Europe-États-Unis
Bush veut rallier l'Europe à sa guerre
Le président entame ce mercredi une tournée de six jours en Europe qui doit l'emmener en Allemagne, en Russie, en France et en Italie. George Bush entend convaincre ses alliés de resserrer les rangs dans la guerre contre le terrorisme, en vue de la prochaine étape contre l'Irak. Il devra justifier sa politique au Proche-Orient.
De notre correspondant à New York
Le comité d'accueil attend George Bush de pied ferme. Mardi, à la veille de son arrivée en Allemagne, près de 20 000 manifestants pacifistes ont défilé à Berlin pour protester contre la guerre anti-terroriste du président américain. D'autres manifestations hostiles sont prévues à travers tout le pays. Ce mécontentement général en Europe symbolise le fossé qui s'est creusé depuis huit mois des deux côtés de l'Atlantique. Après les attentats du 11 septembre, près de 200 000 berlinois s'étaient rassemblés en signe de soutien avec les New Yorkais. Aujourd'hui, les slogans sont franchement hostiles : «Arrêtez Oussama Ben Bush», «Intifada jusqu'à la victoire», «Des Bretzels plutôt que des bombes» (le président a failli s'étouffer avec un Bretzel voilà quelques mois) «Yankees go home!» ou «L'axe du mal passe par le Pentagone!» Il ne s'agit peut-être que d'un avant goût de ce qui attend George Bush au cours d'une visite de six jours qui doit l'emmener à Berlin, Moscou, puis en France et en Italie.
Il s'agit de la deuxième tournée en Europe du président Américain. Cette fois, il va tenter de battre le rappel de la coalition née des attentats du 11 septembre et dont les rangs ont tendance à se distendre. Il devra pour cela surmonter de nombreux désaccords. Les Européens jugent que George Bush a mis trop longtemps à s'impliquer dans le conflit au Proche-Orient. Depuis qu'il s'est saisi du dossier, on l'accuse de prendre parti en faveur d'Ariel Sharon. George Bush devra notamment «vendre» son concept «d'axe du mal», composé de l'Irak, l'Iran et la Corée du nord, et qui n'a remporté qu'un succès très mitigé de ce côté de l'Atlantique. D'une manière générale, l'Europe se sent mise à l'écart par le président Bush, même lorsqu'elle fait preuve de bonne volonté pour envoyer par exemple des troupes en Afghanisan. L'unilatéralisme de Bush agace, notamment lorsqu'il subventionne massivement son agriculture et met en place des barrières douanières contre l'acier européen.
Avec ou sans les Européens
Mais le président américain n'est pas là pour finasser. Il vient réclamer le soutien de la Russie et des Européens pour poursuivre sa guerre, avec l'Irak dans la ligne de mire. Comme pour une répétition générale avant de partir, le président s'est exprimé sur la télévision allemande : «L'Irak devrait être dans l'esprit du peuple allemand, et il devrait être dans l'esprit du peuple américain, car le gouvernement irakien est un gouvernement dangereux» a-t-il affirmé. «C'est un gouvernement qui a gazé son propre peuple, c'est un gouvernement qui n'est pas transparent, et c'est un gouvernement qui veut, nous le savons, développer des armes de destruction massive». Sur la télévision italienne, il a affirmé que «la meilleure façon de sécuriser notre patrie, la meilleur façon pour l'Italie d'être en sécurité, c'est de trouver ces tueurs, de les traquer, de les poursuivre.» Ce ton belliqueux, auquel sont accoutumés les Américains, fera-t-il mouche en Europe ? C'est à voir.
Dans un effort pour apparaitre plus diplomate qu'il n'est, George Bush a également affirmé n'avoir aucun «plan sur [son] bureau qui envisage une opération militaire». «Je crois dans les alliances, a-t-il affirmé. Je sais que l'Amérique ne peut pas gagner toute seule la guerre contre le terrorisme». Vient-il consulter ? Depuis des mois, il ne fait plus aucun doute que la Maison Blanche a décidé d'attaquer militairement l'Irak, avec ou sans les Européens. La seule question est quand. Si le président avait toutefois besoin de munitions pour convaincre ses alliés de la légitimité de sa quête, il les trouvera dans le dernier rapport du département d'Etat sur le terrorisme mondial - le premier à être publié depuis les attentats du 11 septembre. «La menace terroriste est d'ampleur mondiale, elle a des facettes multiples et elle est déterminée», a affirme hier le secrétaire d'Etat Colin Powell en présentant le rapport. «Tous les pays sont vulnérables, et tous ont la capacité et la responsabilité de contribuer à la campagne anti-terroriste», a-t-il ajouté, soulignant que «personne ne peut s'offrir le luxe de rester à l'écart». A bon entendeur...
Son rapport en poche, George Bush doit rencontrer à Berlin le chancelier Gerhard Schröder et le président allemand Johannes Rau. Rare privilège, il prendra également la parole devant le Bundestag pour commenter sa politique étrangère. Pour prévenir toute violence au cours des manifestations qui doivent se dérouler aujourd'hui et demain dans la capitale allemande, les autorités ont dû déployer près de 10 000 policiers. Ils se méfient tout particulièrement d'un noyau dur de 2 000 militants de la gauche ultra, spécialistes des protestations anti-mondialisation.
Le moment fort de la tournée sera la rencontre avec Vladimir Poutine, jeudi soir à Moscou. C'est la cinquième rencontre en moins d'un an entre les deux hommes, qui doivent officiellement signer une série de traités destinés notamment à réduire de deux-tiers les forces nucléaires offensives des deux géants, dans les douze années à venir. Le dirigeant Russe, qui avait eu l'honneur de visiter le ranch texan de George Bush, lui fera visiter au cours du week-end, c'est un juste retour, la ville de St-Petersbourg. Le caractère amical de la rencontre ne devrait pas empêcher George Bush d'évoquer la délicate question des fuites technologiques de Moscou vers l'Iran. Dimanche soir, le président Américain doit rencontrer Jacques Chirac à Paris. Il effectuera lundi un pélerinage sur les plages du débarquement allié en Normandie, avant de rejoindre Rome pour le sommet Russie-OTAN. Il rencontrera également le Pape, avant de regagner Washington.
Le comité d'accueil attend George Bush de pied ferme. Mardi, à la veille de son arrivée en Allemagne, près de 20 000 manifestants pacifistes ont défilé à Berlin pour protester contre la guerre anti-terroriste du président américain. D'autres manifestations hostiles sont prévues à travers tout le pays. Ce mécontentement général en Europe symbolise le fossé qui s'est creusé depuis huit mois des deux côtés de l'Atlantique. Après les attentats du 11 septembre, près de 200 000 berlinois s'étaient rassemblés en signe de soutien avec les New Yorkais. Aujourd'hui, les slogans sont franchement hostiles : «Arrêtez Oussama Ben Bush», «Intifada jusqu'à la victoire», «Des Bretzels plutôt que des bombes» (le président a failli s'étouffer avec un Bretzel voilà quelques mois) «Yankees go home!» ou «L'axe du mal passe par le Pentagone!» Il ne s'agit peut-être que d'un avant goût de ce qui attend George Bush au cours d'une visite de six jours qui doit l'emmener à Berlin, Moscou, puis en France et en Italie.
Il s'agit de la deuxième tournée en Europe du président Américain. Cette fois, il va tenter de battre le rappel de la coalition née des attentats du 11 septembre et dont les rangs ont tendance à se distendre. Il devra pour cela surmonter de nombreux désaccords. Les Européens jugent que George Bush a mis trop longtemps à s'impliquer dans le conflit au Proche-Orient. Depuis qu'il s'est saisi du dossier, on l'accuse de prendre parti en faveur d'Ariel Sharon. George Bush devra notamment «vendre» son concept «d'axe du mal», composé de l'Irak, l'Iran et la Corée du nord, et qui n'a remporté qu'un succès très mitigé de ce côté de l'Atlantique. D'une manière générale, l'Europe se sent mise à l'écart par le président Bush, même lorsqu'elle fait preuve de bonne volonté pour envoyer par exemple des troupes en Afghanisan. L'unilatéralisme de Bush agace, notamment lorsqu'il subventionne massivement son agriculture et met en place des barrières douanières contre l'acier européen.
Avec ou sans les Européens
Mais le président américain n'est pas là pour finasser. Il vient réclamer le soutien de la Russie et des Européens pour poursuivre sa guerre, avec l'Irak dans la ligne de mire. Comme pour une répétition générale avant de partir, le président s'est exprimé sur la télévision allemande : «L'Irak devrait être dans l'esprit du peuple allemand, et il devrait être dans l'esprit du peuple américain, car le gouvernement irakien est un gouvernement dangereux» a-t-il affirmé. «C'est un gouvernement qui a gazé son propre peuple, c'est un gouvernement qui n'est pas transparent, et c'est un gouvernement qui veut, nous le savons, développer des armes de destruction massive». Sur la télévision italienne, il a affirmé que «la meilleure façon de sécuriser notre patrie, la meilleur façon pour l'Italie d'être en sécurité, c'est de trouver ces tueurs, de les traquer, de les poursuivre.» Ce ton belliqueux, auquel sont accoutumés les Américains, fera-t-il mouche en Europe ? C'est à voir.
Dans un effort pour apparaitre plus diplomate qu'il n'est, George Bush a également affirmé n'avoir aucun «plan sur [son] bureau qui envisage une opération militaire». «Je crois dans les alliances, a-t-il affirmé. Je sais que l'Amérique ne peut pas gagner toute seule la guerre contre le terrorisme». Vient-il consulter ? Depuis des mois, il ne fait plus aucun doute que la Maison Blanche a décidé d'attaquer militairement l'Irak, avec ou sans les Européens. La seule question est quand. Si le président avait toutefois besoin de munitions pour convaincre ses alliés de la légitimité de sa quête, il les trouvera dans le dernier rapport du département d'Etat sur le terrorisme mondial - le premier à être publié depuis les attentats du 11 septembre. «La menace terroriste est d'ampleur mondiale, elle a des facettes multiples et elle est déterminée», a affirme hier le secrétaire d'Etat Colin Powell en présentant le rapport. «Tous les pays sont vulnérables, et tous ont la capacité et la responsabilité de contribuer à la campagne anti-terroriste», a-t-il ajouté, soulignant que «personne ne peut s'offrir le luxe de rester à l'écart». A bon entendeur...
Son rapport en poche, George Bush doit rencontrer à Berlin le chancelier Gerhard Schröder et le président allemand Johannes Rau. Rare privilège, il prendra également la parole devant le Bundestag pour commenter sa politique étrangère. Pour prévenir toute violence au cours des manifestations qui doivent se dérouler aujourd'hui et demain dans la capitale allemande, les autorités ont dû déployer près de 10 000 policiers. Ils se méfient tout particulièrement d'un noyau dur de 2 000 militants de la gauche ultra, spécialistes des protestations anti-mondialisation.
Le moment fort de la tournée sera la rencontre avec Vladimir Poutine, jeudi soir à Moscou. C'est la cinquième rencontre en moins d'un an entre les deux hommes, qui doivent officiellement signer une série de traités destinés notamment à réduire de deux-tiers les forces nucléaires offensives des deux géants, dans les douze années à venir. Le dirigeant Russe, qui avait eu l'honneur de visiter le ranch texan de George Bush, lui fera visiter au cours du week-end, c'est un juste retour, la ville de St-Petersbourg. Le caractère amical de la rencontre ne devrait pas empêcher George Bush d'évoquer la délicate question des fuites technologiques de Moscou vers l'Iran. Dimanche soir, le président Américain doit rencontrer Jacques Chirac à Paris. Il effectuera lundi un pélerinage sur les plages du débarquement allié en Normandie, avant de rejoindre Rome pour le sommet Russie-OTAN. Il rencontrera également le Pape, avant de regagner Washington.
par Philippe Bolopion
Article publié le 22/05/2002