Eglise catholique
Pédophilie : les cardinaux américains convoqués au Vatican
«Profondément peiné» par les violences sexuelles commises par des prêtres, le Pape a convoqué à Rome les cardinaux américains.
De notre correspondant au Vatican
Onze cardinaux venus des États-Unis, trois cardinaux américains résidant à Rome, les chefs de six dicastères sensibles de la Curie et, bien sûr, le Pape et son Secrétaire d’État : c’est un sommet de crise inédit que le Vatican accueille depuis mardi matin pour tenter d’apporter une réponse forte au scandale de la pédophilie qui ébranle l’église américaine depuis quelques mois. C’est Jean Paul II lui-même, alerté par les responsables de l’épiscopat américain, qui a pris l’initiative de convoquer cette réunion.
La multiplication des affaires de mœurs lamine, semaine après semaine, la crédibilité de la hiérarchie catholique américaine, accusée par les fidèles de ne pas avoir répondu de façon satisfaisante à la gravité du problème. Pis, d’avoir parfois couvert sous un silence coupable des prêtres connus pour leurs agissements pervers. C’est le cas notamment dans l’archidiocèse de Boston où le cardinal Law a même dû présenter des excuses publiques pour n’avoir pas dénoncé, ni même sanctionné, certains prêtres condamnés ensuite par la justice américaine. Depuis, sous la pression, le cardinal Law a accepté de transmettre à la justice les noms de plus de 80 prêtres accusés d’agressions sexuelles sur des enfants depuis la fin des années 60. L’évêque de Brooklyn vient de lui emboîter le pas.
Qu’attendre de ce sommet de crise? En arrivant à Rome, les prélats américains ont eux-mêmes déclaré attendre «un geste fort», sans équivoque. Trop longtemps, la curie romaine a délégué aux épiscopats locaux la gestion de ces affaires. L’heure est à la reprise en main. Dans le discours qu’il a prononcé mardi matin, le Pape a affirmé :«les gens ont besoin de savoir qu’il n’y a pas de place dans la prêtrise et dans la vie religieuse pour ceux qui feraient du mal aux jeunes». Une petite phrase interprétée comme une volonté de «tolérance zéro» vis-à-vis de ce phénomène. Jean Paul II s’est par ailleurs déclaré «profondément peiné» et exprimé sa «solidarité aux victimes des violences sexuelles et à leurs familles, où qu’elles soient».
Tolérance zéro
Quel programme de lutte mettre en place ? C’est la question à laquelle tous les participants vont devoir répondre. Le droit canon fournit déjà aux évêques tous les instruments juridiques pour intervenir, au niveau administratif comme au niveau pénal. «On discute l’hypothèse de la tolérance zéro», affirmait mardi midi le cardinal George, archevêque de Chicago : «une erreur et tu es dehors», a-t-il ajouté en reprenant un des principes du baseball (one strike and you’re out !). C’est ce qu’attendent les fidèles catholiques américains dans leur diocèse où le clergé constate une baisse des dons qui, par ailleurs, n’arrange pas les finances de l’église locale déjà contrainte, au terme des procès qui ont été tenus, de verser quelque 40 millions de dollars de dommages et intérêts.
Conscient du fait que ces affaires de pédophilie n’étaient plus des cas isolés, le Vatican avait pris de nouvelles dispositions, à la fin de l’année dernière, le Pape confiant à la congrégation pour la doctrine de la foi, dirigée par le cardinal Ratzinger, la charge de centraliser les dossiers. Une remise au pas que la tourmente qui agite l’église américaine vient de rendre insuffisante. Ce n’est plus un appel discret à l’ordre qui est exigé, mais une prise de position nette partant du centre de l’Église, destinée à l’épiscopat américain mais pas seulement, car d’importants scandales similaires viennent aussi de secouer d’autres pays, en Irlande et en Pologne notamment.
Lors de leur réunion finale, mercredi matin, les prélats américains décideront du texte d’une déclaration publique sensée lancer un signal fort. La présence massive des télévisions américaines autour de la Place Saint-Pierre témoigne de l’intérêt médiatique outre-atlantique pour un dossier qui mine la crédibilité de l’Église sur le sol de la première puissance mondiale.
Onze cardinaux venus des États-Unis, trois cardinaux américains résidant à Rome, les chefs de six dicastères sensibles de la Curie et, bien sûr, le Pape et son Secrétaire d’État : c’est un sommet de crise inédit que le Vatican accueille depuis mardi matin pour tenter d’apporter une réponse forte au scandale de la pédophilie qui ébranle l’église américaine depuis quelques mois. C’est Jean Paul II lui-même, alerté par les responsables de l’épiscopat américain, qui a pris l’initiative de convoquer cette réunion.
La multiplication des affaires de mœurs lamine, semaine après semaine, la crédibilité de la hiérarchie catholique américaine, accusée par les fidèles de ne pas avoir répondu de façon satisfaisante à la gravité du problème. Pis, d’avoir parfois couvert sous un silence coupable des prêtres connus pour leurs agissements pervers. C’est le cas notamment dans l’archidiocèse de Boston où le cardinal Law a même dû présenter des excuses publiques pour n’avoir pas dénoncé, ni même sanctionné, certains prêtres condamnés ensuite par la justice américaine. Depuis, sous la pression, le cardinal Law a accepté de transmettre à la justice les noms de plus de 80 prêtres accusés d’agressions sexuelles sur des enfants depuis la fin des années 60. L’évêque de Brooklyn vient de lui emboîter le pas.
Qu’attendre de ce sommet de crise? En arrivant à Rome, les prélats américains ont eux-mêmes déclaré attendre «un geste fort», sans équivoque. Trop longtemps, la curie romaine a délégué aux épiscopats locaux la gestion de ces affaires. L’heure est à la reprise en main. Dans le discours qu’il a prononcé mardi matin, le Pape a affirmé :«les gens ont besoin de savoir qu’il n’y a pas de place dans la prêtrise et dans la vie religieuse pour ceux qui feraient du mal aux jeunes». Une petite phrase interprétée comme une volonté de «tolérance zéro» vis-à-vis de ce phénomène. Jean Paul II s’est par ailleurs déclaré «profondément peiné» et exprimé sa «solidarité aux victimes des violences sexuelles et à leurs familles, où qu’elles soient».
Tolérance zéro
Quel programme de lutte mettre en place ? C’est la question à laquelle tous les participants vont devoir répondre. Le droit canon fournit déjà aux évêques tous les instruments juridiques pour intervenir, au niveau administratif comme au niveau pénal. «On discute l’hypothèse de la tolérance zéro», affirmait mardi midi le cardinal George, archevêque de Chicago : «une erreur et tu es dehors», a-t-il ajouté en reprenant un des principes du baseball (one strike and you’re out !). C’est ce qu’attendent les fidèles catholiques américains dans leur diocèse où le clergé constate une baisse des dons qui, par ailleurs, n’arrange pas les finances de l’église locale déjà contrainte, au terme des procès qui ont été tenus, de verser quelque 40 millions de dollars de dommages et intérêts.
Conscient du fait que ces affaires de pédophilie n’étaient plus des cas isolés, le Vatican avait pris de nouvelles dispositions, à la fin de l’année dernière, le Pape confiant à la congrégation pour la doctrine de la foi, dirigée par le cardinal Ratzinger, la charge de centraliser les dossiers. Une remise au pas que la tourmente qui agite l’église américaine vient de rendre insuffisante. Ce n’est plus un appel discret à l’ordre qui est exigé, mais une prise de position nette partant du centre de l’Église, destinée à l’épiscopat américain mais pas seulement, car d’importants scandales similaires viennent aussi de secouer d’autres pays, en Irlande et en Pologne notamment.
Lors de leur réunion finale, mercredi matin, les prélats américains décideront du texte d’une déclaration publique sensée lancer un signal fort. La présence massive des télévisions américaines autour de la Place Saint-Pierre témoigne de l’intérêt médiatique outre-atlantique pour un dossier qui mine la crédibilité de l’Église sur le sol de la première puissance mondiale.
par Laurent Morino
Article publié le 23/04/2002