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Proche-Orient

Les scénarios de la riposte israélienne

Après les attentats de Jérusalem – dans le quartier de French Hill et sur la route de Gilo- et l’attaque contre la colonie juive d’Itamar près de Naplouse qui ont fait 31 morts au total, le gouvernement israélien prépare les scénarios d’une réponse qui se veut musclée. De son côté, la direction palestinienne a une nouvelle fois condamné les attentats-suicides et salue les positions de l’Union européenne à l’issue de la conférence de Séville.
De notre correspondant à Ramallah

Progressivement, l’étau militaire israélien se resserre autour des villes palestiniennes de Cisjordanie. Désormais, Jenine, Naplouse, Toulkarem, Qalqiliya sont totalement réoccupées ou partiellement comme à Bethléem. A Ramallah, où se trouve le siège de Yasser Arafat, seul le faubourg de Beitounia au sud de la ville, est passé sous contrôle de l’armée israélienne. Ces opérations de réoccupation font partie de la première étape de la riposte israélienne après les derniers attentats de Jerusalem-Est et de Gilo (26 morts), ainsi que de l’attaque contre la colonie juive d’Itamar dans la région de Naplouse (5 morts).

Vendredi dernier, le cabinet d’Ariel Sharon a approuvé un plan de réoccupation des Territoires palestiniens «aussi longtemps que nécessaire». Le directeur général du ministère israélien de la Défense, Amos Yaron, a ainsi affirmé que l’armée se préparait à apporter une réponse «écrasante et décisive» aux attaques terroristes. «Nous devons entamer une action beaucoup plus massive que ce que nous avons accompli jusqu’ici. Si cela signifie entrer dans les territoires et y rester longtemps, alors nous devrons l’envisager», a-t-il déclaré à la radio israélienne. Dans ce contexte, le gouvernement a décidé le rappel sous les drapeaux de plusieurs milliers de réservistes, recourant à une procédure d'urgence.

Parmi les scénarios possibles, les responsables israéliens évoquent également ouvertement l’éventualité d’administrer les Territoires autonomes palestiniens, une option qui équivaudrait à un retour à la situation prévalant avant la signature des accords d’Oslo en 1993 et porterait le coup de grâce à l’Autorité palestinienne. Enfin, le gouvernement israélien examine aussi la possibilité d’expulser les familles de kamikazes palestiniens vers la bande de Gaza.

Ariel Sharon dans l’impasse

De son côté, le président Yasser Arafat a une nouvelle fois condamné les attentats-suicides contre les civils israéliens dans une interview au quotidien israélien Haaretz, approuvant de surcroît l’appel de personnalités palestiniennes demandant l’arrêt de ces actes de terreur. Dans cette même interview, le leader palestinien s’est dit prêt à accepter le plan Clinton, qu’il avait rejeté il y a deux ans. Mais selon l’un de ses proches conseillers, Hani Al-Hassan, «maîtrisant mal l’anglais, Yasser Arafat a fait une confusion et voulait dire qu’il approuvait le plan de Taba», dernière mouture des négociations israélo-palestiniennes.

«Dans tous les cas, poursuit Hani Al-Hassan, nous sommes reconnaissants à l’Union européenne au sommet de Séville d’avoir réaffirmé son soutien à un Etat palestinien dans les frontières de 1967 et demandé la convocation d’une conférence internationale. C’est une position anti-Sharon, et selon moi, le Premier ministre israélien est en train de perdre la bataille politique. Car si Georges Bush propose lui aussi une conférence sur le Proche-Orient, Ariel Sharon sera battu sur tous les tableaux : s’il dit oui, il fait éclater sa coalition gouvernementale, et s’il dit non, il défie directement les Etats-Unis». Pour Hani Al-Hassan, malgré les difficultés actuelles, les Palestiniens ont réalisé plusieurs avancées diplomatiques qui vont constituer les nouveaux termes de référence d’une solution au conflit israélo-palestinienne : «la question de l’Etat palestinien n’est désormais plus négociable, de même, qu'il est acquis que les colons devront partir».

Mais attendant, les critiques contre Yasser Arafat et l’Autorité palestinienne sont de nouveau sur toutes les lèvres. «Nous avons besoin d’un leadership responsable, explique Moustapha Bargouthi, analyste politique. Et pour cela, seules des élections démocratiques pourront relégitimer le pouvoir palestinien». Selon lui, «les Palestiniens ont l’impression que Yasser Arafat ne souhaite qu’une seule chose : sauver son siège et se maintenir au pouvoir».



par Christian  Chesnot

Article publié le 23/06/2002