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Justice

François Besse condamné à huit ans

La cour d'assise de Paris a condamné l'ancien complice de Mesrine à huit ans de prison. L'avocat général avait requis, le 11 juin, une peine n'excédant pas treize ans de réclusion criminelle contre l'ancien truand, rejugé pour des faits commis dans les années 70 avec l'ennemi public n°1 d'alors, Jacques Mesrine. Après six jours et demi de débats, l'avocat général Philippe Bilger a demandé aux jurés de tenir compte de l'ancienneté des crimes jugés, du fait que l'accusé n'a jamais tué personne, et aussi de son repentir exprimé à l'audience. Pour les même faits, il avait été condamné à mort par contumace dans les années 70.
«La fonction la plus élémentaire de l’être humain, c’est de créer de l’avenir». C’est en citant le poète Paul Valéry que l’avocat général, Philippe Bilger a conclu son réquisitoire de plus d’une heure, le 11 juin, devant la cour d’assises de Paris. Auparavant, il s’est évertué à retracer la vie de François Besse, le «roi de l’évasion» et comparse de Jacques Mesrine, dont le procès s’est ouvert le 4 juin dernier. «Treize ans, ça suffit», a-t-il dit en requérant la peine qu’il voulait voir infligée à l’ex-gangster. François Besse est en effet poursuivi pour quatre attaques à main armée en 1976 et en 1978, et pour deux évasions en 1978 et 1986.

Se refusant «à une mansuétude qui serait la pire des condescendances», Philippe Bilger a tout de même multiplié les hommages à un accusé qui a fait preuve, tout au long de l’audience, d’une exceptionnelle franchise. «J’aurai mauvaise grâce à avoir de la complaisance, d’autant que le plus grand contempteur de ces crimes, c’est Besse lui-même», a affirmé le magistrat tout en poursuivant : «Quelle volupté pour un avocat général, quelle satisfaction judiciaire d’entendre un accusé dire : je ne revendique rien, je ne veux pas être un modèle, je me suis trompé. Comme je le remercie de nous avoir dit que le crime est une horreur, qu’on ne saurait le justifier, que le criminel ne peut être aimé», a-t-il clamé.

François Besse ne fera pas appel

Lors de l’audience qui s’est ouverte le 4 juin, François Besse a porté un regard sans complaisance sur ses actions criminelles, rompant ainsi avec l’époque où les idées libertaires exprimées par son mentor Jacques Mesrine attiraient les sympathies. «Aujourd’hui, mon regard sur cette époque est sans conteste un jugement négatif. Je ne revendique rien, je ne peux être un modèle dans cette révolte, je me suis trompé», a-t-il dit au premier jour de son procès. Lors de l’audience, il a aussi condamné «la dynamique suicidaire» de Jacques Mesrine, prisonnier selon lui de son escalade violente.

François Besse a expliqué, peu avant le réquisitoire de l'avocat général Philippe Bilger qu’il accepterait la décision de la cour d’assises et qu’il ne ferait pas appel. Mercredi, après les interventions de ses avocats, il a pris, une dernière fois, la parole en s’adressant directement au représentant du parquet : «Hier, Monsieur l’avocat général, vous avez lancé comme un espoir pour moi et cet espoir je ne peux l’accepter pour moi-même. Je voudrais qu’il soit pour tous ceux qui sont sur un mauvais chemin et qui peuvent penser que quelque chose peut changer. Je voudrais être cet exemple-là», a-t-il déclaré.

Les neuf jurés et les trois magistrats n'ont pas suivi le réquisitoire de l'avocat général et permettent ainsi à François Besse, 58 ans, d’espérer une libération dans un avenir relativement proche. Dans ce cas de figure, la peine pourrait être confondue avec celles que le «roi de l’évasion» purge actuellement. Son incarcération doit théoriquement s’achever en 2019, mais il peut cependant présenter une demande de libération conditionnelle à partir de 2009.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 12/06/2002