France: présidentielle 2002
A la reconquête du «peuple de gauche»
Le parti socialiste et ses partenaires de la gauche plurielle ont la lourde tâche de relever l'édifice mis à mal par le «tremblement de terre» de la présidentielle. Reconstruire une gauche unie mais, surtout, retrouver les faveurs d'un «peuple de gauche» qui a cruellement fait défection lors du premier tour.
La gauche est à reconstruire après l'élimination de Lionel Jospin du second tour de l'élection présidentielle, avec 16% des suffrages contre 23% au premier tour de la présidentielle de 1995. Les instances dirigeantes du PS ont désigné leur premier secrétaire, François Hollande, pour mener la première bataille de reconquête, les élections législatives des 9 et 16 juin prochains. Et, pour se réserver toutes les chances de réaliser de bons scores, l'idée est avancée de présenter le maximum de candidatures uniques de la gauche. Sachant que, du côté de la droite parlementaire, on tient le même raisonnement face au danger des candidatures d'extrême-droite. Les partisans de Jean-Marie Le pen pourraient théoriquement se maintenir, au vu des résultats de dimanche dernier, dans plus de 300 circonscriptions législatives sur 577.
Car la dispersion des candidatures au premier tour est souvent avancée comme une des causes, et non des moindres, de l'éviction de la gauche du deuxième tour. Les Verts réfutent cet argument et n'ont pas manqué de souligner que seuls, des formations de la gauche plurielle, ils n'ont pas été sanctionnés par les électeurs : Noël Mamère a obtenu 5,2% des suffrages, contre 3,3% en 1995 à Dominique Voynet. En revanche les communistes qui s’effondrent à 3,3% contre 8,6% ne peuvent recourir à la même défense.
Mais, surtout, la défaite de Lionel Jospin est liée à la perte de plus de 2 millions de voix par rapport au score réalisé au premier tour de 1995. Ces bulletins de vote qui ont fait défaut au Premier ministre sont effectivement allés sur des candidats protestataires. Mais, plus encore, ils se retrouvent parmi les nombreux abstentionnistes, qui, pour un certain nombre d’entre eux, affichent après-coup leur mauvaise conscience et leurs regrets : ils voulaient bien manifester leur mécontentement, mais pas à ce point et, surtout, n’imaginaient pas être autant dans ce cas.
Une gauche «refondée»
L’heure est donc à la remobilisation du «peuple de gauche» celui qui a fait gagner François Mitterrand en 1981. L’aile gauche du PS a sa recette : la reconquête des couches populaires qui ont déserté les urnes, faute de plus de justice sociale et de réduction des inégalités.
De quelle marges de manoeuvre les partis politiques de gauche dispose-t-il ? La première surprise vient de ces dizaines de milliers de personnes qui, depuis dimanche soir, manifestent dans les rues des grandes villes de France contre Le Pen. Parmi eux, beaucoup de jeunes et de lycéens, dont on sait que 37% des 18-24 ans ont boudé les urnes et seulement 14% ont voté Jospin. Le défi serait de mobiliser et rassembler ces forces-là, comme l’étaient leurs aînés, dans les années 80, lors de la campagne anti-raciste «Touche pas à mon pote».
Un premier signe qu’il existe bien des catégories sociales potentiellement sensibles à une gauche «refondée» est attendu avec la réponse à l’appel des organisations politiques et des syndicats à un 1er mai unitaire et de résistance. Ce serait le premier depuis bien longtemps, les dernières années ayant été celles de la division syndicale et du départ massif en week-end des salariés.
Car la dispersion des candidatures au premier tour est souvent avancée comme une des causes, et non des moindres, de l'éviction de la gauche du deuxième tour. Les Verts réfutent cet argument et n'ont pas manqué de souligner que seuls, des formations de la gauche plurielle, ils n'ont pas été sanctionnés par les électeurs : Noël Mamère a obtenu 5,2% des suffrages, contre 3,3% en 1995 à Dominique Voynet. En revanche les communistes qui s’effondrent à 3,3% contre 8,6% ne peuvent recourir à la même défense.
Mais, surtout, la défaite de Lionel Jospin est liée à la perte de plus de 2 millions de voix par rapport au score réalisé au premier tour de 1995. Ces bulletins de vote qui ont fait défaut au Premier ministre sont effectivement allés sur des candidats protestataires. Mais, plus encore, ils se retrouvent parmi les nombreux abstentionnistes, qui, pour un certain nombre d’entre eux, affichent après-coup leur mauvaise conscience et leurs regrets : ils voulaient bien manifester leur mécontentement, mais pas à ce point et, surtout, n’imaginaient pas être autant dans ce cas.
Une gauche «refondée»
L’heure est donc à la remobilisation du «peuple de gauche» celui qui a fait gagner François Mitterrand en 1981. L’aile gauche du PS a sa recette : la reconquête des couches populaires qui ont déserté les urnes, faute de plus de justice sociale et de réduction des inégalités.
De quelle marges de manoeuvre les partis politiques de gauche dispose-t-il ? La première surprise vient de ces dizaines de milliers de personnes qui, depuis dimanche soir, manifestent dans les rues des grandes villes de France contre Le Pen. Parmi eux, beaucoup de jeunes et de lycéens, dont on sait que 37% des 18-24 ans ont boudé les urnes et seulement 14% ont voté Jospin. Le défi serait de mobiliser et rassembler ces forces-là, comme l’étaient leurs aînés, dans les années 80, lors de la campagne anti-raciste «Touche pas à mon pote».
Un premier signe qu’il existe bien des catégories sociales potentiellement sensibles à une gauche «refondée» est attendu avec la réponse à l’appel des organisations politiques et des syndicats à un 1er mai unitaire et de résistance. Ce serait le premier depuis bien longtemps, les dernières années ayant été celles de la division syndicale et du départ massif en week-end des salariés.
par Francine Quentin
Article publié le 23/04/2002