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Madagascar

L’impasse

Marc Ravalomamana a été officiellement investi, le lundi 6 mai, président de la république malgache. La cérémonie s’est déroulée dans le stade d’Antananarivo devant plus de 100 000 personnes et en présence de plusieurs délégations internationales. Mais le pays est plus que jamais divisé.
Marc Ravalomanana a prêté serment devant le doyen de la Haute cour constitutionnelle et devient donc officiellement président de la République. Son gouvernement était au grand complet à la tribune officielle aux côtés des représentants des corps constitués. Plusieurs dizaines de généraux représentaient l’armée qui se prononce de plus en plus pour la légalité. C’est-à-dire en faveur du président officiellement investi dans ses fonctions par la plus haute juridiction du pays. De nombreux hauts fonctionnaires assistaient également à la cérémonie, en apportant de ce fait leur caution à la continuité de la République «unie» sous l’autorité du président Ravalomanana.

Mais la reconnaissance internationale semble avoir plus de valeur aujourd’hui que les alliances ou ralliements que se disputent Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka. Le camp du président élu et investi a clairement fait le choix de prendre à témoin la communauté internationale face à la division prônée par la partie adverse. Des querelles fratricides qui embarrassent les représentants des organisations internationales présentes à Antananarivo. Conscients qui marchent sur des œufs, ils prennent beaucoup de précautions avant de poser un acte qui sera forcément interprété comme une prise de position. Les délégations de la communauté internationale, présentes à l’investiture, ont tout de même veillé à donner une importance relative à leur présence dans le stade d’Antananarivo.

Observer sans se prononcer

La France, l’Union européenne et les Etats-Unis, les principaux bailleurs de fonds de Madagascar étaient représentés, lors de l’investiture de Marc Ravalomanana, non pas par leurs ambassadeurs, mais par les numéros deux des délégations diplomatiques. La Suisse et de nombreux autres pays ont adopté la même attitude, ainsi que la Banque mondiale et les institutions internationales accréditées à Madagascar. En langage diplomatique cette attitude de la communauté internationale à valeur de «oui mais !». «On vous suit sans vous apporter notre caution entière et totale» laisse-t-elle entendre par ce geste, depuis que le président Wade du Sénégal a annoncé la tenue d’une nouvelle rencontre à Dakar entre Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka les 13 et 14 mai.

La délégation de l’OUA qui voulait renouer les fils du dialogue entre les frères ennemis de Madagascar a avoué l’échec de sa mission, tout en demandant aux différentes parties de faire de preuve des responsabilité en respectant les termes de l’Accord de Dakar. Seulement, les protagonistes malgaches, signataires dudit accord l’invoquent à tour de rôle pour justifier leur comportement. Chacun parle également de «l’esprit de l’Accord» que l’autre partie bafoue. Dans ce contexte de blocage qui encourage les velléités de sécession, le président Wade a chargé son ministre des Affaires étrangères, Gadio Cheikh Tidiane de négocier un nouveau tête-à-tête entre Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka.

En attendant Dakar 2, chaque partie campe sur ses positions. Dans le camp du président sortant, on continue de brandir le spectre de la sécession. Les gouverneurs de province, fidèles de Ratsiraka, réfléchissent toujours à la constitution d’une «Confédération» dont la capitale serait Toamasina, fief de Didier Ratsiraka. Le blocus de la capitale et de la province Antananarivo est toujours maintenu. Un cinquième pont qui dessert la capitale aurait été dynamité le 4 mai, rendant l’approvisionnement d’Antananarivo de plus en plus difficile par les voies terrestres. Quant au président Ravalomanana, il attendait son investiture pour s’atteler «à la restauration de l’autorité de l’Etat, à l’intégrité territoriale et à la défense de l’unité nationale». Ce sont là les priorités du nouveau président.



par Didier  Samson

Article publié le 06/05/2002