Irak
«Une attaque contre l’Irak n’est pas justifiée»
Scott Ritter, ancien inspecteur de l’ONU en charge du désarmement de l’Irak, juge que la menace d’une attaque militaire américaine contre l’Irak correspond seulement à la volonté de Washington d’éliminer Saddam Hussein.
Depuis les attentats du 11 septembre et les menaces proférées contre l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord que le président Bush considère être «l’axe du mal», le spectre d’une attaque contre le régime de Saddam Hussein n’a cessé de se profiler. Et si la dégradation de la situation au Proche-Orient et l’opposition des pays arabes à une telle offensive, exprimée sans équivoque lors de leur dernier sommet à Beyrouth, ont amené les Américains à différer leur attaque, il semble clair qu’il s’agit, pour le moment d’un simple report et non d’une annulation. C’est dans ce contexte que Scott Ritter, un des anciens inspecteurs de l’ONU sur le désarmement, a tenu à affirmer qu’une offensive contre l’Irak était aujourd’hui totalement injustifiée.
Avant tout débat, l’homme tient à rappeler son parcours. Scott Ritter est citoyen américain et de surcroît «patriote». Pendant douze ans, il a été officier de renseignements au sein du corps des marines et c’est précisément sa maîtrise du dossier désarmement qui a été à l’origine de son affectation au sein de l’UNSCOM, la Commission spéciale des Nations unies chargée de contrôler le démantèlement des armes de destruction massive dont disposait l’Irak. Scott Ritter ajoute même qu’il est républicain et qu’il a voté pour George W. Bush lors des dernières élections.
Et pourtant l’homme s’insurge contre la politique étrangère de l’administration américaine concernant l’Irak. Selon lui, en effet, «il n’y a pas de menace irakienne et rien ne justifie aujourd’hui une nouvelle guerre». Et Scott Ritter sait de quoi il parle puisqu’il a effectué, entre 1991 et 1998, pas moins de quarante inspections en Irak dont quinze comme chef de mission. Malgré le peu de coopération du régime de Saddam Hussein, l’UNSCOM a fait selon lui un excellent travail. «Je peux affirmer que dès 1996, entre 90 et 95% de l’arsenal irakien était détruit», affirme-t-il en précisant que l’Irak est, et pour de nombreuses années, dans l’incapacité de reconstruire un quelconque programme d’armement nucléaire, chimique ou biologique.
Scott Ritter dénonce aujourd’hui ce qu’il appelle la «politique cachée des Etats-Unis». Si officiellement, explique-t-il, Washington a pour seule préoccupation le désarmement irakien et apporte dans ce contexte son total soutien à l’ONU, officieusement, son seul objectif est d’éliminer Saddam Hussein. «Sinon comment expliquer, affirme Scott Ritter, que malgré le démantèlement de l’arsenal irakien depuis 1996, l’ONU n’ait toujours pas levé les sanctions économiques votées contre Bagdad?». «Cela fait dix ans que Saddam Hussein est diabolisé par les médias américains, note l’expert américain. L’impact est tel aux Etats-Unis que l’administration Bush ne peut pas envisager autre chose que l’élimination du président irakien», affirme-t-il.
Un retour des experts de l’ONU est nécessaire
Alors que ni Washington ni Bagdad ne souhaitent vraiment un retour des inspecteurs de l’UNSCOM en Irak, Scott Ritter estime lui que leur travail sur place est nécessaire et devrait permettre d’éviter un nouveau conflit. Depuis l’annonce d’une probable offensive américaine, Bagdad a certes nuancé sa position et a même entamé des discussions avec l’ONU pour un éventuel retour de ses experts. Des discussions que l’Irak a brusquement décidé de repousser sine die pour ne pas «distraire l’attention de la situation au Proche-Orient». Si George W. Bush a lui, dans un premier temps, souhaité un retour des experts onusiens, il a très vite fait marche arrière devant la pression de l’aile conservatrice de son parti plus favorable à l’élimination de Saddam Hussein. Or cette élimination ne serait plus justifiée si l’UNSCOM venait à confirmer la destruction de l’arsenal irakien.
Une offensive contre l’Irak semble toutefois peu probable dans les semaines qui viennent. L’Arabie saoudite a ainsi fait savoir à maintes reprises qu’elle refusait que cette attaque soit menée à partir de son territoire. Ce qui a poussé les Américains à commencer, depuis l’automne dernier, à déplacer leurs forces vers le Qatar. Ce transfert risque de prendre plusieurs mois, ce qui a fait récemment dire au Britannique Tony Blair, grand allié de Georges Bush dans sa croisade contre Saddam Hussein, que «l’heure de l’action militaire n’avait pas encore sonné».
D’autre part, les Américains risquent d’avoir beaucoup de mal à justifier une offensive contre Bagdad alors qu’ils ont braqué contre eux tous les Etats arabes, y compris des pays modérés comme le Maroc, après l’échec de la tournée de Colin Powell et le refus de George Bush de nuancer son soutien à Israël.
Avant tout débat, l’homme tient à rappeler son parcours. Scott Ritter est citoyen américain et de surcroît «patriote». Pendant douze ans, il a été officier de renseignements au sein du corps des marines et c’est précisément sa maîtrise du dossier désarmement qui a été à l’origine de son affectation au sein de l’UNSCOM, la Commission spéciale des Nations unies chargée de contrôler le démantèlement des armes de destruction massive dont disposait l’Irak. Scott Ritter ajoute même qu’il est républicain et qu’il a voté pour George W. Bush lors des dernières élections.
Et pourtant l’homme s’insurge contre la politique étrangère de l’administration américaine concernant l’Irak. Selon lui, en effet, «il n’y a pas de menace irakienne et rien ne justifie aujourd’hui une nouvelle guerre». Et Scott Ritter sait de quoi il parle puisqu’il a effectué, entre 1991 et 1998, pas moins de quarante inspections en Irak dont quinze comme chef de mission. Malgré le peu de coopération du régime de Saddam Hussein, l’UNSCOM a fait selon lui un excellent travail. «Je peux affirmer que dès 1996, entre 90 et 95% de l’arsenal irakien était détruit», affirme-t-il en précisant que l’Irak est, et pour de nombreuses années, dans l’incapacité de reconstruire un quelconque programme d’armement nucléaire, chimique ou biologique.
Scott Ritter dénonce aujourd’hui ce qu’il appelle la «politique cachée des Etats-Unis». Si officiellement, explique-t-il, Washington a pour seule préoccupation le désarmement irakien et apporte dans ce contexte son total soutien à l’ONU, officieusement, son seul objectif est d’éliminer Saddam Hussein. «Sinon comment expliquer, affirme Scott Ritter, que malgré le démantèlement de l’arsenal irakien depuis 1996, l’ONU n’ait toujours pas levé les sanctions économiques votées contre Bagdad?». «Cela fait dix ans que Saddam Hussein est diabolisé par les médias américains, note l’expert américain. L’impact est tel aux Etats-Unis que l’administration Bush ne peut pas envisager autre chose que l’élimination du président irakien», affirme-t-il.
Un retour des experts de l’ONU est nécessaire
Alors que ni Washington ni Bagdad ne souhaitent vraiment un retour des inspecteurs de l’UNSCOM en Irak, Scott Ritter estime lui que leur travail sur place est nécessaire et devrait permettre d’éviter un nouveau conflit. Depuis l’annonce d’une probable offensive américaine, Bagdad a certes nuancé sa position et a même entamé des discussions avec l’ONU pour un éventuel retour de ses experts. Des discussions que l’Irak a brusquement décidé de repousser sine die pour ne pas «distraire l’attention de la situation au Proche-Orient». Si George W. Bush a lui, dans un premier temps, souhaité un retour des experts onusiens, il a très vite fait marche arrière devant la pression de l’aile conservatrice de son parti plus favorable à l’élimination de Saddam Hussein. Or cette élimination ne serait plus justifiée si l’UNSCOM venait à confirmer la destruction de l’arsenal irakien.
Une offensive contre l’Irak semble toutefois peu probable dans les semaines qui viennent. L’Arabie saoudite a ainsi fait savoir à maintes reprises qu’elle refusait que cette attaque soit menée à partir de son territoire. Ce qui a poussé les Américains à commencer, depuis l’automne dernier, à déplacer leurs forces vers le Qatar. Ce transfert risque de prendre plusieurs mois, ce qui a fait récemment dire au Britannique Tony Blair, grand allié de Georges Bush dans sa croisade contre Saddam Hussein, que «l’heure de l’action militaire n’avait pas encore sonné».
D’autre part, les Américains risquent d’avoir beaucoup de mal à justifier une offensive contre Bagdad alors qu’ils ont braqué contre eux tous les Etats arabes, y compris des pays modérés comme le Maroc, après l’échec de la tournée de Colin Powell et le refus de George Bush de nuancer son soutien à Israël.
par Mounia Daoudi
Article publié le 20/04/2002