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Aux origines de l'affrontement américano-cubain

De l’échec de l’opération de la Baie des Cochons à la crise des fusées de Cuba, c’est au début des années 1960 que s’est noué l’affrontement qui oppose les Etats-Unis au régime de Fidel Castro.
C’est en 1959 que Fidel Castro arrive au pouvoir à Cuba. Dès son entrée en fonction, il montre sa volonté de se libérer de l’emprise des Etats-Unis. En 1960, il s’approprie tous les investissements américains. Date à laquelle le président Eisenhower décrète un embargo total contre Cuba. C’est alors que Castro se rapproche de l’URSS et le gouvernement américain cherche un moyen de se débarrasser du lider maximo.

La CIA élabore un plan d’attaque. Objectif : entraîner une milice d’exilés anti-castristes qui pourront envahir Cuba et se joindre à des contre-révolutionnaires déjà sur place afin de renverser Castro. En avril 1961, Kennedy met à exécution ce plan, mais le débarquement de la Baie des Cochons est un échec. De cette opération, découle, un an après, en 1962, la crise des missiles : on assiste alors à l’affrontement direct entre l’URSS et les Etats-Unis.

Quelles sont les origines de l’affaire? Dès 1901, les Etats-Unis établissent leur domination sur Cuba. Ils ratifient l’amendement Platt, qui interdit à Cuba d’entrer dans une alliance ou de signer un accord avec des puissances étrangères qui pourraient menacer son indépendance. Les Américains vont même plus loin en prenant le contrôle de presque toute l’économie de leurs voisins du Sud.

Cette situation change en 1959, avec l’arrivée au pouvoir à Cuba de Fidel Castro. Celui-ci et ses guérilleros s’emparent du pouvoir des mains du dictateur Batista, le 1er janvier 1959. Les Etats-Unis et leur président, Eisenhower, reconnaissent alors le gouvernement révolutionnaire de Castro. Cependant, les relations commencent à se détériorer, alors que Castro, au cours de la même année, exprime sa volonté de se libérer de l’influence et du contrôle de son voisin américain.

Paradoxalement, Castro se rend à Washington et s’entretient alors avec le vice-président américain Nixon, afin d’apaiser les Américains et de leur exprimer sa bonne volonté. L’effet escompté n’est pas obtenu, car Nixon rédigera alors un mémorandum recommandant l’entraînement d’une milice d’exilés anti-castristes.

Castro instaure dans l’île toutes sortes de réformes. C’est ainsi que le 17mai 1959, les Etats-Unis perdent le contrôle du service public du téléphone et se voient retirer 1,2 millions d’hectares arables dans le cadre de la réforme agraire. Eisenhower exige des compensations financières, mais Cuba est incapable de les payer. Le président prend conscience du danger que représente Castro pour les intérêts américains et autorise, le 17mai 1960, l’entraînement de commandos d’exilés anti-castristes, afin de chasser le dictateur cubain.

Le fossé s’élargit de plus en plus en les deux pays. Au début de 1960, les Etats-Unis refusent de renouveler le Sugar Act qui prévoit l’achat annuel de 3 millions de tonnes de sucre au double du prix du marché, et proclame l’embargo sur tous les produits d’exportation et d’importation cubaines. Le 3 janvier 1961, c’est la rupture de toutes les relations diplomatiques et consulaires entre Washington et la Havane. L’embargo fait doublement souffrir Cuba puisque la quasi -totalité de ses importations et de ses exportations se fait avec les Etats-Unis. Castro réglera le problème en février 1961, en signant un accord avec l’URSS qui lui achètera du sucre et lui vendra du pétrole.

Le problème de Cuba occupa une grande place dans la campagne électorale de Kennedy. Les Etats-Unis devaient-ils s’accommoder de Fidel Castro en s’efforçant d’infléchir sa politique, où, au contraire, tout faire pour aider ceux des Cubains qui souhaitaient s’en débarrasser ?La seconde solution fut retenue, et c’est alors que le plan d’invasion de Cuba par des guérilleros est établi. Le 15 avril 1961, l’opération de la Baie des Cochons est engagée. Mais, bien que soigneusement préparée, l’opération pèche par certaines insuffisances techniques. Les cargos sont bons pour la ferraille. Les engins de débarquement n’étaient que des canots munis d’un moteur. On avait en outre négligé le fait que la baie est difficilement navigable en raison de nombreux récifs, et que des arêtes de corail gênent l’accès aux plages. De surcroît, le débarquement devait être appuyé par des parachutistes, mais la mission de leurs B.26 fut annulée sur ordre du secrétaire d’Etat américain.

Dans la nuit, du 23 octobre, John Kennedy prononce à la télévision un discours pour faire part au peuple américain et à l’opinion mondiale des graves décisions qu’il a prises à propos de Cuba. Affirmant qu’il détient la preuve que, contrairement à leurs engagements, les Soviétiques sont en train d’installer dans ce pays des fusées et des bombardiers capables de menacer l’ensemble de l’hémisphère occidental, il décide de réagir. D’importants renforts de fusiliers marins, d’avions et de navires sont dépêchés dans la région des Caraïbes. Le président Kennedy décrète que si les Etats-Unis par des fusées tirées à partir du territoire cubain, ils répliqueront sur le territoire soviétique. Entre Kroutchev et Kennedy, la guerre froide est bel et bien entamée.

Article publié le 15/05/2002