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Proche-Orient

Paris cherche à réactiver sa diplomatie

La visite au Proche-Orient de Dominique de Villepin intervient au lendemain du sommet de Séville où les Quinze, plutôt absents ces dernières semaines sur le dossier israélo-palestinien, ont adopté une déclaration commune. Elle intervient également quelques jours avant le discours très attendu du président Bush sur la question. Le nouveau ministre français des Affaires étrangères aura donc pour délicate mission de tenter de relancer le dialogue avant que l’administration américaine n’intervienne et n’impose un point de vue qui pourrait être en contradiction avec les attentes du monde arabe et des Européens.
Paris tente de réactiver sa diplomatie au Proche-Orient et Dominique de Villepin a pour délicate mission, au cours de son déplacement qui le conduira en Egypte, en Israël, dans les Territoires palestiniens et en Arabie saoudite, de faire entendre la voix de la France dans cette région qui s’enfonce de jour en jour dans une guerre larvée. Pour cette première visite qui intervient au lendemain du sommet de Séville, le nouveau ministre français des Affaires étrangères pourra se prévaloir d’être le porte-parole de l’Union européenne, dont les chefs d’Etat viennent d’adopter une déclaration commune sur le dossier brûlant du Proche-Orient. Les Quinze se sont en effet mis d’accord sur la nécessité de «créer rapidement un Etat de Palestine démocratique, viable, pacifique et souverain, sur la base des frontières de 1967». Ils ont également soutenu «la convocation à brève échéance d’une conférence internationale qui devra se pencher sur les aspects politique, économique et sécuritaire» du dossier palestinien et qui devra se tenir sous l’égide des Etats-Unis, de l’Union européenne, de la Russie et des Nations unies.

Cette déclaration commune des Quinze précède le très attendu discours du président Bush sur la question israélo-palestinienne, prévu la semaine dernière et reporté de jour en jour à cause des attentats qui ont endeuillé l’Etat hébreu. Dans l’esprit des Européens, elle pourrait peser sur les délibérations internes de l’administration américaine qui peine à adopter une position tranchée sur ce dossier sensible. Dominique de Villepin, qui a déjà rencontré dimanche le président Moubarak et son homologue égyptien Ahmed Maher, doit notamment s’entretenir en Israël avec Shimon Peres et Ariel Sharon. Il a souligné par ailleurs sa détermination à rencontrer le président Arafat. Une rencontre des plus aléatoires puisque le chef de l’Autorité palestinienne est à nouveau assiégé depuis lundi matin dans son QG de Ramallah.

Sur le terrain, la situation se dégrade

L’histoire se répète à Ramallah où plusieurs dizaines de chars et de véhicules blindés ont en effet pénétré lundi à l’aube avant d’encercler la Mouqataa, le siège de Yasser Arafat. Cette nouvelle opération de Tsahal, baptisée Détermination, vise une fois de plus à isoler Yasser Arafat des probables négociations à venir. L’armée israélienne occupe toujours par ailleurs six des huit grandes agglomérations de Cisjordanie. Elle pourrait même rester dans les territoires autonomes jusqu’à la fin de la construction d’une clôture de sécurité, entamée la semaine dernière et prévue pour durer au moins six mois. Cette réoccupation des territoires autonomes qui ne dit pas son nom a violemment été dénoncée par les autorités palestiniennes pour qui Israël est en train de «rétablir l’occupation dans le but de détruire l’Autorité palestinienne et la remplacer par une administration civile».

Cette situation a été qualifiée de «dramatique» par Dominique de Villepin qui estime qu’«elle peut se dégrader encore bien davantage». «Tout ceci est une incitation supplémentaire pour mettre au cœur de notre action la solution politique», a-t-il affirmé. Le ministre français a par ailleurs souligné la nécessité pour la diplomatie de «retrouver ses droits afin de sortir de la spirale de violence qui frappe à nouveau la région». Après Israël et si possible Ramallah, Dominique de Villepin achèvera sa tournée dans la région en Arabie saoudite qui avait proposé un plan de paix avalisé en mars dernier par le sommet arabe de Beyrouth.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 24/06/2002