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Madagascar

Hypothèques sur «Dakar 2»

Annoncée pour les 29 et 30 mai, la seconde rencontre sur la crise malgache à Dakar, la capitale sénégalaise, semble mal partie. Si le chef de la diplomatie sénégalaise, Cheikh Gadio, ne renonce pas à faire venir Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka, il n'empêche qu'il bute sur des obstacles de la part des deux hommes. En effet, le camp Ratsiraka pose comme préalable , la libération de son premier ministre retenu en "résidence surveillée". Une résidence surveillée qui, semble t-il, a été demandée par l'intéressé lui-même qui déclare avoir peur de ses ex-amis dont certains l'accusent de trahison. Entretien exclusif avec le ministre sénégalais des affaires étrangères, de l'Union africaine et des Sénégalais de l'extérieur.
De notre correspondant à Dakar

RFI: M. le ministre, «Dakar 2» aura t-il finalement lieu ?
Cheikh Gadio: En principe oui. Nous faisons tout pour que la réunion se tienne effectivement. Certes il y a eu quelques difficultés liées notamment à la situation du premier ministre du président Ratsiraka, mais les discussions continuent. Et précisément, c'est parce qu'il y a ces difficultés qu'il est urgent de tenir cette rencontre dite «Dakar 2» qui permettrait d'ouvrir ou de renouer le dialogue politique entre les frères malgaches pour trouver une solution. Les deux hommes sont d'accord qu'en dehors du dialogue politique, il ne reste malheureusement que la violence et la partition du pays. Et tous les deux sont absolument opposés à cela. Donc notre espoir est que le processus continue, en rapport bien entendu avec l’OUA, qui reste maîtresse d'oeuvre de tout le processus, en rapport avec la présidence zambienne (de l’OUA, ndlr), et l'ensemble des pays facilitateurs. Nous avons confirmation de l'arrivée mardi soir (l'interview a été réalisée mardi après-midi) du vice- premier ministre de Marc Ravalomanana et de son ministre des affaires étrangères. Nous avons espoir que certains obstacles vont être levés pour que le président Ratsiraka arrive ici à Dakar le plus rapidement possible.

RFI: Mais y croyez-vous vraiment ?
Cheikh Gadio: Nous savons que monsieur Ravalomanana s'est engagé à quitter Madagascar mercredi si les conditions sont réunies, c'est- à -dire si l'avion est en place, pour se rendre à Dakar. C'est vrai aussi qu'il y a une demande pendante du président Ratsiraka pour que l'Organe central de l'OUA (de résolution des conflits) essaie d'examiner la situation de son pays. Le Sénégal est membre de cet organe, donc nous n'avons aucun problème avec cette demande. Notre seule inquiétude, c'est que un jour d'attente de plus ferait plus de mal qu'autre chose, et que donc, il est urgent d'organiser le dialogue politique. Par ailleurs, notre compréhension est que l'Organe central se réunirait pour faire une recommandation pour que le dialogue politique prévu à Dakar se tienne le plus tôt possible, étant entendu qu'organiser une réunion de dix sept pays ne serait pas très facile à mettre sur pied rapidement.

RFI: Donc une réunion de l'Organe central après la réunion de Dakar ?
Cheikh Gadio: L'ordre souhaité par le président Ratsiraka est une réunion de l'Organe central, suivie de la réunion de Dakar. Nous, il nous semble que si la réunion de Dakar doit porter sur le dialogue politique qui est la finalité de tous ces efforts, il faut la tenir tout de suite. Maintenons, nous comprenons que c'est une demande très importante du président Ratsiraka et il faut qu'on en tienne compte et qu'on trouve les moyens d'un compromis, d'un consensus sur cette question.

RFI: Au regard de tous ces obstacles, il semble que les dates de 29, 30 mai sont désormais caduques ?
Cheikh Gadio: Si M. Ravalomana décolle mercredi et si M.ramtsirak pars jeudi, donc matériellement on ne pourra plus tenir cette réunion comme prévu. Pour l'heure, nous souhaitons avoir Marc Ravalomana le 29, Didier Ratsiraka le jeudi 30 ou le vendredi 31, pour commencer les consultations préalables pendant une journée au moins, et ensuite, tenir le forum politique avec le groupe des chefs d'Etat facilitateurs et après seulement, on passerait à cette commission qui doit examiner les mesures d'urgence à prendre au plan économique pour la relance des activités économiques du pays, et de sa reconstruction.

RFI: Ratsiraka réclame la libération de son premier ministre avant de venir à Dakar, est-ce que à niveau là vous avez des informations précises?
Cheikh Gadio: C'est une demande plus que légitime que nous avons appuyée en faisant parvenir un message à Ravalomanana sur cette question. Les discussions sont en cours, les négociations continuent. Il nous a été fait comprendre que M. le premier ministre n'est pas emprisonné, qu'il est à sa résidence où il a choisi de rester. Si c'est le cas, ça pose moins de problème. Mais si ce n'est pas le cas, il est évident qu'il y a problème à engager des négociations dans un climat de ce genre. Donc, nous souhaitons vivement que les deux parties s'accordent sur cette question de liberté de mouvement du premier ministre. Qu'on dépasse ce genre de problèmes pour nous concentrer rapidement sur le plus important, c’est à dire ramener la paix, la concorde nationale et la réconciliation à Madagascar.

A écouter:
Cheikh Gadio ministre sénégalais des Affaires étrangères, au micro d'Olivier Rogez. (29/05/2002)



par Demba  Ndiaye

Article publié le 29/05/2002