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Madagascar

Les deux présidents convoqués à Dakar

Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana ont reçu une invitation sous forme d’ultimatum à se rendre de nouveau à Dakar pour discuter de la résolution des différends qui les opposent et qui plongent leur pays dans la guerre civile.
Viendront-ils, ne viendront-ils pas ? Jusqu’au dernier moment le président Abdoulaye Wade du Sénégal et le secrétaire général de l’OUA y ont cru. Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana, attendus à Dakar les 29, 30 ou 31 mai pour rediscuter l’Accord du 18 avril dernier n’ont pas effectué le déplacement. Mais chaque partie avait dépêché quelques jours plus tôt une délégation dans la capitale sénégalaise. Ce geste laissait augurer d’une bonne disposition des protagonistes à se retrouver autour d’une table de discussion. Amara Essy, le secrétaire avait fondé beaucoup d’espoir dans cette rencontre, baptisée Dakar 2, pour retarder l’échéance de la confrontation militaire qui se précisait de part et d’autre.

Face à la rapide évolution de la situation dans la grande île le président Omar bongo du Gabon a invité son homologue sénégalais, Abdoulaye Wade, coordonnateur du Comité des chefs d’Etat facilitateurs pour une relance du dialogue entre les belligérants malgaches. Dominique de Villepin, le nouveau ministre français des Affaires étrangères et Amara Essy le secrétaire général de l’OUA ont également participé à cette réunion préparatoire de Dakar 2. Le ton péremptoire du communiqué final laisse soupçonner l’exaspération des participants à cette rencontre qui font appel au sens de responsabilités des deux «présidents» malgaches. Il sont fermement invités à se rendre à Dakar pour un entretien le samedi 8 juin à 15 heures précises.

Des actions de plus en plus violentes et meurtrières

Les efforts de médiation du président Wade devront déboucher sur un accord politique dont l’application sera surveillée par le président Bongo. L’implication de ces deux chefs d’Etat africains a reçu la caution de la communauté internationale témoignée par la présence à Libreville du ministre français des Affaires étrangères. L’OUA, dont les premières tentatives de médiation ont échoué, assiste néanmoins le comité des chefs d’Etat africains facilitateurs, en réactivant son organe de prévention, de gestion et de règlement des conflits. Amara Essy ne désespère pas d’ailleurs de convaincre les chefs d’Etat africains de tenir un sommet spécial sur la crise malgache. Mais pour l’instant la priorité est laissée à l’initiative du président Wade qui veut absolument obtenir des ses «invités» des «engagements fermes» comme le précise son conseiller diplomatique, shérif Sèye.

Les deux «présidents» Ratsiraka et Ravalomanana n’ont pas décliné l’invitation de Dakar, mais entendent s’y rendre «en position de force». Les actions militaires sont de plus en plus violentes et meurtrières. La stratégie du président Ravalomanana est de multiplier les fronts pour affaiblir le camp des fidèles de Didier ratsiraka. Le nord de l’île, où on a voté en majorité lors de la présidentielle en faveur de Marc Ravalomanana, est le premier champ de bataille parce que le pouvoir d’Antananarivo compte sur le soutien des populations pour garder les villes de Sambava et d’Antalaha conquises pendant le week-end des 2 et 3 juin. A défaut d’obtenir le ralliement des provinces autonomes, par les gouverneurs, le pouvoir d’Atananarivo s’est lancé à la conquête des points stratégiques, des aéroports et des pôles économiques du pays. La prise des chefs-lieux de province se révèle plus compliquée que prévue, mais fort du soutien d’une grande majorité de l’armée, le gouvernement de Marc Ravalomanana maintient la pression. Sa politique de reconquête par la force est tout de même quelque peu contrariée par la gendarmerie qui observe dans plusieurs unités une réserve et une certaine retenue à participer à des combats fratricides.



par Didier  Samson

Article publié le 05/06/2002