Algérie
Indifférence à l’approche des législatives du 30 mai
Malgré l’appel au boycottage lancé par les deux principaux partis d’opposition, et la décision du mouvement de contestation kabyle d’ignorer lui aussi le scrutin, le pouvoir algérien a choisi de maintenir coûte que coûte ces élections pour officiellement «renforcer la stabilité institutionnelle» du pays. Or il est clair que les Algériens ont manifestement la tête ailleurs, plus préoccupés qu’ils sont par leurs difficultés quotidiennes et par le regain de violence qui, traditionnellement, accompagne en Algérie toute consultation populaire.
Ces élections du 30 mai, destinées à renouveler pour cinq ans une assemblée élue le 5 juin 1997, sont théoriquement les troisièmes législatives «libres» du pays depuis son indépendance. Théoriquement seulement puisque les élections de 1991 avaient été annulées à la suite du raz-de-marée islamiste et que celles de 1997 s’étaient déroulées dans un tel climat de fraude, reconnu aujourd’hui même par le pouvoir en place, que l’assemblée de ces cinq dernières années était tout sauf représentative.
Ce très mauvais début de la démocratie algérienne explique sans aucun doute le profond désintérêt des Algériens pour ce nouveau scrutin, et ceci malgré l’appel insistant du président Abdelaziz Bouteflika à «voter en masse pour renforcer la stabilité institutionnelle» du pays. Très peu d’entre eux semblent en effet croire que ces élections auront un quelconque impact sur l’avenir de leur pays et la plupart, fort des deux expériences passées, accusent déjà le pouvoir d’être incapable de ne pas céder à ses vieux démons et doutent de la régularité du prochain scrutin.
Conscient du large manque de confiance de ses compatriotes, le président Bouteflika a annoncé le 17 avril la création d’une «commission politique nationale de surveillance des élections législatives» en précisant bien qu’aucun représentant du gouvernement ne siègera dans cette instance, composée exclusivement de membres de l’opposition et de personnalités indépendantes. Mais cette annonce semble avoir laissé de marbre les Algériens, beaucoup plus préoccupés par les émeutes qui secouent périodiquement depuis quelques semaines non seulement la Kabylie mais également plusieurs autres régions du pays.
La Kabylie grande absente du scrutin
Cette annonce ne semble pas, non plus, avoir eu d’effet sur les deux principaux partis d’opposition que sont le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), très implanté en Kabylie. Ces deux formations, qui ont toujours vigoureusement dénoncé les fraudes des législatives de 1997, ont maintenu leur appel aux Algériens à une «dissidence citoyenne» et à «rejeter la prochaine mascarade électorale» et exigé un «changement radical de régime». Et ces deux partis ont reçu le soutien des intellectuels et de nombreuses personnalités, parmi lesquelles le président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme.
Dans ce contexte, la campagne électorale n’en apparaît que plus insipide même si vingt-trois partis politiques et cent vingt-trois listes locales participent à cette consultation. Une consultation qui, à en croire les derniers sondages, donnerait une large victoire à l’ancien parti unique, le Front de libération nationale (FLN). Le Rassemblement national démocratique (RND), vainqueur théorique des dernières élections législatives, n’arriverait qu’en troisième position, derrière une formation islamiste modérée, le Mouvement de la société pour la paix (MDS).
Si cette campagne électorale ne passionne guère la plupart des Algériens, elle est quasiment inexistante en Kabylie. Le mouvement des âarchs, fer de lance de la contestation kabyle, très soutenu par la population depuis les émeutes du printemps noir 2001 qui avaient fait une centaine de morts, a en effet appelé à un boycottage pur et simple du scrutin et annoncé qu’il empêcherait le déroulement des élections dans sa région. Et pour bien montrer sa détermination, de nombreuses urnes ont été détruites ou brûlées et la plupart des meetings électoraux prévus en Kabylie ont été annulés.
Face à cette fronde kabyle, le pouvoir a procédé à l’arrestation de plusieurs responsables des âarchs et lancé de nombreuses mises en garde contre toute entrave au déroulement du scrutin en rappelant que les sanctions pénales encourues pouvaient aller jusqu’à dix années de prison. Mais il n’est pas dit que les Kabyles, en lutte ouverte avec le pouvoir depuis plus d’un an, prennent en compte cette mise en garde.
Les autorités algériennes ont toujours voulu réduire la contestation qui secoue la Kabylie à une simple crise d’identité. Mais cette contestation au caractère socio-économique indéniable semble aujourd’hui s’étendre à l’ensemble du pays. Elle pourrait bien se matérialiser par un fort taux d’abstention aux élections du 30 mai.
Ce très mauvais début de la démocratie algérienne explique sans aucun doute le profond désintérêt des Algériens pour ce nouveau scrutin, et ceci malgré l’appel insistant du président Abdelaziz Bouteflika à «voter en masse pour renforcer la stabilité institutionnelle» du pays. Très peu d’entre eux semblent en effet croire que ces élections auront un quelconque impact sur l’avenir de leur pays et la plupart, fort des deux expériences passées, accusent déjà le pouvoir d’être incapable de ne pas céder à ses vieux démons et doutent de la régularité du prochain scrutin.
Conscient du large manque de confiance de ses compatriotes, le président Bouteflika a annoncé le 17 avril la création d’une «commission politique nationale de surveillance des élections législatives» en précisant bien qu’aucun représentant du gouvernement ne siègera dans cette instance, composée exclusivement de membres de l’opposition et de personnalités indépendantes. Mais cette annonce semble avoir laissé de marbre les Algériens, beaucoup plus préoccupés par les émeutes qui secouent périodiquement depuis quelques semaines non seulement la Kabylie mais également plusieurs autres régions du pays.
La Kabylie grande absente du scrutin
Cette annonce ne semble pas, non plus, avoir eu d’effet sur les deux principaux partis d’opposition que sont le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), très implanté en Kabylie. Ces deux formations, qui ont toujours vigoureusement dénoncé les fraudes des législatives de 1997, ont maintenu leur appel aux Algériens à une «dissidence citoyenne» et à «rejeter la prochaine mascarade électorale» et exigé un «changement radical de régime». Et ces deux partis ont reçu le soutien des intellectuels et de nombreuses personnalités, parmi lesquelles le président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme.
Dans ce contexte, la campagne électorale n’en apparaît que plus insipide même si vingt-trois partis politiques et cent vingt-trois listes locales participent à cette consultation. Une consultation qui, à en croire les derniers sondages, donnerait une large victoire à l’ancien parti unique, le Front de libération nationale (FLN). Le Rassemblement national démocratique (RND), vainqueur théorique des dernières élections législatives, n’arriverait qu’en troisième position, derrière une formation islamiste modérée, le Mouvement de la société pour la paix (MDS).
Si cette campagne électorale ne passionne guère la plupart des Algériens, elle est quasiment inexistante en Kabylie. Le mouvement des âarchs, fer de lance de la contestation kabyle, très soutenu par la population depuis les émeutes du printemps noir 2001 qui avaient fait une centaine de morts, a en effet appelé à un boycottage pur et simple du scrutin et annoncé qu’il empêcherait le déroulement des élections dans sa région. Et pour bien montrer sa détermination, de nombreuses urnes ont été détruites ou brûlées et la plupart des meetings électoraux prévus en Kabylie ont été annulés.
Face à cette fronde kabyle, le pouvoir a procédé à l’arrestation de plusieurs responsables des âarchs et lancé de nombreuses mises en garde contre toute entrave au déroulement du scrutin en rappelant que les sanctions pénales encourues pouvaient aller jusqu’à dix années de prison. Mais il n’est pas dit que les Kabyles, en lutte ouverte avec le pouvoir depuis plus d’un an, prennent en compte cette mise en garde.
Les autorités algériennes ont toujours voulu réduire la contestation qui secoue la Kabylie à une simple crise d’identité. Mais cette contestation au caractère socio-économique indéniable semble aujourd’hui s’étendre à l’ensemble du pays. Elle pourrait bien se matérialiser par un fort taux d’abstention aux élections du 30 mai.
par Mounia Daoudi
Article publié le 27/05/2002