Madagascar
Ambiance de fin de règne pour Ratsiraka
Les événements se précipitent à Madagascar : les villes et les régions encore aux mains des partisans de Didier Ratsiraka, tombent les unes après les autres. Le nouveau président élu, Marc Ravalomanana étend donc progressivement son pouvoir dans les provinces. Le président sortant, Didier Ratsiraka a quitté la Grande Ile.
De notre correspondant à Madagascar
Dans la capitale, les spéculations vont bon train concernant l’avenir de Didier Ratsiraka. Reviendra-t-il, comme il l’a promis ou bien a-t-il quitté définitivement Madagascar ? La deuxième hypothèse a la faveur des pronostics dans les rues d’Antananarivo. «De toutes les façons, commente un étudiant, c’est lui, Didier Ratsiraka, le problème de ce pays. Il l’a dit lui-même. Donc maintenant, le problème est résolu».
En tout état de cause, sur le terrain comme dans ses propos, son adversaire Marc Ravalomanana affirme son pouvoir et son autorité. «Je suis le président de tous les Malgaches» a-t-il réaffirmé vendredi, lors d’un discours d’appel à la réconciliation nationale. Une manière de considérer sans doute que la page Ratsiraka est en train de se tourner.
«Ce n’est pas une fuite du tout », expliquait Didier Ratsiraka interrogé sur son départ surprise de Madagascar. «Si j’abandonne maintenant, ce serait vraiment une désertion». Depuis Paris où il se trouve, depuis vendredi «l’Amiral» réaffirme son intention de ne pas lâcher la barre. Simplement, que maîtrise-t-il encore sur le terrain ? Plus grand chose.
L’offensive militaire lancée il y a un mois par le camp de Marc Ravalomanana remporte succès sur succès. Sur la côte nord-est, ses troupes progressent en direction d’Antsiranana (anciennement Diego-Suarez). Elles se trouvent actuellement à 250 km au sud, au niveau de la ville de Vohemar, qui est passée sous leur contrôle ce vendredi soir. D’autres militaires avancent sur la côte nord-ouest. Ces deux fronts visent prendre la capitale provinciale (Antsiranana) en tenaille.
Pas un coup de feu échangé
Plus significatif, les prises de contrôle, en quelques heures, des villes de Majunga au nord-ouest et de Tulear au sud-ouest. A chaque fois, le même scénario. Les éléments avancés des troupes pro-Ravalomanana se sont emparées de l’aéroport, ont pénétré en ville, ont négocié avec des autorités locales pour que tout se passe pacifiquement. A chaque fois, pas de résistance, pas de coups de feu échangés. Dans les deux cas, les gouverneurs sont déjà loin. Selon certaines sources, à Majunga comme à Tulear, les gouverneurs ont pu s’enfuir en échange de leur reddition tacite.
En tout cas, après Morondava et Manakara, les partisans du nouveau président élu ont dégagé deux nouveaux accès à la mer. Le port de Majunga, notamment, est le deuxième plus important du pays. D’où l’intérêt stratégique qu’il représentait, pour approvisionner la capitale. L’avancée de «l’armée de libération nationale», comme on l’appelle officiellement dans la camp Ravalomanana, s’accompagne d’une levée des barrages sur les axes routiers, et d’une installation progressive du pouvoir du nouveau président élu, qui contrôle à présent 4 des 6 provinces malgaches. « Ces succès militaires sont facilités, note un expert étranger, par les défections que l’on constate au sein des unités jusque-là fidèles à Didier Ratsiraka. » Autrement dit, de plus en plus de soldats refusent d’obéir aux ordres d’officiers du camp de l’Amiral, et préfèrent regagner leur caserne. Ne restent que quelques groupes de miliciens qui essayent de résister, de retarder l’échéance. « Tout sera terminé d’ici à une semaine », prédit un diplomate.
Les bastions encore tenus par les Ratsirakistes sont l’île touristique de Nosy Be et les villes d’Antsiranana et de Toamasina (ex-Tamatave), le fief de Didier Ratsiraka. De nombreuses personnalités politiques fidèles au président sortant se trouvent encore là-bas, retranchées, «déprimées et angoissées», selon un observateur étranger. On dit que certaines de ces personnalités auraient pris contact avec le camp du nouveau président élu, afin de trouver une porte de sortie, au sens propre comme au sens figuré. Ambiance de fin de règne.
Dans la capitale, les spéculations vont bon train concernant l’avenir de Didier Ratsiraka. Reviendra-t-il, comme il l’a promis ou bien a-t-il quitté définitivement Madagascar ? La deuxième hypothèse a la faveur des pronostics dans les rues d’Antananarivo. «De toutes les façons, commente un étudiant, c’est lui, Didier Ratsiraka, le problème de ce pays. Il l’a dit lui-même. Donc maintenant, le problème est résolu».
En tout état de cause, sur le terrain comme dans ses propos, son adversaire Marc Ravalomanana affirme son pouvoir et son autorité. «Je suis le président de tous les Malgaches» a-t-il réaffirmé vendredi, lors d’un discours d’appel à la réconciliation nationale. Une manière de considérer sans doute que la page Ratsiraka est en train de se tourner.
«Ce n’est pas une fuite du tout », expliquait Didier Ratsiraka interrogé sur son départ surprise de Madagascar. «Si j’abandonne maintenant, ce serait vraiment une désertion». Depuis Paris où il se trouve, depuis vendredi «l’Amiral» réaffirme son intention de ne pas lâcher la barre. Simplement, que maîtrise-t-il encore sur le terrain ? Plus grand chose.
L’offensive militaire lancée il y a un mois par le camp de Marc Ravalomanana remporte succès sur succès. Sur la côte nord-est, ses troupes progressent en direction d’Antsiranana (anciennement Diego-Suarez). Elles se trouvent actuellement à 250 km au sud, au niveau de la ville de Vohemar, qui est passée sous leur contrôle ce vendredi soir. D’autres militaires avancent sur la côte nord-ouest. Ces deux fronts visent prendre la capitale provinciale (Antsiranana) en tenaille.
Pas un coup de feu échangé
Plus significatif, les prises de contrôle, en quelques heures, des villes de Majunga au nord-ouest et de Tulear au sud-ouest. A chaque fois, le même scénario. Les éléments avancés des troupes pro-Ravalomanana se sont emparées de l’aéroport, ont pénétré en ville, ont négocié avec des autorités locales pour que tout se passe pacifiquement. A chaque fois, pas de résistance, pas de coups de feu échangés. Dans les deux cas, les gouverneurs sont déjà loin. Selon certaines sources, à Majunga comme à Tulear, les gouverneurs ont pu s’enfuir en échange de leur reddition tacite.
En tout cas, après Morondava et Manakara, les partisans du nouveau président élu ont dégagé deux nouveaux accès à la mer. Le port de Majunga, notamment, est le deuxième plus important du pays. D’où l’intérêt stratégique qu’il représentait, pour approvisionner la capitale. L’avancée de «l’armée de libération nationale», comme on l’appelle officiellement dans la camp Ravalomanana, s’accompagne d’une levée des barrages sur les axes routiers, et d’une installation progressive du pouvoir du nouveau président élu, qui contrôle à présent 4 des 6 provinces malgaches. « Ces succès militaires sont facilités, note un expert étranger, par les défections que l’on constate au sein des unités jusque-là fidèles à Didier Ratsiraka. » Autrement dit, de plus en plus de soldats refusent d’obéir aux ordres d’officiers du camp de l’Amiral, et préfèrent regagner leur caserne. Ne restent que quelques groupes de miliciens qui essayent de résister, de retarder l’échéance. « Tout sera terminé d’ici à une semaine », prédit un diplomate.
Les bastions encore tenus par les Ratsirakistes sont l’île touristique de Nosy Be et les villes d’Antsiranana et de Toamasina (ex-Tamatave), le fief de Didier Ratsiraka. De nombreuses personnalités politiques fidèles au président sortant se trouvent encore là-bas, retranchées, «déprimées et angoissées», selon un observateur étranger. On dit que certaines de ces personnalités auraient pris contact avec le camp du nouveau président élu, afin de trouver une porte de sortie, au sens propre comme au sens figuré. Ambiance de fin de règne.
par Olivier Péguy
Article publié le 15/06/2002