Madagascar
Le «navire Ratsiraka» prend l’eau de toutes parts
Didier Ratsiraka est rentré ce week-end, dans son fief de Toamasina, comme il l’avait promis à ses partisans. Simplement, ses partisans sont de moins en moins nombreux. A la veille de la fête nationale, l’heure n’est sans doute pas aux réjouissances dans le camp de l’Amiral.
De notre correspondant à Madagascar
A sa descente d’avion dans la nuit de samedi à dimanche, l’Amiral a pu compter sur la présence de ses partisans qui l’attendaient depuis plus de dix heures à l’aéroport de Toamasina. Il a aussi pu compter tout simplement les troupes qui lui restent fidèles. Et de constater sans doute que les rangs de ses lieutenants commencent à être clairsemés.
Son Premier ministre Tantely Andrianarivo est en résidence surveillée dans la capitale. Sur ses six gouverneurs de province, quatre ont jeté l’éponge, à Antananarivo, Fianarantsoa, Toliary et Mahajanga. D’ailleurs, le gouverneur de cette province de Mahajanga vient d’être arrêté en compagnie du ministre de la Jeunesse et des sports du camp Rastiraka. Un des anciens ministres de l’Amiral est, lui, sous les verrous à Mayotte. Enfin, un de ses plus fidèles amis, qui fut son ministre de la Défense, s’est reconverti aux Affaires étrangères, mais dans le camp adverse. Le prestige de l’Amiral s’est passablement émoussé aux yeux des cadres de l’armée, qu’il ne contrôle d’ailleurs quasiment plus. Sa cote de popularité est en chute libre chez certains de ses militants de base.
«Didier Ratsiraka devra faire le constat de la faillite d’un système, des petits trafics, des grandes trahisons, avouait il y a quelques jours, un observateur politique indépendant, sous couvert d’anonymat. Le meilleur exemple, c’est ce qui s’est passé sur les barrages érigés dans les provinces de Mahajanga et de Toliary. Ceux qui contrôlaient ces barrages n’étaient pas des idéologues pro-Ratsiraka, mais simplement des gens attirés par l’appât du gain. D’ailleurs, quand les troupes pro-Ravalomanana sont arrivées à proximité, ces gens ont détalé.» Commentaire d’un diplomate: «les rats quittent le navire».
Le vent a tourné, et par voie de conséquence, certains partisans ont retourné leur veste, en espérant sans doute en faire des gilets de sauvetage… Et l’on voit par exemple, des députés ou des sénateurs du parti Arema (Avant-garde pour la rénovation de Madagascar, parti fondé par Didier Ratsiraka) se rapprocher du camp Ravalomanana. Certains préfèrent prendre le large, au sens propre du terme. Destination: les îles voisines, la Réunion, Maurice ou même les Comores. Sans compter ceux qui ont déjà rejoint la France. Ceux qui restent sur le quai sont de moins en moins nombreux. Et ils s’interrogent sur tous ces départs: est-ce par lâcheté ou pour des raisons de sécurité ?
Ratsiraka, comme de Gaulle en 1968 ?
Et puis il y a ceux qui choisissent la fuite en avant. Trop engagés dans le camp Ratsiraka pour faire machine arrière, ils n’ont plus rien à perdre et se livrent parfois aux pires exactions, en guise peut être de baroud d’honneur. «Leur soi-disant résistance n’a rien d’héroïque, juge un officier de l’armée resté neutre. C’est stupide.»
Quand à Didier Ratsiraka, il s’accroche. «Une question de principe», explique un de ses proches. Ironie de l’histoire : l’Amiral a toujours voulu se comparer à de Gaulle. «Aujourd’hui, constate un observateur francophile, il ressemble au Général en 1968. A la veille de son départ définitif de la vie politique».
A sa descente d’avion dans la nuit de samedi à dimanche, l’Amiral a pu compter sur la présence de ses partisans qui l’attendaient depuis plus de dix heures à l’aéroport de Toamasina. Il a aussi pu compter tout simplement les troupes qui lui restent fidèles. Et de constater sans doute que les rangs de ses lieutenants commencent à être clairsemés.
Son Premier ministre Tantely Andrianarivo est en résidence surveillée dans la capitale. Sur ses six gouverneurs de province, quatre ont jeté l’éponge, à Antananarivo, Fianarantsoa, Toliary et Mahajanga. D’ailleurs, le gouverneur de cette province de Mahajanga vient d’être arrêté en compagnie du ministre de la Jeunesse et des sports du camp Rastiraka. Un des anciens ministres de l’Amiral est, lui, sous les verrous à Mayotte. Enfin, un de ses plus fidèles amis, qui fut son ministre de la Défense, s’est reconverti aux Affaires étrangères, mais dans le camp adverse. Le prestige de l’Amiral s’est passablement émoussé aux yeux des cadres de l’armée, qu’il ne contrôle d’ailleurs quasiment plus. Sa cote de popularité est en chute libre chez certains de ses militants de base.
«Didier Ratsiraka devra faire le constat de la faillite d’un système, des petits trafics, des grandes trahisons, avouait il y a quelques jours, un observateur politique indépendant, sous couvert d’anonymat. Le meilleur exemple, c’est ce qui s’est passé sur les barrages érigés dans les provinces de Mahajanga et de Toliary. Ceux qui contrôlaient ces barrages n’étaient pas des idéologues pro-Ratsiraka, mais simplement des gens attirés par l’appât du gain. D’ailleurs, quand les troupes pro-Ravalomanana sont arrivées à proximité, ces gens ont détalé.» Commentaire d’un diplomate: «les rats quittent le navire».
Le vent a tourné, et par voie de conséquence, certains partisans ont retourné leur veste, en espérant sans doute en faire des gilets de sauvetage… Et l’on voit par exemple, des députés ou des sénateurs du parti Arema (Avant-garde pour la rénovation de Madagascar, parti fondé par Didier Ratsiraka) se rapprocher du camp Ravalomanana. Certains préfèrent prendre le large, au sens propre du terme. Destination: les îles voisines, la Réunion, Maurice ou même les Comores. Sans compter ceux qui ont déjà rejoint la France. Ceux qui restent sur le quai sont de moins en moins nombreux. Et ils s’interrogent sur tous ces départs: est-ce par lâcheté ou pour des raisons de sécurité ?
Ratsiraka, comme de Gaulle en 1968 ?
Et puis il y a ceux qui choisissent la fuite en avant. Trop engagés dans le camp Ratsiraka pour faire machine arrière, ils n’ont plus rien à perdre et se livrent parfois aux pires exactions, en guise peut être de baroud d’honneur. «Leur soi-disant résistance n’a rien d’héroïque, juge un officier de l’armée resté neutre. C’est stupide.»
Quand à Didier Ratsiraka, il s’accroche. «Une question de principe», explique un de ses proches. Ironie de l’histoire : l’Amiral a toujours voulu se comparer à de Gaulle. «Aujourd’hui, constate un observateur francophile, il ressemble au Général en 1968. A la veille de son départ définitif de la vie politique».
par Olivier Péguy
Article publié le 25/06/2002