Italie
Une grève générale sans lendemain ?
L’Italie est restée bloquée huit heures durant, mercredi 16 avril, par une grève générale - la première depuis 20 ans - convoquée par les trois principaux syndicats pour protester contre la politique sociale de Silvio Berlusconi.
Treize millions de grévistes et deux à trois millions de manifestants dans presque toutes les villes de la péninsule. Comme prévu, la grève générale du 16 avril 2002 a paralysé l’Italie. «La protestation contre la réforme de l’article 18 du statut des travailleurs (qui permet la réintégration d’un salarié abusivement licencié) a été un succès», ont écrit presque tous les quotidiens italiens. Et, pour la première fois depuis de nombreuses années, les trois principales centrales syndicales (CGIL, CISL et UIL) ont manifesté ensemble. Ont-elles pour autant été entendues ?
Silvio Berlusconi a déclaré au soir d’une journée si particulière que son gouvernement ne changera pas de politique, qu’il poursuivra les réformes entamées, même si elles sont décriées par les syndicats, tout en proposant à ceux-ci la réouverture du dialogue social. Ce qui pourrait signifier que les deux parties tenteront de trouver, une fois de plus, le compromis indispensable au lendemain d’une démonstration de force qui souligne le poids des syndicats - à commencer par la CGIL de Sergio Cofferati, soit plus de quatre millions d’adhérents.
«95% de l’audiovisuel est contrôlé par Berlusconi»
Mais cette journée peu banale n’a pas été non plus une Bérézina pour Berlusconi, contrairement à ce qu’espéraient certains leaders de gauche. Le président du conseil italien se voit certes contesté par la moitié des travailleurs de la péninsule (22 millions en tout) mais s’en sort une fois de plus en mettant en avant son envie de moderniser l’Italie, de «faire marcher» le monde du travail. Alors qu’en face les syndicalistes en sont toujours, à ses yeux, aux années 70 ou 80, au «vieux syndicalisme», au «conservatisme». D’ailleurs, Berlusconi ne se prive jamais de rappeler que plus de la moitié des membres de la CGIL sont en réalité des retraités ; ce qui lui permet d’apparaître comme le candidat des jeunes, des travailleurs indépendants, des petits et grands entrepreneurs qui rêvent, comme lui, d’échapper autant que possible aux contraintes sociales des lois et surtout à celles du fisc.
De plus, contrairement à ce qui s’était passé lors de la manifestation extraordinaire du 24 mars dernier, Silvio Berlusconi remporte cette fois-ci une autre bataille : celle de la couverture médiatique. Par solidarité avec le monde du travail tous les médias, et surtout toutes les télévisions (y compris celles de son groupe) ont fait grève. Ce qui a privé les Italiens des retransmissions en direct des manifestations et réduit à cinq minutes les rares journaux télévisés. Autant dire que l’impact des images n’est nullement comparable à celui du 24 mars. Et ce d’autant plus que le premier ministre italien en a profité pour faire passer une autre pilule. Médiatique elle aussi.
Vers onze heures du soir, c’est-à-dire au moment où il n’y pratiquement plus de journaux sur les chaînes de télévision et les quotidiens sont presque bouclés, est tombée l’annonce des nominations à la tête de la RAI, la télévision publique. Une annonce retardée à plusieurs reprises à cause de la volonté manifeste de chaque composantes de la majorité d’être représentée à la tête d’une des chaînes. Finalement, comme prévu, la coalition de Berlusconi a fait main basse sur RAI-Uno et RAI-Due (les deux chaînes principales), mais aussi sur toutes les stations régionales de RAI-Tre, l’opposition de centre-gauche ne gardant que la direction de la partie nationale de celle-ci.
Ainsi, moins d’un an après sa victoire de mai dernier, Silvio Berlusconi, déjà propriétaire du groupe privé Mediaset (et notamment de trois chaînes nationales) peut compter sur la bienveillance de 95% de l’audiovisuel italien. C’est du moins ce que pensent les deux membres (sur cinq) du conseil d’administration de la RAI classés au centre-gauche. « Les ingérences externes (de la part des partis) ont été très fortes. Il aurait mieux valu que les partis nous aient dit : on a gagné, donc on prend tout. Nous avons dû entériner un accord intervenu en dehors de la RAI », a dit l’un d’eux.
Silvio Berlusconi a déclaré au soir d’une journée si particulière que son gouvernement ne changera pas de politique, qu’il poursuivra les réformes entamées, même si elles sont décriées par les syndicats, tout en proposant à ceux-ci la réouverture du dialogue social. Ce qui pourrait signifier que les deux parties tenteront de trouver, une fois de plus, le compromis indispensable au lendemain d’une démonstration de force qui souligne le poids des syndicats - à commencer par la CGIL de Sergio Cofferati, soit plus de quatre millions d’adhérents.
«95% de l’audiovisuel est contrôlé par Berlusconi»
Mais cette journée peu banale n’a pas été non plus une Bérézina pour Berlusconi, contrairement à ce qu’espéraient certains leaders de gauche. Le président du conseil italien se voit certes contesté par la moitié des travailleurs de la péninsule (22 millions en tout) mais s’en sort une fois de plus en mettant en avant son envie de moderniser l’Italie, de «faire marcher» le monde du travail. Alors qu’en face les syndicalistes en sont toujours, à ses yeux, aux années 70 ou 80, au «vieux syndicalisme», au «conservatisme». D’ailleurs, Berlusconi ne se prive jamais de rappeler que plus de la moitié des membres de la CGIL sont en réalité des retraités ; ce qui lui permet d’apparaître comme le candidat des jeunes, des travailleurs indépendants, des petits et grands entrepreneurs qui rêvent, comme lui, d’échapper autant que possible aux contraintes sociales des lois et surtout à celles du fisc.
De plus, contrairement à ce qui s’était passé lors de la manifestation extraordinaire du 24 mars dernier, Silvio Berlusconi remporte cette fois-ci une autre bataille : celle de la couverture médiatique. Par solidarité avec le monde du travail tous les médias, et surtout toutes les télévisions (y compris celles de son groupe) ont fait grève. Ce qui a privé les Italiens des retransmissions en direct des manifestations et réduit à cinq minutes les rares journaux télévisés. Autant dire que l’impact des images n’est nullement comparable à celui du 24 mars. Et ce d’autant plus que le premier ministre italien en a profité pour faire passer une autre pilule. Médiatique elle aussi.
Vers onze heures du soir, c’est-à-dire au moment où il n’y pratiquement plus de journaux sur les chaînes de télévision et les quotidiens sont presque bouclés, est tombée l’annonce des nominations à la tête de la RAI, la télévision publique. Une annonce retardée à plusieurs reprises à cause de la volonté manifeste de chaque composantes de la majorité d’être représentée à la tête d’une des chaînes. Finalement, comme prévu, la coalition de Berlusconi a fait main basse sur RAI-Uno et RAI-Due (les deux chaînes principales), mais aussi sur toutes les stations régionales de RAI-Tre, l’opposition de centre-gauche ne gardant que la direction de la partie nationale de celle-ci.
Ainsi, moins d’un an après sa victoire de mai dernier, Silvio Berlusconi, déjà propriétaire du groupe privé Mediaset (et notamment de trois chaînes nationales) peut compter sur la bienveillance de 95% de l’audiovisuel italien. C’est du moins ce que pensent les deux membres (sur cinq) du conseil d’administration de la RAI classés au centre-gauche. « Les ingérences externes (de la part des partis) ont été très fortes. Il aurait mieux valu que les partis nous aient dit : on a gagné, donc on prend tout. Nous avons dû entériner un accord intervenu en dehors de la RAI », a dit l’un d’eux.
par Elio Comarin
Article publié le 17/04/2002