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Proche-Orient

Bush ménagé par les Arabes mais critiqué par les Européens

Contre toute attente et alors que George Bush avait clairement signifié qu’un Etat palestinien ne serait possible que sans Yasser Arafat, le chef de l’Autorité palestinienne a jugé «positif» le discours du président américain et a officiellement annoncé la tenue d’élections générales dès le début de l’année prochaine. Il a toutefois affirmé que seuls les Palestiniens étaient habilités à choisir leurs dirigeants. Une position qui semble partagée par les principales capitales arabes tandis que les Européens, certes mesurés, n’hésitent pas à critiquer la mise à l’écart du leader palestinien et appellent à une relance rapide du processus politique.
Le discours pourtant très attendu de George Bush sur le Proche Orient n’a pas suscité de réactions immédiates. Les dirigeants arabes se sont en effet gardés de condamner trop rapidement les propositions américaines et ont préféré, après semble-t-il d’importantes concertations, s’arrêter sur ce qu’il considèrent comme positif dans les propositions américaines. Dès lundi soir cependant, l’Autorité palestinienne a officiellement affirmé qu’«elle accueillait favorablement les idées proposées par M. Bush». Elle a même appelé, sans toutefois précisé à quelles «idées» elle faisait référence, à «l’ouverture de discussions bilatérales avec l’administration américaine et les frères arabes pour étudier les détails susceptibles de permettre leur application».

Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe a ainsi relevé «un certain nombre de points positifs» et a souhaité que «les consultations des pays arabes aboutiront à une position objective pour favoriser l’avènement d’un Etat palestinien». Le président égyptien Hosni Moubarak a de son côté estimé que le discours du président Bush était «pleinement équilibré». Il a refusé d’y voir une demande de mise à l’écart du président Arafat mais une simple «demande de réformes de l’Autorité palestinienne et la formation d’une nouvelle administration». Même son de cloche chez les Jordaniens pour qui «il est important que les Etats-Unis prennent l’initiative pour mettre un terme au conflit». Amman se dit même prêt à œuvrer avec Washington pour mettre «fin à l’occupation israélienne et permettre l’établissement d’un Etat palestinien».

Des pays comme l’Arabie saoudite, qui a proposé un plan de pays avalisé par le dernier sommet arabe de Beyrouth, ou la Syrie, d’ordinaire très critique sur le soutien américain à l’Etat hébreu, ont toutefois réservé leur réaction. Les pays du Maghreb et les monarchies du Golfe sont jusqu’à présent restés muets. L’Iran, pris à partie par le président américain pour son soutien aux organisations radicales palestiniennes, a en revanche violemment dénoncé «une position superficielle et illogique», accusant Washington de «soutenir l’occupation israélienne». Le Hamas et le Jihad islamique, qui ont revendiqué les principaux attentats contre l’Etat hébreu, ont pour leur part appelé à «poursuivre la résistance».

Les Européens beaucoup plus critiques

Le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin, en visite en Israël et dans les Territoires palestiniens, a le premier réagi au discours du président américain en affirmant qu’«il convergeait avec les objectifs de la France et de l’Union européenne en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, l’arrêt de la colonisation et la fin de l’occupation des territoires palestiniens». Il a toutefois clairement critiqué la volonté de George Bush de mettre à l’écart le président de l’Autorité palestinienne. Après sa rencontre mardi avec Yasser Arafat, Dominique de Villepin a confirmé qu’il y aurait au début de l’année des élections générales dans les territoires palestiniens mais il a souligné que «c’est aux Palestiniens seuls qu’il revient de choisir leurs dirigeants». Même Londres, pourtant fidèle allié de Washington, s’est démarqué de la volonté américaine d’écarter Yasser Arafat en se déclarant «prêt à négocier avec Yasser Arafat s’il est réélu».

Encore plus critique, la Suède a estimé«ni acceptable en terme de droit international ni sage d’un point de vue politique» les propositions américaines. Une position partagée par l’Italie qui juge que le discours de George Bush «est à haut risque». L’UE quant à elle maintient son souhait d’une conférence internationale. Le Haut représentant pour la politique extérieure Javier Solana a ainsi affirmé que «l’UE partage le même objectif fondamental que les Etats-Unis au Proche Orient» mais il a souligné qu’une conférence internationale était «plus que jamais nécessaire». Washington risque donc d’avoir du mal à rallier les Quinze à son point de vue et George Bush pourrait ne pas obtenir le soutien des Européens et de la Russie qu’il espérait sans doute convaincre lors du sommet du G8 qui s’ouvre ce mercredi au Canada.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 25/06/2002