Tunisie
La thèse de l’attentat évoquée par Tunis
L’enquête sur l’explosion d’un camion-citerne près de la synagogue de Ghriba, sur l’île de Djerba, avance à grands pas et les autorités tunisiennes semblent avoir renoncé à la thèse de l’accident pour privilégier un acte terroriste. Tunis vient en effet d’annoncer officiellement avoir identifié le chauffeur du camion et une personne a été interpellée lundi en Allemagne avant d’être relâchée mardi soir, «faute d’indices probants».
La pression de Berlin n’est sans doute pas étrangère au revirement des autorités tunisiennes. Et après l’annonce de l’interpellation, dans les environs de Duisbourg dans l’ouest de l’Allemagne, d’une personne soupçonnée d’avoir été en contact avec les responsables présumés de l’explosion, Tunis pouvait difficilement rester sur sa position. Cette personne, que les enquêteurs allemands soupçonnent d’appartenir au réseau al Qaïda, aurait ainsi été contactée par téléphone portable, quelques instants avant le drame, par le chauffeur du camion ou son probable complice. Aucune précision n’a toutefois été fournie sur son identité ou sa nationalité. Le parquet de Karlsruhe a cependant annoncé mardi soir qu’il avait ordonné que cette personne soit relâchée «faute d’indices probants».
Les témoignages de plusieurs touristes présents aux abords de la synagogue peu avant l’explosion, tout comme la configuration des lieux avaient rapidement jeté le doute sur la version officielle selon laquelle le camion aurait «dérapé» avant d’aller s’encastrer dans un des murs d’enceinte de la Ghriba. Ainsi Helmut Eckert, un ingénieur berlinois en vacance à Djerba, a affirmé que le «camion s’était garé directement devant l’entrée de la synagogue». Ce touriste, qui ne croit pas à la thèse de l’accident, affirme également qu’un «homme - sans doute le complice - est sorti par l’arrière et a fermé les portes avant de se diriger rapidement vers les maisons». Son témoignage a été confirmé par deux Françaises qui ont perdu un membre de leur famille et qui soulignent que «le camion n’était pas sur le trottoir, près du mur ou dans le mur, comme c’est le cas lors d’une perte de contrôle. Il était garé, c’est tout». Beaucoup se demandent également pourquoi un camion-citerne a été autorisé à se garer si près d’un lieu sensible, soumis théoriquement à des contrôles.
Un suspect identifié
Les autorité tunisiennes ont de leur côté officiellement annoncé mardi après-midi avoir identifié le chauffeur du camion, dont le corps carbonisé aurait été découvert à quelques mètres des restes de son véhicule. Il aurait habité avec sa famille la ville de Lyon, dans le sud-est de la France. Mais ici encore, ni son identité, ni sa nationalité n’ont été divulguées. La police lyonnaise a toutefois affirmé qu’il était «inconnu de ses services». Tunis, pour la première fois, s’est par ailleurs avancée à parler de suspect, validant ainsi, de fait, la thèse de l’attentat. Si cette thèse avait très vite été évoquée par l’Allemagne, pays le plus durement frappé avec dix morts et cinq personnes dans un état critique, il aura fallu attendre cinq jours pour que les autorités tunisiennes admettent que l’explosion du camion-citerne, n’était peut-être pas un «accident ordinaire», même si elles s’étaient déjà empressées de renforcer la sécurité autour des lieux de culte juifs. Ainsi la synagogue de la Marsa, dans la banlieue de la capitale, qui n’étaient pourtant, depuis des années, qu’un bâtiment désaffecté, est depuis plusieurs jours étroitement surveillée.
Le quotidien arabe Al-Qods Al-Arabi a par ailleurs publié mardi un communiqué qu’il affirme être une revendication du réseau al Qaïda d’Oussama Ben Laden. Selon ce communiqué, qui révèle le nom de l’auteur présumé de l’explosion, un certain Nizar Ben Mohamed Nawar, alias Saif Eddine Al-Tounsi, «cette opération suicide est la réponse aux crimes israéliens contre le peuple palestinien en Cisjordanie et à Gaza». Les autorités tunisiennes ont toutefois refusé de prendre au sérieux cette information, car, selon elles, «la publication tardive du communiqué – quatre jours après l’explosion – et l’impossibilité d’authentifier son origine jettent un doute sur sa crédibilité». En outre, aucun attentat attribué à al Qaïda n’a jamais été explicitement revendiqué par l’organisation terroriste.
Les témoignages de plusieurs touristes présents aux abords de la synagogue peu avant l’explosion, tout comme la configuration des lieux avaient rapidement jeté le doute sur la version officielle selon laquelle le camion aurait «dérapé» avant d’aller s’encastrer dans un des murs d’enceinte de la Ghriba. Ainsi Helmut Eckert, un ingénieur berlinois en vacance à Djerba, a affirmé que le «camion s’était garé directement devant l’entrée de la synagogue». Ce touriste, qui ne croit pas à la thèse de l’accident, affirme également qu’un «homme - sans doute le complice - est sorti par l’arrière et a fermé les portes avant de se diriger rapidement vers les maisons». Son témoignage a été confirmé par deux Françaises qui ont perdu un membre de leur famille et qui soulignent que «le camion n’était pas sur le trottoir, près du mur ou dans le mur, comme c’est le cas lors d’une perte de contrôle. Il était garé, c’est tout». Beaucoup se demandent également pourquoi un camion-citerne a été autorisé à se garer si près d’un lieu sensible, soumis théoriquement à des contrôles.
Un suspect identifié
Les autorité tunisiennes ont de leur côté officiellement annoncé mardi après-midi avoir identifié le chauffeur du camion, dont le corps carbonisé aurait été découvert à quelques mètres des restes de son véhicule. Il aurait habité avec sa famille la ville de Lyon, dans le sud-est de la France. Mais ici encore, ni son identité, ni sa nationalité n’ont été divulguées. La police lyonnaise a toutefois affirmé qu’il était «inconnu de ses services». Tunis, pour la première fois, s’est par ailleurs avancée à parler de suspect, validant ainsi, de fait, la thèse de l’attentat. Si cette thèse avait très vite été évoquée par l’Allemagne, pays le plus durement frappé avec dix morts et cinq personnes dans un état critique, il aura fallu attendre cinq jours pour que les autorités tunisiennes admettent que l’explosion du camion-citerne, n’était peut-être pas un «accident ordinaire», même si elles s’étaient déjà empressées de renforcer la sécurité autour des lieux de culte juifs. Ainsi la synagogue de la Marsa, dans la banlieue de la capitale, qui n’étaient pourtant, depuis des années, qu’un bâtiment désaffecté, est depuis plusieurs jours étroitement surveillée.
Le quotidien arabe Al-Qods Al-Arabi a par ailleurs publié mardi un communiqué qu’il affirme être une revendication du réseau al Qaïda d’Oussama Ben Laden. Selon ce communiqué, qui révèle le nom de l’auteur présumé de l’explosion, un certain Nizar Ben Mohamed Nawar, alias Saif Eddine Al-Tounsi, «cette opération suicide est la réponse aux crimes israéliens contre le peuple palestinien en Cisjordanie et à Gaza». Les autorités tunisiennes ont toutefois refusé de prendre au sérieux cette information, car, selon elles, «la publication tardive du communiqué – quatre jours après l’explosion – et l’impossibilité d’authentifier son origine jettent un doute sur sa crédibilité». En outre, aucun attentat attribué à al Qaïda n’a jamais été explicitement revendiqué par l’organisation terroriste.
par Mounia Daoudi
Article publié le 16/04/2002