Madagascar
Nouvelle tentative de médiation africaine
Après l’échec de Dakar I et II, l’Organisation de l’unité africaine reprend l’initiative en tentant de regrouper tous les belligérants au siège de l’organisation à Addis-Abeba. Mais chaque jour apporte son lot de surprises dans la Grande Ile qui remet continuellement en cause les termes d’une discussion préalablement arrêtés.
Le premier accord signé à Dakar le 19 avril, entre les protagonistes malgaches avait fait l’objet d’interprétation dans chaque camp qui y trouvait la validation de ses revendications. Ainsi l’alinéa qui prévoyait l’organisation d’un référendum si un nouveau décompte des voix ne dégageait pas une majorité dès le premier tour, a été la pierre d’achoppement qui a réduit à néant ce qui avait été vécu comme un succès de la diplomatie sénégalaise. Didier Ratsiraka refuse le «nouveau décompte» des voix par la Cour constitutionnelle qui donne un net avantage à Marc Ravalomanana qui s’en prévaut pour ne plus être le président «auto-proclamé» mais bel et bien le président «élu» de Madagascar. De fait, le référendum n’a plus lieu d’être, mais les représentants de l’OUA et certains chefs d’Etat africains confient en privé «que la sagesse voudrait qu’un référendum départageant les deux protagonistes se tienne».
Dakar II, du 9 juin, renoue les fils du dialogue entre frères ennemis, en prévoyant une période transitoire. Un gouvernement qui respecterait une stricte parité dans sa composition conduirait le pays aux élections législatives anticipées. Cette nouvelle notion introduite dans les négociations de sortie de crise ne tient pas compte des réalités sur le terrain, d’un pays divisé, aux pouvoirs parallèles, plongé dans une profonde crise économique. Les barrages et blocus entretenus par le camp Ratsiraka exaspèrent le camp des «légalistes» qui passe à l’attaque. De deux provinces il étend son contrôle sur la quasi totalité du pays par des actions militaires. Pour Didier Ratsiraka les victoires militaires de ses adversaires sont bien la preuve de leur intention de ne pas respecter les «engagements de Dakar». Chaque camp ayant le souci de se prévaloir d’une certaine occupation de terrain pour influencer les négociations.
A ce jeu, Marc Ravalomanana a pris un net avantage sur son adversaire, qui a trouvé dans le départ de son fief de Toamasina, quelques arguments pour regagner le terrain perdu. L’épisode de l’avion transportant des mercenaires évoque bien cette volonté de rééquilibrer la balance avant d’aller aux discussions d’Addis-Abeba. Amara Essy, le secrétaire général de l’OUA, qui a engagé son organisation dans les négociations, a tout même laissé le leadership au président Wade du Sénégal à la tête d’un groupe de «chefs d’Etat facilitateurs» qui ont tant conduit des négociations pour une réelle solution politique qu’ils ont aussi cherché à donner une prime au sortant. Face à ces différents échecs l’OUA reprend la main et daigne réactiver son organe central de mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits qui va examiner le cas malgache.
Ratsiraka a le soutien implicite de certains chefs d’Etat.
Les 17 Etats membres de cet organe se sont prononcés en faveur en faveur d’un sommet pour aborder dans le fond la crise politique à Madagascar qui glisse de plus en plus vers un conflit armé. Levy Mwanawasa, président en exercice de l’OUA et chef de l’Etat zambien s’est rendu en personne le 21 juin à Addis-Abeba pour participer audit sommet. Les présidents Benjamin Mpaka de Tanzanie, Joaquim Chissano de Mozambique et Abdoulaye Wade du Sénégal sont attendus à l’African House siège de l’OUA dans la capitale éthiopienne. De nombreux autres chef d’Etat n’ont pas signalé leur participation réelle mais des délégations diplomatiques devraient suppléer leur absence. C’est aussi l’option choisie par Marc Ravalomanana qui se fait représenter par une forte délégation ministérielle. Il affirme qu’il n’y a plus lieu de «négocier avec Didier Ratsiraka» qu’il accuse d’avoir organisé la tentative de débarquement des mercenaires à Antananarivo. A ses yeux, le président est un «criminel passible de la Cour pénale internationale». Il apparaît désormais clair que l’amiral Didier Ratsiraka risque d’être mis aux arrêts s’il retourne effectivement sur la Grande Ile, comme il l’a prévu après le sommet d’Addis-Abeba. Dans la capitale éthiopienne, il compte tenir sa place d’adversaire de Marc Ravalomanana, et mieux encore, se rendre à Durban le mois prochain au sommet de l’OUA comme représentant de son pays.
Il a le soutien implicite de certains dirigeants africains qui continuent de croire que plan de réconciliation nationale à Madagascar est torpillé par Marc Ravalomanana. C’est l’avis de Gnassingbé Eyadema, le président du Togo, qui choisit une métaphore footbalistique pour illustrer son propos: «Le pouvoir il faut l’avoir dans la légalité. C’est comme le football. A la mi-temps, une équipe mène par 2 à 1. Quand l’arbitre siffle le début de la seconde mi-temps, une équipe refuse de reprendre le match. Ca ne va pas». Cette prise de position ramène à l’échelle africaine les oppositions à Madagascar qui s’analysent en deux approches différentes. «Le problème malgache est devenu un problème africain» déclare un ministre congolais. En effet la crise malgache renvoie aux sempiternelles querelles post-électorales qui minent la quasi totalité des démocraties africaines. Elles acceptent rarement l’alternance dans la douceur.
Dakar II, du 9 juin, renoue les fils du dialogue entre frères ennemis, en prévoyant une période transitoire. Un gouvernement qui respecterait une stricte parité dans sa composition conduirait le pays aux élections législatives anticipées. Cette nouvelle notion introduite dans les négociations de sortie de crise ne tient pas compte des réalités sur le terrain, d’un pays divisé, aux pouvoirs parallèles, plongé dans une profonde crise économique. Les barrages et blocus entretenus par le camp Ratsiraka exaspèrent le camp des «légalistes» qui passe à l’attaque. De deux provinces il étend son contrôle sur la quasi totalité du pays par des actions militaires. Pour Didier Ratsiraka les victoires militaires de ses adversaires sont bien la preuve de leur intention de ne pas respecter les «engagements de Dakar». Chaque camp ayant le souci de se prévaloir d’une certaine occupation de terrain pour influencer les négociations.
A ce jeu, Marc Ravalomanana a pris un net avantage sur son adversaire, qui a trouvé dans le départ de son fief de Toamasina, quelques arguments pour regagner le terrain perdu. L’épisode de l’avion transportant des mercenaires évoque bien cette volonté de rééquilibrer la balance avant d’aller aux discussions d’Addis-Abeba. Amara Essy, le secrétaire général de l’OUA, qui a engagé son organisation dans les négociations, a tout même laissé le leadership au président Wade du Sénégal à la tête d’un groupe de «chefs d’Etat facilitateurs» qui ont tant conduit des négociations pour une réelle solution politique qu’ils ont aussi cherché à donner une prime au sortant. Face à ces différents échecs l’OUA reprend la main et daigne réactiver son organe central de mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits qui va examiner le cas malgache.
Ratsiraka a le soutien implicite de certains chefs d’Etat.
Les 17 Etats membres de cet organe se sont prononcés en faveur en faveur d’un sommet pour aborder dans le fond la crise politique à Madagascar qui glisse de plus en plus vers un conflit armé. Levy Mwanawasa, président en exercice de l’OUA et chef de l’Etat zambien s’est rendu en personne le 21 juin à Addis-Abeba pour participer audit sommet. Les présidents Benjamin Mpaka de Tanzanie, Joaquim Chissano de Mozambique et Abdoulaye Wade du Sénégal sont attendus à l’African House siège de l’OUA dans la capitale éthiopienne. De nombreux autres chef d’Etat n’ont pas signalé leur participation réelle mais des délégations diplomatiques devraient suppléer leur absence. C’est aussi l’option choisie par Marc Ravalomanana qui se fait représenter par une forte délégation ministérielle. Il affirme qu’il n’y a plus lieu de «négocier avec Didier Ratsiraka» qu’il accuse d’avoir organisé la tentative de débarquement des mercenaires à Antananarivo. A ses yeux, le président est un «criminel passible de la Cour pénale internationale». Il apparaît désormais clair que l’amiral Didier Ratsiraka risque d’être mis aux arrêts s’il retourne effectivement sur la Grande Ile, comme il l’a prévu après le sommet d’Addis-Abeba. Dans la capitale éthiopienne, il compte tenir sa place d’adversaire de Marc Ravalomanana, et mieux encore, se rendre à Durban le mois prochain au sommet de l’OUA comme représentant de son pays.
Il a le soutien implicite de certains dirigeants africains qui continuent de croire que plan de réconciliation nationale à Madagascar est torpillé par Marc Ravalomanana. C’est l’avis de Gnassingbé Eyadema, le président du Togo, qui choisit une métaphore footbalistique pour illustrer son propos: «Le pouvoir il faut l’avoir dans la légalité. C’est comme le football. A la mi-temps, une équipe mène par 2 à 1. Quand l’arbitre siffle le début de la seconde mi-temps, une équipe refuse de reprendre le match. Ca ne va pas». Cette prise de position ramène à l’échelle africaine les oppositions à Madagascar qui s’analysent en deux approches différentes. «Le problème malgache est devenu un problème africain» déclare un ministre congolais. En effet la crise malgache renvoie aux sempiternelles querelles post-électorales qui minent la quasi totalité des démocraties africaines. Elles acceptent rarement l’alternance dans la douceur.
par Didier Samson
Article publié le 21/06/2002