Proche-Orient
Israël veut cloisonner la Cisjordanie
Afin de préserver la sécurité des colons juifs, les mesures de contrôle militaire en vigueur à Gaza pourraient être étendues à la Cisjordanie. A titre «provisoire», selon l’armée israélienne. Les Palestiniens dénoncent «un nouveau chapitre de l'apartheid». L’Union européenne juge le dispositif «inacceptable».
Jean Bretéché, le représentant de la Commission européenne en Cisjordanie et à Gaza a dénoncé sur RFI le projet que les Israéliens veulent mettre en place, le jugeant «inacceptable à la fois légalement et dans son principe car il revient à une prise de contrôle militaire de la Cisjordanie par Israël, et il tue toute possibilité de développement économique et de réformes sur le territoire palestinien alors qu'il s'agit là d'une condition essentielle pour espérer revenir un jour à un processus de paix».
Ce dispositif a été récemment dévoilé aux représentants de la Commission européenne par l’état-major israélien. Il vise, à la suite de l’opération «Rempart», à institutionnaliser le siège par l'armée israélienne des anciennes zones autonomes palestiniennes, c’est-à-dire les principales agglomérations à l'intérieur desquelles l'armée israélienne circule d’ailleurs librement depuis plusieurs mois : Bethléem, une partie de Hébron, Jénine, Jéricho, Naplouse, Kalkiliya, Ramallah et Tulkarem.
Selon le projet, les Palestiniens ne pourraient se déplacer d'une zone à l'autre qu’avec un permis accordé au cas par cas par l'administration israélienne, valable un mois et utilisable uniquement de 5 heures à 19 heures. Seraient interdits les déplacements entre la Cisjordanie et Israël, y compris pour les habitants palestiniens de Jérusalem-Est, qu'Israël considère comme partie intégrante de son territoire. Les membres des organisations internationales feraient également l’objet de mesures restrictives, de même que les diplomates, lesquels seraient tenus de soumettre leur véhicule à la fouille au point de passage d'Erez, au nord de la bande de Gaza.
Des barbelés infranchissables
Pour les marchandises, les règles seront tout aussi draconiennes. Israël généraliserait la procédure dite «back to back» (de l'arrière d'un véhicule à l'arrière d'un autre, déjà en vigueur à Gaza). Les camions sont contraints de décharger aux points de contrôle commandant l'accès aux anciennes zones autonomes. La cargaison est ensuite rechargée sur un autre véhicule après vérification par l'armée israélienne.
Des travaux en ce sens ont déjà commencé. Bethléem et Ramallah sont peu à peu encerclées par de hautes rangées de barbelés infranchissables. Cette procédure, longue et coûteuse, serait systématisée pour les transports de biens à destination d'Israël. Elle semble d'ailleurs déjà être entrée en application pour les agglomérations proches de la «ligne verte» qui sépare Israël de la Cisjordanie. Enfin, les agences internationales devraient avoir systématiquement recours à des chauffeurs internationaux pour transporter l'aide humanitaire, les marchandises et les équipements utilisés dans le cadre de leurs projets.
Officiellement, les gouvernements étrangers, et notamment européens (principaux bailleurs de fonds), n’ont pas encore réagi. Mais lors d'une réunion prévue lundi à Tel-Aviv avec le responsable de la Cisjordanie au sein de l'armée israélienne, les donateurs comptent exprimer leur opposition ce projet. Au-delà, les ministres européens des Affaires étrangères pourraient être saisis.
Car ces entraves sans précédent, si elles devaient être appliquées intégralement, auraient des conséquences dramatiques sur le tissu économique, social et politique d’une Cisjordanie déjà exsangue. Le cloisonnement sécuritaire remettrait en cause les projets de développement, provoquerait un nouvelle effondrement du niveau de vie, et conduirait les populations à un désespoir et une révolte plus profonds encore.
Les Palestiniens dénoncent un «nouveau chapitre de l'apartheid qui vise à transformer la Cisjordanie et la bande de Gaza en cantons entourés de zones tampons à intensifier la colonisation». En revanche, les responsables israéliens chargés des territoires affirment que ces procédures «ont pour but de faciliter la vie quotidienne des Palestiniens en posant des principes clairs», qu’elles ne seraient que «provisoires» et destinées à être «supprimées dès que la situation redeviendra normale».
Ce dispositif a été récemment dévoilé aux représentants de la Commission européenne par l’état-major israélien. Il vise, à la suite de l’opération «Rempart», à institutionnaliser le siège par l'armée israélienne des anciennes zones autonomes palestiniennes, c’est-à-dire les principales agglomérations à l'intérieur desquelles l'armée israélienne circule d’ailleurs librement depuis plusieurs mois : Bethléem, une partie de Hébron, Jénine, Jéricho, Naplouse, Kalkiliya, Ramallah et Tulkarem.
Selon le projet, les Palestiniens ne pourraient se déplacer d'une zone à l'autre qu’avec un permis accordé au cas par cas par l'administration israélienne, valable un mois et utilisable uniquement de 5 heures à 19 heures. Seraient interdits les déplacements entre la Cisjordanie et Israël, y compris pour les habitants palestiniens de Jérusalem-Est, qu'Israël considère comme partie intégrante de son territoire. Les membres des organisations internationales feraient également l’objet de mesures restrictives, de même que les diplomates, lesquels seraient tenus de soumettre leur véhicule à la fouille au point de passage d'Erez, au nord de la bande de Gaza.
Des barbelés infranchissables
Pour les marchandises, les règles seront tout aussi draconiennes. Israël généraliserait la procédure dite «back to back» (de l'arrière d'un véhicule à l'arrière d'un autre, déjà en vigueur à Gaza). Les camions sont contraints de décharger aux points de contrôle commandant l'accès aux anciennes zones autonomes. La cargaison est ensuite rechargée sur un autre véhicule après vérification par l'armée israélienne.
Des travaux en ce sens ont déjà commencé. Bethléem et Ramallah sont peu à peu encerclées par de hautes rangées de barbelés infranchissables. Cette procédure, longue et coûteuse, serait systématisée pour les transports de biens à destination d'Israël. Elle semble d'ailleurs déjà être entrée en application pour les agglomérations proches de la «ligne verte» qui sépare Israël de la Cisjordanie. Enfin, les agences internationales devraient avoir systématiquement recours à des chauffeurs internationaux pour transporter l'aide humanitaire, les marchandises et les équipements utilisés dans le cadre de leurs projets.
Officiellement, les gouvernements étrangers, et notamment européens (principaux bailleurs de fonds), n’ont pas encore réagi. Mais lors d'une réunion prévue lundi à Tel-Aviv avec le responsable de la Cisjordanie au sein de l'armée israélienne, les donateurs comptent exprimer leur opposition ce projet. Au-delà, les ministres européens des Affaires étrangères pourraient être saisis.
Car ces entraves sans précédent, si elles devaient être appliquées intégralement, auraient des conséquences dramatiques sur le tissu économique, social et politique d’une Cisjordanie déjà exsangue. Le cloisonnement sécuritaire remettrait en cause les projets de développement, provoquerait un nouvelle effondrement du niveau de vie, et conduirait les populations à un désespoir et une révolte plus profonds encore.
Les Palestiniens dénoncent un «nouveau chapitre de l'apartheid qui vise à transformer la Cisjordanie et la bande de Gaza en cantons entourés de zones tampons à intensifier la colonisation». En revanche, les responsables israéliens chargés des territoires affirment que ces procédures «ont pour but de faciliter la vie quotidienne des Palestiniens en posant des principes clairs», qu’elles ne seraient que «provisoires» et destinées à être «supprimées dès que la situation redeviendra normale».
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 24/05/2002