Proche-Orient
Arafat promet, mais peine à convaincre
Les engagements de réformes démocratiques pris mercredi par Yasser Arafat suscitent des réactions mitigées, y compris chez les Palestiniens. Israël n’y croit pas, et à Washington on attend des actes.
Scepticisme en Israël, satisfaction prudente en Palestine, intérêt exigeant en Europe et aux États-Unis: les promesses de réformes faites par Yasser Arafat, diversement appréciées à travers le monde, n’ont guère suscité l’enthousiasme. Ce qui fait dire à nombre d’observateurs que si le président palestinien ne veut pas voir sa crédibilité ruinée, ses engagements vont devoir se concrétiser rapidement.
Confronté à la pression croissante de l'étranger, à celles de son propre peuple et même de son entourage, Yasser Arafat a annoncé mercredi des réformes en profondeur de l'Autorité palestinienne. «Je suis déterminé à entreprendre une refonte totale (...) de l'Autorité», a-t-il déclaré devant le Conseil législatif palestinien (Parlement) réuni à Ramallah en séance extraordinaire. Selon lui, cette réforme va permettre aux Palestiniens de «commencer à rebâtir sur des bases plus solides» pour réaliser leurs «aspirations nationales à l'indépendance et à la liberté».
De sérieux changements devraient intervenir au niveau de l'administration, des ministères et des services de sécurité. Arafat a également prôné une reconstruction du système politique «sur des bases de démocratie, d'état de droit et d'indépendance de la justice». Il a en outre demandé aux membres du Conseil législatif, élu en 1996, de préparer «rapidement» de nouvelles élections, sans toutefois donner de date. Comme en signe de sa volonté réformatrice, il avait promulgué dès mardi une loi sur l'indépendance de la justice, réclamée par l'Union européenne depuis des mois.
«Les Palestiniens veulent des actes et non des promesses»
La Maison Blanche s'est aussitôt félicitée des déclarations de Yasser Arafat, et l'a invité à passer aux actes. «Les déclarations d'Arafat sont positives. Ce qui est important et ce que le président George W. Bush attend de voir, c'est de savoir s'il y aura des actes», a déclaré le porte-parole Ari Fleischer. Le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw s'est déclaré «encouragé» également par ces propos, ajoutant que le chef palestinien devait «faire plus d'efforts pour empêcher des actions terroristes».
Relativement optimiste, le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana, a voulu voir dans les propos du président palestinien un «engagement clair sur certains éléments essentiels» d'une réforme. «L'heure a sonné pour préparer sérieusement une nouvelle Autorité palestinienne», a-t-il déclaré mercredi, assurant que le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat a l'intention d'organiser des «élections législatives et municipales» à la «fin de l'été ou au début de l'automne».
En revanche, la presse israélienne doutait, jeudi, de la sincérité des propos de Yasser Arafat, à l‘image du quotidien Yediot Aharonot, pour lequel «l'unique objectif d'Arafat dans ce discours était d'éloigner les critiques et les pressions internationales et intérieures le visant, lui et l'Autorité palestinienne qu'il dirige». Le quotidien en anglais Jerusalem Post souligne que le discours de Yasser Arafat «reprend des promesses répétées et jamais tenues depuis qu'il a été élu en 1996». La veille, le porte-parole du Premier ministre israélien, Raanan Gissin, avait estimé que le discours ne contenait «rien de nouveau», tandis qu’Ariel Sharon affirmait que des négociations avec les Palestiniens étaient conditionnées à une transformation radicale de l'Autorité, qu'il a qualifiée de «régime dictatorial, corrompu et tyrannique».
En Palestine même, on reste dubitatif. Si les journaux palestiniens, comme le quotidien Al Qods, ont qualifié de «positives» les promesses de démocratisation, certains Palestiniens se sont en revanche montrés sceptiques. La députée indépendante Hanane Achraoui a ainsi souligné que «le peuple palestinien avait besoin de voir des mesures immédiates qui concrétiseront sérieusement ces déclarations d'intention». Certains sont allés plus loin dans la critique. Ils n'hésitent pas à dire, en substance, que le leader palestinien, dont le discours était retransmis en direct par la télévision dans les territoires autonomes, avait raté son rendez-vous avec son peuple. Ce n'est «pas suffisant», a notamment déclaré l'analyste palestinien Zacharia al-Qaq, co-directeur du Centre israélo-palestinien pour l'Information et la Recherche (IPCRI). Selon lui, Yasser Arafat a surtout cherché à «gagner du temps». Les Palestiniens, estime-t-il, «ne vont pas prendre ce discours sérieusement, car ils veulent des actes et non des promesses».
Confronté à la pression croissante de l'étranger, à celles de son propre peuple et même de son entourage, Yasser Arafat a annoncé mercredi des réformes en profondeur de l'Autorité palestinienne. «Je suis déterminé à entreprendre une refonte totale (...) de l'Autorité», a-t-il déclaré devant le Conseil législatif palestinien (Parlement) réuni à Ramallah en séance extraordinaire. Selon lui, cette réforme va permettre aux Palestiniens de «commencer à rebâtir sur des bases plus solides» pour réaliser leurs «aspirations nationales à l'indépendance et à la liberté».
De sérieux changements devraient intervenir au niveau de l'administration, des ministères et des services de sécurité. Arafat a également prôné une reconstruction du système politique «sur des bases de démocratie, d'état de droit et d'indépendance de la justice». Il a en outre demandé aux membres du Conseil législatif, élu en 1996, de préparer «rapidement» de nouvelles élections, sans toutefois donner de date. Comme en signe de sa volonté réformatrice, il avait promulgué dès mardi une loi sur l'indépendance de la justice, réclamée par l'Union européenne depuis des mois.
«Les Palestiniens veulent des actes et non des promesses»
La Maison Blanche s'est aussitôt félicitée des déclarations de Yasser Arafat, et l'a invité à passer aux actes. «Les déclarations d'Arafat sont positives. Ce qui est important et ce que le président George W. Bush attend de voir, c'est de savoir s'il y aura des actes», a déclaré le porte-parole Ari Fleischer. Le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw s'est déclaré «encouragé» également par ces propos, ajoutant que le chef palestinien devait «faire plus d'efforts pour empêcher des actions terroristes».
Relativement optimiste, le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana, a voulu voir dans les propos du président palestinien un «engagement clair sur certains éléments essentiels» d'une réforme. «L'heure a sonné pour préparer sérieusement une nouvelle Autorité palestinienne», a-t-il déclaré mercredi, assurant que le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat a l'intention d'organiser des «élections législatives et municipales» à la «fin de l'été ou au début de l'automne».
En revanche, la presse israélienne doutait, jeudi, de la sincérité des propos de Yasser Arafat, à l‘image du quotidien Yediot Aharonot, pour lequel «l'unique objectif d'Arafat dans ce discours était d'éloigner les critiques et les pressions internationales et intérieures le visant, lui et l'Autorité palestinienne qu'il dirige». Le quotidien en anglais Jerusalem Post souligne que le discours de Yasser Arafat «reprend des promesses répétées et jamais tenues depuis qu'il a été élu en 1996». La veille, le porte-parole du Premier ministre israélien, Raanan Gissin, avait estimé que le discours ne contenait «rien de nouveau», tandis qu’Ariel Sharon affirmait que des négociations avec les Palestiniens étaient conditionnées à une transformation radicale de l'Autorité, qu'il a qualifiée de «régime dictatorial, corrompu et tyrannique».
En Palestine même, on reste dubitatif. Si les journaux palestiniens, comme le quotidien Al Qods, ont qualifié de «positives» les promesses de démocratisation, certains Palestiniens se sont en revanche montrés sceptiques. La députée indépendante Hanane Achraoui a ainsi souligné que «le peuple palestinien avait besoin de voir des mesures immédiates qui concrétiseront sérieusement ces déclarations d'intention». Certains sont allés plus loin dans la critique. Ils n'hésitent pas à dire, en substance, que le leader palestinien, dont le discours était retransmis en direct par la télévision dans les territoires autonomes, avait raté son rendez-vous avec son peuple. Ce n'est «pas suffisant», a notamment déclaré l'analyste palestinien Zacharia al-Qaq, co-directeur du Centre israélo-palestinien pour l'Information et la Recherche (IPCRI). Selon lui, Yasser Arafat a surtout cherché à «gagner du temps». Les Palestiniens, estime-t-il, «ne vont pas prendre ce discours sérieusement, car ils veulent des actes et non des promesses».
par Philippe Quillerier-Lesieur (avec AFP)
Article publié le 16/05/2002