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Afghanistan

Polémique à l’ouverture de la Loya Jirga

Les débats ont démarré avec retard et dans une ambiance houleuse. Nombre de délégués accusent Washington d’ingérence pour son soutien à l’équipe sortante.
Ce ne sont ni des problèmes techniques, ni logistiques, mais bel et bien politiques qui ont été à l'origine du retard de l'ouverture de la Loya Jirga, lundi à Kaboul. Il semble en effet que nombre de délégués aient modérément apprécié les discussions et les jeux d’influence qui, en coulisse, auraient abouti à écarter la candidature de l’ex-souverain au poste de chef du gouvernement pendant la période de transition qui reste à parcourir. Zaher Shah n’avait manifesté à cet égard aucune ambition particulière. On avait bien compris qu’à son âge, quatre-vingt sept ans, il ne convoitait de jouer qu’un rôle symbolique de rassembleur, garant de l’unité nationale. Ce n’est pas ainsi que l’entendaient ses partisans qui, de toute évidence, attendaient davantage de lui. Et ce ne sont pas les déclarations de ralliement au chef du gouvernement sortant, Hamid Karzaï, candidat à sa propre succession, prononcées à l’ouverture de l’assemblée qui seront de nature à apaiser les esprits. Au contraire, pour les opposants à l'élection de M. Karzaï, tous ces ralliements, parfois contre nature, démontrent à l'évidence l'existence d'une manipulation. Et les efforts américains pour reconduire l'équipe sortante désignent le coupable. Washington, il est vrai, n'a pas ménagé sa peine ni caché son désir de voir renouveler dans ses fonctions le leader afghan.

Sous influence américaine ?

De là à proclamer que la Loya Jirga est sous influence américaine, il n'y a qu'un pas, allègrement franchi par plusieurs délégués qui, à l'ouverture des travaux, manifestaient leur surprise, voire leur colère, face à une réunion qui s'avérait de pure forme et dont les décisions étaient pour ainsi dire déjà prises. Les multiples interventions de l'envoyé spécial du gouvernement américain, Zalmay Khalilzad, ont agacé. Et, dit-on à Kaboul, rien n'est plus propice au torpillage de la réunion que de donner la fâcheuse impression qu'elle est téléguidée de l'étranger : détestable perspective pour les Afghans ! Ce mardi, sans surprise, le roi a donc confirmé son absence d'ambition à régner ou, plus simplement, à gouverner, tandis que des délégués réclamaient de Washington qu’elle les aide contre les ingérences extérieures. A l'ouverture des travaux Zaher Shah a déclaré son soutien à Hamid Karzaï. Les débats ont pris d’emblée une tournure résolument… afghane. Le représentant des Nations Unies à Kaboul s’est déclaré enchanté de l’ouverture des travaux mais a manifesté son appréhension sur la suite des événements. En tout cas cette Loya Jirga donne de l’état des forces politiques en Afghanistan l’instantané qui faisait défaut pour apprécier toute la complexité de la situation.



par Georges  Abou

Article publié le 11/06/2002