Grande-Bretagne
Le «plan panique» très politique de Tony Blair
A la veille du sommet européen de Séville, Londres fourbit ses armes sur le dossier de l’immigration illégale. Désormais symbolisée par le centre de Sangatte, la question des clandestins est plus que jamais brûlante en Grande Bretagne et c’est avec cette lourde pression domestique que le Premier ministre Tony Blair vient à Séville avec des propositions très fermes et l’intention de bousculer quelque peu ses partenaires européens.
De notre correspondante à Londres
Au sein de l’Union le Royaume Uni se place dans le camp des «durs». Le gouvernement travailliste de Tony Blair rejoint ainsi ceux de droite de l’Espagne et de l’Italie notamment pour proposer des solutions musclées mais aussi conflictuelles parmi les Quinze. Ainsi la proposition de Madrid prévoyant des sanctions vis-à-vis des pays tiers qui ne coopèrent pas suffisamment avec l'UE a suscité les réserves de plusieurs pays, en particulier la Suède et la France.
La présidence espagnole suggère que l'Union fixe, dans les futurs accords de réadmission avec les pays tiers, une «obligation» de retour de leurs ressortissants entrés illégalement dans un État membre. Elle prévoit aussi que les pays tiers insuffisamment coopératifs dans la lutte contre les clandestins puissent voir leurs aides revues. La pression s'exercerait en outre dans le cadre de nouveaux accords de coopération ou d'association, qui pourraient être suspendus en cas de mauvaise application dans le secteur de la lutte contre l'immigration clandestine. Si certains pays craignent ainsi d’envoyer un message négatif sur la constitution d’une «Europe-forteresse» repliée sur elle-même, d’autres et notamment l’Angleterre privilégient désormais la menace de sanctions.
Un durcissement de ton très net de la part de Londres qui cherche depuis plusieurs mois à faire mentir la réputation britannique de soft touch, c’est-à-dire de havre pour les clandestins. En occupant de façon régulière et médiatique ce terrain, le cabinet Blair veut en fait couper l’herbe sous le pied à la fois des conservateurs mais également des formations d’extrême droite encore embryonnaires dans ce pays, qui ne peuvent plus ainsi exploiter la question et accuser le gouvernement de laxisme. D’où un arsenal de mesures et de lois très restrictives mises en place par le ministère de l’Intérieur pour décourager les candidats à traverser la Manche pour rejoindre l’eldorado mythique de Grande Bretagne. Renforcement des contrôles à Douvres et des amendes aux camions transportant des clandestins, dispersion obligatoire et aléatoire des réfugiés à travers le pays, accélération de la procédure d’admission ou de rejet des demandes d’asile...
Pression accrue sur la France
Parallèlement, Londres a, il y a quelques semaines, déclenché un véritable plan anti-clandestins et accru la pression sur la France. Car le gouvernement britannique veut obtenir la fermeture du centre de Sangatte, quitte à prendre en charge une part de ses réfugiés. Et il parle d’aller jusqu'à l'intervention militaire pour endiguer le flux d'immigrants illégaux: une fuite orchestrée dans la presse britannique fin mai a dévoilé un arsenal de mesures projetées par Downing Street: des navires de guerre en Méditerranée pour intercepter les cargos bondés de candidats à l'immigration, des avions militaires pour renvoyer les faux requérants d'asile, une liste blanche de demandes d'asile «manifestement infondées», la construction de nouveaux centres de détention et de renvoi... Un plan draconien qui commence à inquiéter sérieusement les associations d’aide aux demandeurs d’asile et les députés de gauche qui dénoncent le «plan panique» de Tony Blair.
Craignant une diabolisation des réfugiés et un amalgame avec les migrants dit «économiques» qui vont d’un pays à l’autre à la recherche des meilleures conditions de vie offertes, ces associations réagissent en rappelant quelques simples vérités vite oubliées par le public et les médias: la Grande Bretagne a certes atteint un record de 76 000 demandes d’asile l’an dernier, mais si on mesure ce chiffre par rapport à la taille de la population, Londres arrive derrière la Belgique, les Pays-Bas, l’Irlande te l’Autriche. Qui plus est il ne faut pas oublier que globalement le Royaume Uni ne prend finalement en charge que 2% des demandeurs d’asile à travers le monde...
Au sein de l’Union le Royaume Uni se place dans le camp des «durs». Le gouvernement travailliste de Tony Blair rejoint ainsi ceux de droite de l’Espagne et de l’Italie notamment pour proposer des solutions musclées mais aussi conflictuelles parmi les Quinze. Ainsi la proposition de Madrid prévoyant des sanctions vis-à-vis des pays tiers qui ne coopèrent pas suffisamment avec l'UE a suscité les réserves de plusieurs pays, en particulier la Suède et la France.
La présidence espagnole suggère que l'Union fixe, dans les futurs accords de réadmission avec les pays tiers, une «obligation» de retour de leurs ressortissants entrés illégalement dans un État membre. Elle prévoit aussi que les pays tiers insuffisamment coopératifs dans la lutte contre les clandestins puissent voir leurs aides revues. La pression s'exercerait en outre dans le cadre de nouveaux accords de coopération ou d'association, qui pourraient être suspendus en cas de mauvaise application dans le secteur de la lutte contre l'immigration clandestine. Si certains pays craignent ainsi d’envoyer un message négatif sur la constitution d’une «Europe-forteresse» repliée sur elle-même, d’autres et notamment l’Angleterre privilégient désormais la menace de sanctions.
Un durcissement de ton très net de la part de Londres qui cherche depuis plusieurs mois à faire mentir la réputation britannique de soft touch, c’est-à-dire de havre pour les clandestins. En occupant de façon régulière et médiatique ce terrain, le cabinet Blair veut en fait couper l’herbe sous le pied à la fois des conservateurs mais également des formations d’extrême droite encore embryonnaires dans ce pays, qui ne peuvent plus ainsi exploiter la question et accuser le gouvernement de laxisme. D’où un arsenal de mesures et de lois très restrictives mises en place par le ministère de l’Intérieur pour décourager les candidats à traverser la Manche pour rejoindre l’eldorado mythique de Grande Bretagne. Renforcement des contrôles à Douvres et des amendes aux camions transportant des clandestins, dispersion obligatoire et aléatoire des réfugiés à travers le pays, accélération de la procédure d’admission ou de rejet des demandes d’asile...
Pression accrue sur la France
Parallèlement, Londres a, il y a quelques semaines, déclenché un véritable plan anti-clandestins et accru la pression sur la France. Car le gouvernement britannique veut obtenir la fermeture du centre de Sangatte, quitte à prendre en charge une part de ses réfugiés. Et il parle d’aller jusqu'à l'intervention militaire pour endiguer le flux d'immigrants illégaux: une fuite orchestrée dans la presse britannique fin mai a dévoilé un arsenal de mesures projetées par Downing Street: des navires de guerre en Méditerranée pour intercepter les cargos bondés de candidats à l'immigration, des avions militaires pour renvoyer les faux requérants d'asile, une liste blanche de demandes d'asile «manifestement infondées», la construction de nouveaux centres de détention et de renvoi... Un plan draconien qui commence à inquiéter sérieusement les associations d’aide aux demandeurs d’asile et les députés de gauche qui dénoncent le «plan panique» de Tony Blair.
Craignant une diabolisation des réfugiés et un amalgame avec les migrants dit «économiques» qui vont d’un pays à l’autre à la recherche des meilleures conditions de vie offertes, ces associations réagissent en rappelant quelques simples vérités vite oubliées par le public et les médias: la Grande Bretagne a certes atteint un record de 76 000 demandes d’asile l’an dernier, mais si on mesure ce chiffre par rapport à la taille de la population, Londres arrive derrière la Belgique, les Pays-Bas, l’Irlande te l’Autriche. Qui plus est il ne faut pas oublier que globalement le Royaume Uni ne prend finalement en charge que 2% des demandeurs d’asile à travers le monde...
par A Londres, Muriel Delcroix
Article publié le 19/06/2002