Médias
Dépôt de bilan pour KirchMedia
C'est le dépot de bilan pour KirchMedia, le joyau de l'empire du Bavarois Léo Kirch. Même ses alliés les plus fidèles n'ont pu le sauver. Récit d'un naufrage.
C'est par un tour de passe-passe financier que les actionnaires allemands vont sauver le groupe de média du Bavarois Léo Kirch. Le dépôt de bilan de KirchMedia, la branche la plus rentable de KirchGruppe, tombe aux mains des banques allemandes qui ont longtemps permis au bavarois Leo Kirch de construire son empire audiovisuel.
Un administrateur judiciaire va être nommé et surtout, le groupe ne doit plus dans un premier temps honorer les remboursements de ses quelques 6,5 milliards d'euros de dettes. De même, Kirch n'est plus obligé de racheter la participation du magnat australien des médias, Rupert Murdoch, dans la télévision à péage déficitaire, Première. Les plus beaux actifs de Kirch sont désormais aux mains des banques mais rien n'est réglé pour la filiale qui contrôle Première dont la mise en liquidation parait inéluctable.
La chaîne à péage est un échec public et un gouffre financier. Catholique pratiquant, le strict Bavarois Kirch a tenté de ratisser large en programmant des films pornos. Rien n'y fait, les pertes se sont accumulées, 3 à 4 000 salariés sur les dix mille que compte le groupe pourraient être mis au chômage.
Un sauvetage à l'allemande
Reste à écarter de l'héritage la menace incarnée Murdoch et le premier ministre italien et patron de Fininvest, Silvio Berlusconi, l'autre actionnaire minoritaire du groupe. Pour réussir un sauvetage à l'allemande, le patron conservateur du Land de Bavière Edmund Stoiber a pesé de tout son poids.
Si elles refusent de nouveaux prêts, les quatre principales banques allemandes du groupe accepteraient de convertir leur créances en participations dans une holding qui va prendre le controle du groupe. L'autre magnat allemand des media Axel Springer serait disposé lui aussi à convertir une dette de Kirch en participation. Cette nouvelle société devrait gérer les chaînes de télévision en clair et surtout la fabuleuse filmothèque de Kirch.
Il y a quarante-cinq ans, Léo Kirch obtient les droits d'un long métrage d'un obscur cinéaste italien. C'était La Strada de Federico Fellini. Restés secrets, les bénéfices vont lui permettre de devenir le premier fournisseur de film de la télévision allemande. Pendant trente ans l'entreprise familiale ne publie aucun chiffre. Politiquement proche de la CSU bavaroise de Frantz-Joseph Strauss et d'Helmut Kohl, la famille Kirch contrôle le groupe avec l'appui de la finance allemande. Sa filmothèque est gigantesque, 20 000 films et 60 000 heures de programmes.
C'est ainsi que Léo Kirch est devenu le numéro 2 des médias allemands. Atteint de cécité partielle, Citizen Kirch aurait-il eu un défaut de vision en achetant à prix d'or les droits de retransmission télévisés de la formule un et de la coupe du monde ? Les acheteurs renâclent. Les dettes s'accumulent. Mais persuadé de la bonne affaire, Léo Kirch a mis à l'abri des créanciers ces droits en Suisse. Deux entreprises du coup indépendantes, saines et qui ont réglé rubis sur l'ongle les 819 millions d'euros à la Fédération internationale de football.
Quant aux droits de retransmission de la Bundesliga, l'affaire est loin d'être réglée. Mis à part les grands clubs qui pourront payer les salaires de leurs joueurs, tous les autres clubs ont besoin des 353 millions d'euros déversés chaque année. Au cas où, les Länder, les États fédérés allemands ont promis de mettre la main à la poche mais combien de temps le pourront-ils ?
Aux abois depuis des mois, Léo Kirch a du renoncer à l'entrée en bourse de son groupe. Un groupe dont sa famille contrôlait jusque là encore 79 %. Mais l'entrée en lice des banques devrait éloigner le chef de clan. Pour Citizen Kirch, c'est le générique de fin.
Un administrateur judiciaire va être nommé et surtout, le groupe ne doit plus dans un premier temps honorer les remboursements de ses quelques 6,5 milliards d'euros de dettes. De même, Kirch n'est plus obligé de racheter la participation du magnat australien des médias, Rupert Murdoch, dans la télévision à péage déficitaire, Première. Les plus beaux actifs de Kirch sont désormais aux mains des banques mais rien n'est réglé pour la filiale qui contrôle Première dont la mise en liquidation parait inéluctable.
La chaîne à péage est un échec public et un gouffre financier. Catholique pratiquant, le strict Bavarois Kirch a tenté de ratisser large en programmant des films pornos. Rien n'y fait, les pertes se sont accumulées, 3 à 4 000 salariés sur les dix mille que compte le groupe pourraient être mis au chômage.
Un sauvetage à l'allemande
Reste à écarter de l'héritage la menace incarnée Murdoch et le premier ministre italien et patron de Fininvest, Silvio Berlusconi, l'autre actionnaire minoritaire du groupe. Pour réussir un sauvetage à l'allemande, le patron conservateur du Land de Bavière Edmund Stoiber a pesé de tout son poids.
Si elles refusent de nouveaux prêts, les quatre principales banques allemandes du groupe accepteraient de convertir leur créances en participations dans une holding qui va prendre le controle du groupe. L'autre magnat allemand des media Axel Springer serait disposé lui aussi à convertir une dette de Kirch en participation. Cette nouvelle société devrait gérer les chaînes de télévision en clair et surtout la fabuleuse filmothèque de Kirch.
Il y a quarante-cinq ans, Léo Kirch obtient les droits d'un long métrage d'un obscur cinéaste italien. C'était La Strada de Federico Fellini. Restés secrets, les bénéfices vont lui permettre de devenir le premier fournisseur de film de la télévision allemande. Pendant trente ans l'entreprise familiale ne publie aucun chiffre. Politiquement proche de la CSU bavaroise de Frantz-Joseph Strauss et d'Helmut Kohl, la famille Kirch contrôle le groupe avec l'appui de la finance allemande. Sa filmothèque est gigantesque, 20 000 films et 60 000 heures de programmes.
C'est ainsi que Léo Kirch est devenu le numéro 2 des médias allemands. Atteint de cécité partielle, Citizen Kirch aurait-il eu un défaut de vision en achetant à prix d'or les droits de retransmission télévisés de la formule un et de la coupe du monde ? Les acheteurs renâclent. Les dettes s'accumulent. Mais persuadé de la bonne affaire, Léo Kirch a mis à l'abri des créanciers ces droits en Suisse. Deux entreprises du coup indépendantes, saines et qui ont réglé rubis sur l'ongle les 819 millions d'euros à la Fédération internationale de football.
Quant aux droits de retransmission de la Bundesliga, l'affaire est loin d'être réglée. Mis à part les grands clubs qui pourront payer les salaires de leurs joueurs, tous les autres clubs ont besoin des 353 millions d'euros déversés chaque année. Au cas où, les Länder, les États fédérés allemands ont promis de mettre la main à la poche mais combien de temps le pourront-ils ?
Aux abois depuis des mois, Léo Kirch a du renoncer à l'entrée en bourse de son groupe. Un groupe dont sa famille contrôlait jusque là encore 79 %. Mais l'entrée en lice des banques devrait éloigner le chef de clan. Pour Citizen Kirch, c'est le générique de fin.
par Elio Comarin
Article publié le 08/04/2002