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France: présidentielle 2002

Les patrons contre Le Pen

Le patron des patrons français Ernest-Antoine Seillière condamne, au nom du Mouvement des entreprises de France, le programme économique et social de Jean-Marie Le Pen. Déjà, l’organisation représentant les petits et moyens entrepreneurs (CGPME) et celle rassemblant les artisans (UPA) avaient rappelé leur attachement aux valeurs républicaines, manière implicite de se prononcer contre le candidat du Front national.
Le programme économique et social de Jean-Marie Le Pen qui prévoit la disparition en cinq ans de l’impôt sur le revenu du travail, la suppression des droits de succession en ligne directe et l’allègement des contraintes fiscales et réglementaires pesant sur les petites entreprises et les artisans, est-il de nature à attirer les votes des commerçants, artisans et entrepreneurs qui se plaignent souvent d’être accablés de charges ? Le «nouveau protectionnisme» en faveur des biens et produits d’origine française et le rétablissement des droits de douane, après avoir quitté l’Union européenne et l’euro sont-elles des mesures, à leurs yeux, crédibles ?

Selon un sondage post-électoral réalisé par Louis Harris, 30% des commerçants, artisans et chefs d’entreprises auraient voté pour le candidat d’extrême droite au premier tour de l’élection présidentielle. Mais, selon l’institut CSA, 17% des patrons de l’industrie et du commerce se seraient prononcés pour lui, soit pas plus que l’ensemble de la population française.

En revanche, aucun doute ne subsiste sur la position des représentants du patronat français, après la déclaration du président du Mouvement des entreprises de France Ernest-Antoine Seillière. Le programme économique et social de Jean-Marie Le Pen, si l’on en croit le patron des patrons français ne saurait provoquer que «régression économique, montée forte du chômage, crise financière sans précédent, poussée inflationniste, appauvrissement de tous, tensions sociales explosives». Sortir de l’Union européenne serait «aberrant» au regard de la prospérité de la France en cinquante ans d’intégration. De même, renoncer à l’euro exposerait le pays à «l’instabilité financière et monétaire».

Enfin, la préférence nationale prônée par le front national en matière d’emploi est, pour le Medef, «inacceptable tant du point de vue éthique qu’économique». Cette organisation n’appelle cependant pas explicitement à voter pour Jacques Chirac au second tour de l’élection présidentielle.

Déjà, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) avait appelé à «voter pour les valeurs républicaines et le respect d’autrui sans lequel aucune vie collective ne serait possible». Et l’Union professionnelle artisanale (UPA) avait réaffirmé son attachement aux valeurs qui fondent notre République».

Pas quitte pour autant

Pour avoir nettement rejeté les propositions du Front national dans le domaine économique et social le Medef ne tient pas pour autant le futur président de la République quitte à l’égard des entreprises. Tout aussi clairement le mouvement patronal «souhaite qu'à l'issue de ces élections présidentielles et législatives, les conditions politiques soient pleinement réunies pour qu'enfin la France s'engage résolument dans un grand programme de réformes structurelles».

Le président du Medef a repris à cette occasion ses critiques traditionnelles : le «retard d'adaptation des structures collectives, notamment publiques», «l'absence de réforme de l'Etat qui ne parvient plus à assurer avec efficacité en dépit du poids exorbitant des prélèvements obligatoires ses fonctions régaliennes» et la «mainmise progressive d'un Etat administratif sur tous les secteurs de la vie sociale».

Enfin, Ernest-Antoine Seillière s’est indigné des accusations de Marc Blondel, secrétaire général du syndicat Force ouvrière, selon lequel c’est le refus de négocier du patronat, le dénigrement vis-à-vis des fonctionnaires et les menaces sur les retraites qui «ont fait le lit de Le Pen». Ainsi, lorsque l’hypothèque d’une victoire de Jean-Marie Le Pen aura été levée, il semble que le futur gouvernement ne pourra guère compter sur un long état de grâce en matière sociale.



par Francine  Quentin

Article publié le 29/04/2002