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Immigration

Histoire d’une intégration réussie

En France, les questions liées à l’immigration et à l’intégration, sont généralement abordées en termes de «problèmes», notamment lors des campagnes électorales. L’intégration, pourtant, connaît également de belles réussites, comme celle de la famille Sadi-Haddad, une famille parfaitement à l’aise, entre culture algérienne et française.



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L’histoire de la famille Sadi-Haddad en France commence il y a plus de 40 ans. Le père, Arezki, arrive en France en 1960, à l’âge de 16 ans. Son épouse, Zahra, le rejoint quatre ans plus tard, avec leur première fille, Mélina. Quatre autres enfants naîtront en France. La famille habite alors dans les Ardennes, une région industrielle: Arezki travaille dans la métallurgie. Les parents apprennent peu à peu le français, avec des amis et des collègues. Mélina, 38 ans, se souvient «d’un milieu populaire et essentiellement français», dont elle garde un très bon souvenir. «Il n’y avait aucun problème», dit-elle, «on avait les mêmes activités que les autres enfants, parfois j’allais à l’église avec mes copines».

Dans les années 70, toute la famille quitte les Ardennes pour la région parisienne. Samir, 29 ans, avait 5 ans à l’époque : «c’est-là, dit-il, que j’ai découvert, qu’il y avait des noirs et des arabes. Avant, sur les photos de classe, j’étais le seul brun». C’est à l’adolescence, que les enfants s’intéressent à leurs origines et à la culture algérienne. Farida, 35 ans, se rappelle avoir rejeté «une vision un peu restrictive de la femme», et avoir gardé «l’amour de la nature, l’ouverture, le respect des gens». Les enfants Sadi-Haddad découvrent aussi l’Algérie lors de vacances dans la famille. Karim, 37 ans, en garde un souvenir mitigé: «quand on arrivait là-bas, on était vraiment les émigrés, on se sentait étrangers. On avait des modes de vie et de pensée différents. Pour moi, c’est là-bas qu’on a dû faire un effort d’intégration, pas en France».

La double culture : c’est un «plus»

A la fin des années 80, toute la famille s’installe à Paris. Le père quitte la métallurgie, travaille comme chauffeur de taxi pendant 8 ans. Aujourd’hui, il tient avec son épouse un café restaurant dans le 10e arrondissement. Les enfants connaissent un parcours professionnel sans problème: Mélina est graphiste, Farida est assistante dans une association, Karim est technicien dans une radio communautaire et producteur de musique, Samir est éducateur dans une école maternelle.

Karim et Farida ont tous les deux choisis des conjoints, originaires comme eux d’Algérie. Mais ils affirment que seuls «l’amour» et «le destin», ont guidé leur choix. Tous disent n’avoir que rarement connu des problèmes de racisme ou de discrimination. Mais ils s’agacent un peu qu’on les interroge encore souvent sur leurs origines. «J’ai une collègue italienne», explique Farida, «à qui on ne demande jamais si elle se sent plutôt française ou plutôt italienne». Bref, le mot «intégration» sonne un peu aux oreilles de la famille Sadi-Haddad comme le rappel incessant d’une «différence», alors que Karim et Mélina préfèrent parler du «plus» que leur apporte leur double culture.



par Catherine  Potet

Article publié le 17/04/2002