Afghanistan
Karzaï peaufine son gouvernement
Confirmé il y a une semaine à la tête de l’Afghanistan par les délégués de la Loya Jirga réunis à Kaboul, Hamid Karzaï a finalement réussi à faire avaliser par cette grande assemblée traditionnelle les bases d’un gouvernement qui aura pour principale mission d’organiser des élections générales prévues d’ici deux ans. Un gouvernement qui s’installe certes dans la continuité mais qui se veut plus représentatif de la mosaïque afghane.
Différée d’heures en heures, la composition, dans les grandes lignes, du nouveau gouvernement afghan a finalement été présentée aux délégués de la Loya Jirga réunis depuis une dizaine de jours à Kaboul. Le nouveau chef de l’Etat, Hamid Karzaï, qui a dirigé pendant six mois l’administration intérimaire, a ainsi reconduit dans leurs fonctions huit ministres de l’ancienne équipe au pouvoir. Mais cette volonté de continuité s’est également accompagnée d’un soucis de rééquilibrage puisque deux nouveaux ministres, issus de l’ethnie pachtoune qui avait soutenu le gouvernement des Taliban, ont été nommés à des postes clé.
L’Alliance du Nord, la principale force d’opposition au régime du mollah Omar en majorité Tadjik, a ainsi conservé les ministères de la Défense et des Affaires étrangères. Elle a perdu en revanche le poste clé de l’Intérieur mais l’ancien ministre Yunus Qanouni, qui avait présenté sa démission quelques jours auparavant, reste au gouvernement et obtient le portefeuille de l’Education. Deux proches du président Karzaï, issus de la même ethnie pachtoune, héritent des deux ministères phare des finances et de l’Intérieur.
Le président afghan, toujours dans un soucis d’équilibre, a par ailleurs annoncé la nomination de trois vice-présidents. Ces hommes, dont le ministre de la défense, sont tous les trois d’importants chefs de guerre. Hamid Karzaï a donc décidé d’en faire ses proches conseillers et leur a demandé de passer l’essentiel de leur temps à Kaboul afin de renforcer le gouvernement central. Une des principales missions du nouveau chef d’Etat au cours des prochains mois sera en effet d’étendre l’influence de la nouvelle administration à l’ensemble du pays. Une influence qui ne se fera qu’aux dépens des nombreux chefs de guerre qui se partagent l’Afghanistan.
Les Afghans renouent avec la politique
Au-delà de la confirmation d’Hamid Karzaï à la tête de l’Afghanistan et au-delà de la validation de son gouvernement, la Loya Jirga a permis aux Afghans de renouer avec le dialogue politique dans un pays secoué par vingt-trois années de guerre. Si la grande assemblée traditionnelle n’a fait qu’approuver des décisions qui avaient déjà été prises auparavant, elle a en revanche permis à des centaines de délégués de s’exprimer librement et d’instaurer de véritables débats. Cette attitude a montré que la classe politique afghane semblait désormais prête à en découdre sur le terrain politique et faire taire la voix des armes.
Pour certains analystes politiques en effet, le grand mérite de la Loya Jirga aura été de réunir sous le même toit des chefs de guerre et des ennemis irréductibles en leur faisant comprendre que l’avenir de l’Afghanistan pouvait être tracé de manière politique et pas seulement militaire. La Loya Jirga a également permis –et cela constitue un acquis majeur– d’ancrer la position de la femme afghane dans une société traditionnelle. Huit mois à peine après la chute du régime Taliban en effet, Massouda Jalal, l’une des deux cents femmes délégués à l’assemblée traditionnelle s’est présenté à la magistrature suprême. Et si elle n’a pas été élue, elle a néanmoins obtenu une reconnaissance incontestable pour la femme afghane.
L’Alliance du Nord, la principale force d’opposition au régime du mollah Omar en majorité Tadjik, a ainsi conservé les ministères de la Défense et des Affaires étrangères. Elle a perdu en revanche le poste clé de l’Intérieur mais l’ancien ministre Yunus Qanouni, qui avait présenté sa démission quelques jours auparavant, reste au gouvernement et obtient le portefeuille de l’Education. Deux proches du président Karzaï, issus de la même ethnie pachtoune, héritent des deux ministères phare des finances et de l’Intérieur.
Le président afghan, toujours dans un soucis d’équilibre, a par ailleurs annoncé la nomination de trois vice-présidents. Ces hommes, dont le ministre de la défense, sont tous les trois d’importants chefs de guerre. Hamid Karzaï a donc décidé d’en faire ses proches conseillers et leur a demandé de passer l’essentiel de leur temps à Kaboul afin de renforcer le gouvernement central. Une des principales missions du nouveau chef d’Etat au cours des prochains mois sera en effet d’étendre l’influence de la nouvelle administration à l’ensemble du pays. Une influence qui ne se fera qu’aux dépens des nombreux chefs de guerre qui se partagent l’Afghanistan.
Les Afghans renouent avec la politique
Au-delà de la confirmation d’Hamid Karzaï à la tête de l’Afghanistan et au-delà de la validation de son gouvernement, la Loya Jirga a permis aux Afghans de renouer avec le dialogue politique dans un pays secoué par vingt-trois années de guerre. Si la grande assemblée traditionnelle n’a fait qu’approuver des décisions qui avaient déjà été prises auparavant, elle a en revanche permis à des centaines de délégués de s’exprimer librement et d’instaurer de véritables débats. Cette attitude a montré que la classe politique afghane semblait désormais prête à en découdre sur le terrain politique et faire taire la voix des armes.
Pour certains analystes politiques en effet, le grand mérite de la Loya Jirga aura été de réunir sous le même toit des chefs de guerre et des ennemis irréductibles en leur faisant comprendre que l’avenir de l’Afghanistan pouvait être tracé de manière politique et pas seulement militaire. La Loya Jirga a également permis –et cela constitue un acquis majeur– d’ancrer la position de la femme afghane dans une société traditionnelle. Huit mois à peine après la chute du régime Taliban en effet, Massouda Jalal, l’une des deux cents femmes délégués à l’assemblée traditionnelle s’est présenté à la magistrature suprême. Et si elle n’a pas été élue, elle a néanmoins obtenu une reconnaissance incontestable pour la femme afghane.
par Mounia Daoudi
Article publié le 20/06/2002