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Afghanistan

Assassinat politique à Kaboul

Hadji Kadir, l'un des vice-présidents afghans a été assassiné, le 6 juillet en plein jour, à Kaboul. Les deux hommes qui l’ont abattu, en pleine rue, ont réussi à prendre la fuite. Proche du président de la République, Hadji Kadir était également ministre des Transports et des Travaux publics.
Tout de suite après l'annonce de la mort d'Hadji Kadir, tous les camps se sont renvoyé la responsabilité de la mort du ministre des Transports et vice-président. En procédant par élimination on peut déjà exclure le camp d'Hamid Karzaï, puisque le Premier ministre perd avec Hadji Kadir, l'un de ses proches et pilier de son gouvernement. Il fait partie de ces Pachtounes qui avaient choisi la lutte contre les Talibans, tout comme son frère Abdul Haq assassiné en octobre dernier. Et c'est donc bien évidemment aux Talibans que l'on pense en premier. Mais cet assassinat a eu lieu en plein Kaboul, à quelques dizaines de mètres du ministère des Transports.

Or des Talibans, il n'y en a plus beaucoup dans la capitale afghane et, quand il en reste, ils ne peuvent guère sortir de peur d'être reconnus. Il reste la piste de l'Alliance du nord que l'entourage du roi s'empresse de montrer du doigt. Car, même si Hadji Kadir appartenait à l'Alliance du nord, même s'il a combattu les Talibans avec les hommes du commandant Massoud, il était devenu un homme influent au sein du gouvernement. Pachtoune modéré, puissant gouverneur de Jalalabad, il faisait de l'ombre aux successeurs de Massoud qui se sont battus pied à pied pour conserver toutes leurs positions dans le nouveau gouvernement. En lui donnant le titre de vice-président en plus de son porte-feuille des Transports, Hamid Karzaï l'avait désigné comme l'un de ses bras droits. C'est ce qui, sans doute, lui a coûté la vie.

L’incontournable de la Loya Jirgha

Barbe blanche, yeux verts et peau halée, un turban noir et or sur la tête, caractéristique des Pachtounes, Hadji Kadir était un très bel homme dont l'allure en imposait, au point que tout le monde s'écartait sur son passage. Et pourtant avec beaucoup de gentillesse et de simplicité, il se prêtait facilement au jeu des questions de la presse internationale. Hadji Kadir était, de même qu'Hamid Karzaï, de ces Pachtounes du sud qui, pour lutter contre les Talibans, combattaient de près ou de loin avec l'Alliance du Nord. Son frère Abdul Haq a été assassiné en octobre dernier par les Talibans justement parce qu'il tentait de créer un front commun pachtoune pour contrebalancer les Tadjiks du nord.

Et c'est un certain Hamid Karzaï qui, bien avant les accords de Bonn, avait été poussé par les Américains pour reprendre le flambeau d'Abdul Haq, et créer le fameux Flanc sud. Le nom d'Hadji Kadir circulait pour le ministère des Affaires étrangères, poste qui est finalement resté au docteur Abdullah de l'Alliance du nord. Hamid Karzaï n'avait pu lui obtenir que le ministère des transports mais en compensation lui avait donné un rang de vice-président au même titre que le général Fahim, le puisant ministre de la Défense et successeur du commandant Massoud. Cet assassinat est un sacré revers pour Hamid Karzaï.



par Valérie  Rohart

Article publié le 07/06/2002