2002

La grande incertitude des sondages

Les sondages jouent dans la campagne présidentielle un rôle déterminant, d’autant plus que pour la première fois depuis 1977, leur publication sera autorisée jusqu’à l’avant-veille du scrutin, et ce pour les deux tours (21 avril et 5 mai).
Les nombreux sondages qui ponctuent la campagne pour l’élection présidentielle, bien que souvent contestés, jouent un rôle déterminant. Ainsi, c’est bien parce qu’ils ont révélé que les Français s’impatientaient que le président sortant de droite, Jacques Chirac, et le Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, sont entrés dans la course électorale plus tôt que prévu. Il se dit également que Lionel Jospin aurait précipité sa candidature notamment en raison de la montée croissante, dans les sondages, de son ancien ministre de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement.

Malgré ou à cause de cette influence déterminante, les sondeurs rivalisent de prudence et préviennent que les résultats d’intentions de vote ne sont pas «une prévision du résultat électoral». Parfois, en effet, ils se trompent sérieusement. Pour preuve, en 1995, lors de la précédente élection présidentielle, les sondages n’ont pas vu venir la montée de Lionel Jospin, candidat contre Jacques Chirac. Pourtant, le candidat socialiste, alors simple secrétaire du PS, a créé la surprise en se retrouvant en tête du premier tour devant le maire de Paris qui a finalement gagné l’élection. Autre exemple: lors des élections municipales de mars 2001, malgré un pronostic correct pour Paris et Lyon, les électeurs ont voté très différemment de ce qu’ont laissé entendre des enquêtes d’opinion souvent réalisées plusieurs semaines plus tôt.

Les sondeurs expliquent ces fluctuations avec précaution. Au-delà du désintérêt de l’opinion pour la campagne, Jérôme Saint-Marie, de BVA, attribue la difficulté à pronostiquer l’issue du scrutin à une particularité récente, la «balkanisation de la vie politique française». Il considère, en effet, que l’opinion publique souffre de «surcroît de politique» qui expliquerait notamment le tassement des scores de certains candidats d’où la difficulté croissante de réaliser des études fiables à 100%.

Toujours au coude à coude

Difficulté de taille pour les sondeurs donc: l’extrême volatilité des électeurs, dont un nombre croissant se décide au dernier moment, ce qui retire tout caractère prédictif à des sondages effectués bien avant le jour du scrutin. De ce point de vue, l’autorisation de publier des sondages durant la dernière semaine, qui vient d’être accordée par le Parlement, facilitera les comparaisons entre le résultat final et les dernières enquêtes publiées. La publication des sondages, qui était depuis 1977 interdite durant cette fameuse semaine, est dorénavant autorisée jusqu’au vendredi minuit avant un scrutin. Autre problème, plus classique, cette fois: la propension de certains électeurs à camoufler leur intention de vote réelle. Le vote écologiste étant par exemple plus facile à afficher que celui en faveur de l’extrême droite. Enfin, bien sûr, plus le scrutin est serré, plus les sondages ont du mal à prévoir son issue, compte tenu de la marge d’erreur: 3% en plus ou en moins pour un seul sondage et 1,5% sur quatre sondages allant dans le même sens.

A moins d’un mois du premier tour, les instituts de sondage sont unanimes pour prédire un scrutin très serré et soulignent les particularités de ce vote pour expliquer le désarroi constaté dans l’opinion. Une double incertitude rend impossible, pour l’instant, tout pronostic sur les résultats du premier tour, dans l’ignorance de la liste définitive des candidats, et sur ceux du second tour, du fait de l’écart très étroit entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. Le Premier ministre-candidat garde certes l’avantage sur le président sortant, qui est donné perdant au second tour dans tous les sondages depuis le début du mois de mars. Mais l’avance de Lionel Jospin, très faible, est fragile, moins de quatre semaines avant le premier tour (21 avril) et moins de six semaines avant le second (5 mai). Ainsi, sur les six sondages publiés en ce début de semaine, ceux de l’Ifop, de CSA et d’Ipsos donnent les deux hommes à égalité (50/50), la Sofres crédite Lionel Jospin de 51%, BVA et Louis Harris de 52%.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 29/03/2002