Maroc
Mustapha Adib poursuivra son combat contre la corruption
Condamné pour «outrage à l’armée et violation des consignes militaires», le capitaine Mustapha Adib a purgé deux ans et demi de prison avant d’être libéré samedi matin. En réalité, c’est pour avoir dénoncé la corruption qui sévissait dans son unité que ce jeune officier de trente-quatre ans a été sanctionné. Il confie à RFI ses premières impressions.
RFI : Mustapha Adib, vous êtes aujourd’hui un homme libre. Quelles sont vos premières impressions après deux ans et demi passés à la prison civile de Salé ?
Mustapha Adib : Je suis d’abord heureux de retrouver le droit que l’on m’a arraché par la force et l’abus. Je suis heureux de retrouver la liberté. Mais je constate en revanche avec beaucoup d’amertume que rien n’a changé d’important dans mon pays. Je constate en effet que la justice, qui est la colonne vertébrale de tout état de droit, n’a pas été réformée comme on nous l’a pourtant promis à maintes reprises.
RFI : Deux années et demi passées en détention, c’est long. Si c’était à refaire, dénonceriez-vous de nouveau la corruption dont vous avez été témoin ?
M.A. : Si c’était à refaire, je referais exactement la même chose car je considère n’avoir fait que mon travail. Dénoncer la corruption est l’un des devoirs des militaires. Je ne regrette rien. Et si j’ai utilisé la presse, c’est pour que le roi Mohammed VI soit mis au courant de toutes les représailles que j’ai pu endurer pour avoir dénoncer un trafic de carburant qu’il avait lui-même sanctionné. J’avais usé de tous les moyens réglementaires, en écrivant à toutes les instances concernées, en m’adressant à ma hiérarchie, à la gendarmerie, aux tribunaux mais personne n’a voulu agir. Et ceux qui ont utilisé la justice pour m’incarcérer n’ont voulu que préserver des moyens frauduleux pour s’enrichir. Il ne sont pas au service du pays comme ils le prétendent mais au service de leur intérêt personnel.
RFI : Qu’est-ce qui a été le plus dur à vivre durant votre détention ?
M.A. : Le plus dur à vivre en prison a été de constater que les personnes en qui j’avais confiance pour faire évoluer le pays sont restées muettes. Les souffrances que j’ai pu endurer, ou celles de ma famille qui est restée à mes côtés durant ces longs mois, ne sont rien à côté de cette désaffection. Nous avons heureusement bien surmonté l’épreuve car nous sommes restés très unis.
RFI : Pensez-vous que l’épreuve que vous venez de traverser a servi à quelque chose ?
M.A. : Je pense que oui puisque, à ma connaissance, plusieurs personnes, au sein même de l’armée, se sont élevées pour dénoncer certains actes de corruption. Certains l’ont également fait au niveau d’autres institutions comme au ministère de l’Intérieur par exemple. Je pense que l’important dans tout cela, c’est que mon histoire a permis de briser un tabou.
RFI : Durant votre détention, des rumeurs ont a plusieurs reprises fait état d’une grâce royale qui mettrait fin à votre emprisonnement. Comment expliquez-vous que le roi Mohammed VI ne vous ait jamais gracié ?
M.A. : A ma connaissance, on lui a mal expliqué le dossier. Mais j’aimerai garder pour moi certaines choses.
RFI : Pensez vous que le poids de l’armée y était pour quelque chose ?
M.A. : Je crois en effet que c’est sans aucun doute l’une des raisons pour lesquelles je n’ai jamais été gracié, l’une des raisons pour lesquelles j’ai purgé ma peine jusqu’au dernier jour.
RFI : Aujourd’hui vous êtes un homme libre mais vous êtes également radié de l’armée marocaine. Quels sont vos projets ?
M.A. : Je me suis toujours considéré comme un citoyen. Je le resterai et je continuerai donc à exercer mes devoirs de citoyen. Si je suis appelé à dénoncer d’autres actes de corruption, je le ferai. Et je suis prêt à appuyer toutes les associations qui militent dans ce sens. Je suis là pour les aider et j’espère que mon expérience pourra les servir.
Mustapha Adib : Je suis d’abord heureux de retrouver le droit que l’on m’a arraché par la force et l’abus. Je suis heureux de retrouver la liberté. Mais je constate en revanche avec beaucoup d’amertume que rien n’a changé d’important dans mon pays. Je constate en effet que la justice, qui est la colonne vertébrale de tout état de droit, n’a pas été réformée comme on nous l’a pourtant promis à maintes reprises.
RFI : Deux années et demi passées en détention, c’est long. Si c’était à refaire, dénonceriez-vous de nouveau la corruption dont vous avez été témoin ?
M.A. : Si c’était à refaire, je referais exactement la même chose car je considère n’avoir fait que mon travail. Dénoncer la corruption est l’un des devoirs des militaires. Je ne regrette rien. Et si j’ai utilisé la presse, c’est pour que le roi Mohammed VI soit mis au courant de toutes les représailles que j’ai pu endurer pour avoir dénoncer un trafic de carburant qu’il avait lui-même sanctionné. J’avais usé de tous les moyens réglementaires, en écrivant à toutes les instances concernées, en m’adressant à ma hiérarchie, à la gendarmerie, aux tribunaux mais personne n’a voulu agir. Et ceux qui ont utilisé la justice pour m’incarcérer n’ont voulu que préserver des moyens frauduleux pour s’enrichir. Il ne sont pas au service du pays comme ils le prétendent mais au service de leur intérêt personnel.
RFI : Qu’est-ce qui a été le plus dur à vivre durant votre détention ?
M.A. : Le plus dur à vivre en prison a été de constater que les personnes en qui j’avais confiance pour faire évoluer le pays sont restées muettes. Les souffrances que j’ai pu endurer, ou celles de ma famille qui est restée à mes côtés durant ces longs mois, ne sont rien à côté de cette désaffection. Nous avons heureusement bien surmonté l’épreuve car nous sommes restés très unis.
RFI : Pensez-vous que l’épreuve que vous venez de traverser a servi à quelque chose ?
M.A. : Je pense que oui puisque, à ma connaissance, plusieurs personnes, au sein même de l’armée, se sont élevées pour dénoncer certains actes de corruption. Certains l’ont également fait au niveau d’autres institutions comme au ministère de l’Intérieur par exemple. Je pense que l’important dans tout cela, c’est que mon histoire a permis de briser un tabou.
RFI : Durant votre détention, des rumeurs ont a plusieurs reprises fait état d’une grâce royale qui mettrait fin à votre emprisonnement. Comment expliquez-vous que le roi Mohammed VI ne vous ait jamais gracié ?
M.A. : A ma connaissance, on lui a mal expliqué le dossier. Mais j’aimerai garder pour moi certaines choses.
RFI : Pensez vous que le poids de l’armée y était pour quelque chose ?
M.A. : Je crois en effet que c’est sans aucun doute l’une des raisons pour lesquelles je n’ai jamais été gracié, l’une des raisons pour lesquelles j’ai purgé ma peine jusqu’au dernier jour.
RFI : Aujourd’hui vous êtes un homme libre mais vous êtes également radié de l’armée marocaine. Quels sont vos projets ?
M.A. : Je me suis toujours considéré comme un citoyen. Je le resterai et je continuerai donc à exercer mes devoirs de citoyen. Si je suis appelé à dénoncer d’autres actes de corruption, je le ferai. Et je suis prêt à appuyer toutes les associations qui militent dans ce sens. Je suis là pour les aider et j’espère que mon expérience pourra les servir.
par Propos recueillis par Mounia Daoudi
Article publié le 18/05/2002