Madagascar
L’île éclatée
La proclamation des résultats de l’élection présidentielle de décembre 2001 crée beaucoup plus de difficultés qu’elle n’en résout. Une, deux, trois et maintenant cinq provinces sur six proclament leur indépendance. Les gouverneurs des régions, tous pro-Ratsiraka, espèrent par ce geste faire plier Marc Ravalomanana qu’ils accusent de manipuler la Haute cour constitutionnelle.
Marc Ravalomanana a renoncé à sa cérémonie d’investiture du 3 mai, en signe de bonnes dispositions pour un prochain dialogue, comme lui avait suggéré Amara Essy, le secrétaire général de l’OUA. En effet l’organisation panafricaine qui tente de trouver une issue favorable pour toutes les parties, s’implique davantage dans le conflit malgache. Mais par son envie de donner satisfaction à toutes les parties, les négociateurs africains sont amenés à faire des concessions sur le sens à donner à certains passages de l’Accord de Dakar. Le camp Ravalomanana revendique la stricte application de l’accord, alors que celui de Ratsiraka réclame une lecture plus souple qui suggère sans le dire une période transitoire, qui conduirait à un référendum.
Autrement dit, l’OUA souhaitait une sortie «honorable» pour le président Ratsiraka. Elle rejoint ainsi les propositions du député Alpha Condé, opposant et président du Rassemblement du peuple de Guinée, qui soutenait sur notre site, lors d’un «chat», qu’il «fallait assurer aux anciens dictateurs une retraite sans poursuites judiciaires pour les convaincre d’abandonner le pouvoir». «Mais alors il faut que les choses soient clairement dites» déclare Louise-odette Rahaingosoa, député de la province de Mahajanga et du Groupe des indépendants de passage à Paris. Elle accuse l’OUA et l’Organisation de la Francophonie «qui ont vraiment du mal à condamner un pouvoir sortant en Afrique».
Une mission de l’OUA est arrivée ce jour Toamasina, fief du président sortant Ratsiraka pour tenter de régler la crise malgache. Cette délégation conduite par Saïd Djinnit, secrétaire général adjoint de l’OUA, chargé des affaires politiques, est composée des ministres des Affaires étrangères, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Mozambique et du Gabon. Une des premières tâches de cette mission sera de convaincre Didier Ratsiraka d’obliger ses supporters de revenir sur leur décision de sécession et de proclamation d’indépendance.
La coalition contre Ravalomanana
La province d’Antananarivo reste la seule et unique province restée fidèle à Marc Ravalomanana. Mais dans le camp du président élu, on minimise la portée de ces actes. Les gouverneurs nommés par l’ancien régime «ont prononcé unilatéralement l’indépendance des provinces qu’ils dirigent alors que la majorité des populations ont souvent pour Ravalomanana. Cette situation est de nature à créer des conflits et opposer des Malgaches entre eux» constate la députée Louise-odette Rahaingosoa. Le président Marc Ravalomanana juge «inacceptable» ces déclarations de sécession et se réserve le droit de réagir en fonction de ses nouvelles prérogatives de chef de l’Etat. Il multiplie les rencontres avec les officiers de l’armée, les hauts fonctionnaires et les chefs de partis politiques, mais attend de discuter avec la délégation de l’OUA avant d’annoncer des mesures pour un retour à «la légalité à Madagascar».
Selon la constitution adoptée en 1998, les six provinces malgaches ont acquis un statut de collectivités territoriales décentralisées, dotées d’une autonomie administrative. Elles ont des organes propres pour des pouvoirs exécutif et législatifs. Elles gèrent librement aussi librement leur budget ce qui leur confère une autonomie financière. Ceci explique pourquoi toutes ces provinces ont pu annoncer leur sécession. Même si leurs économies sont inter dépendantes, elles ont toutes les armes pour assurer une nouvelle forme de coexistence au sein d’un nouvel ensemble. Toutes les provinces, sauf Antananarivo, ont une façade maritime favorisant le commerce avec l’étranger.
Antananarivo est une province enclavée qui dépend en produits manufacturés et en approvisionnement en carburant, du grand port du pays, Toamasina. Par le port de Manakara, au sud-est, dans la province de Fianarantsao, Antananarivo pouvait encore éviter son isolement. Mais le ralliement général des gouverneurs dans une coalition anti-Ravalomanana contraint Antananarivo à n’avoir que l’aéroport de la capitale comme seule ouverture sur le monde extérieur. Par ailleurs, pour rendre «l’indépendance» de leurs provinces viable, les gouverneurs des cinq provinces ont annoncé la constitution d’une assemblée constituante qui travaillerait déjà à la rédaction d’une nouvelle constitution pour un nouvel Etat: la Confédération des Etats indépendants, ou autonomes. Rien est n’est encore bien précis. Pour de nombreux observateurs l’annonce de la création de cette nouvelle entité est une réaction de protestation et de soutien à un homme qui pourrait avoir «des conséquences graves pour le pays, Madagascar».
Autrement dit, l’OUA souhaitait une sortie «honorable» pour le président Ratsiraka. Elle rejoint ainsi les propositions du député Alpha Condé, opposant et président du Rassemblement du peuple de Guinée, qui soutenait sur notre site, lors d’un «chat», qu’il «fallait assurer aux anciens dictateurs une retraite sans poursuites judiciaires pour les convaincre d’abandonner le pouvoir». «Mais alors il faut que les choses soient clairement dites» déclare Louise-odette Rahaingosoa, député de la province de Mahajanga et du Groupe des indépendants de passage à Paris. Elle accuse l’OUA et l’Organisation de la Francophonie «qui ont vraiment du mal à condamner un pouvoir sortant en Afrique».
Une mission de l’OUA est arrivée ce jour Toamasina, fief du président sortant Ratsiraka pour tenter de régler la crise malgache. Cette délégation conduite par Saïd Djinnit, secrétaire général adjoint de l’OUA, chargé des affaires politiques, est composée des ministres des Affaires étrangères, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Mozambique et du Gabon. Une des premières tâches de cette mission sera de convaincre Didier Ratsiraka d’obliger ses supporters de revenir sur leur décision de sécession et de proclamation d’indépendance.
La coalition contre Ravalomanana
La province d’Antananarivo reste la seule et unique province restée fidèle à Marc Ravalomanana. Mais dans le camp du président élu, on minimise la portée de ces actes. Les gouverneurs nommés par l’ancien régime «ont prononcé unilatéralement l’indépendance des provinces qu’ils dirigent alors que la majorité des populations ont souvent pour Ravalomanana. Cette situation est de nature à créer des conflits et opposer des Malgaches entre eux» constate la députée Louise-odette Rahaingosoa. Le président Marc Ravalomanana juge «inacceptable» ces déclarations de sécession et se réserve le droit de réagir en fonction de ses nouvelles prérogatives de chef de l’Etat. Il multiplie les rencontres avec les officiers de l’armée, les hauts fonctionnaires et les chefs de partis politiques, mais attend de discuter avec la délégation de l’OUA avant d’annoncer des mesures pour un retour à «la légalité à Madagascar».
Selon la constitution adoptée en 1998, les six provinces malgaches ont acquis un statut de collectivités territoriales décentralisées, dotées d’une autonomie administrative. Elles ont des organes propres pour des pouvoirs exécutif et législatifs. Elles gèrent librement aussi librement leur budget ce qui leur confère une autonomie financière. Ceci explique pourquoi toutes ces provinces ont pu annoncer leur sécession. Même si leurs économies sont inter dépendantes, elles ont toutes les armes pour assurer une nouvelle forme de coexistence au sein d’un nouvel ensemble. Toutes les provinces, sauf Antananarivo, ont une façade maritime favorisant le commerce avec l’étranger.
Antananarivo est une province enclavée qui dépend en produits manufacturés et en approvisionnement en carburant, du grand port du pays, Toamasina. Par le port de Manakara, au sud-est, dans la province de Fianarantsao, Antananarivo pouvait encore éviter son isolement. Mais le ralliement général des gouverneurs dans une coalition anti-Ravalomanana contraint Antananarivo à n’avoir que l’aéroport de la capitale comme seule ouverture sur le monde extérieur. Par ailleurs, pour rendre «l’indépendance» de leurs provinces viable, les gouverneurs des cinq provinces ont annoncé la constitution d’une assemblée constituante qui travaillerait déjà à la rédaction d’une nouvelle constitution pour un nouvel Etat: la Confédération des Etats indépendants, ou autonomes. Rien est n’est encore bien précis. Pour de nombreux observateurs l’annonce de la création de cette nouvelle entité est une réaction de protestation et de soutien à un homme qui pourrait avoir «des conséquences graves pour le pays, Madagascar».
par Didier Samson
Article publié le 02/05/2002