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Immigration

Rentrer au pays

Troisième et dernier volet de la série de reportages de Catherine Potet consacrés à l’immigration vue d’Afrique.
Maguette Diakhate a vécu presque 30 ans en France, où elle est venue rejoindre son mari en 1974. Cette Sénégalaise de 49 ans, mère de six enfants, a d’abord travaillé dans des restaurants d’entreprise, avant d’ouvrir à Paris, en 1986, une boutique d’artisanat africain. Elle a aussi créé ACOFA, une association de coopération avec les femmes africaines. Car Maguette Diakhate a toujours gardé un œil sur le Sénégal : «Je ne suis pas venue pour rester définitivement en France», explique-t-elle, «même si c’est un pays qu’on ne peut pas laisser comme ça, puisque nos enfants et nos petits-enfants y vivent». Néanmoins, Maguette Diakhate passe aujourd’hui le plus clair de son temps à Dakar. Elle tente de mettre sur pied, dans la banlieue de la capitale sénégalaise, un centre d’accueil pour des femmes africaines immigrées en France, qui sont seules ou avec des enfants, et qui ne savent pas trop comment faire pour rentrer au pays. Avec son centre, Maguette Diakhate compte leur proposer un lieu où «se poser» dans un premier temps, «un lieu de formation également, avec des cours d’alphabétisation, de teinture, ou encore de maraîchage».

Un projet en forme de défi

Cela fait 5 ans maintenant que Maguette Diakhate a commencé, avec des amies bénévoles, «la course aux subventions». Elle a réuni environ 60 000 euros, grâce à des subventions du Conseil Régional d’Ile de France et de la Coopération française. Mais il lui manque encore beaucoup d’argent pour parvenir à finaliser son projet, et notamment terminer la construction du centre. Pour le moment, seuls les murs en parpaings ont été montés. Il n’y a pas de toit, pas de finition. C’est un travail de longue haleine qui demande beaucoup de ténacité. D’autant que les émigrés qui rentrent de France sont «présumés riches» : Maguette explique qu’on les appelle les «vefs» autrement dit : «les venant de France».

Et pour les «vefs», négocier les prix, au marché, ou bien encore pour l’achat de matériaux, est un exercice particulièrement délicat. Les émigrés sont censés rentrer au pays «les poches pleines». Ceux qui rentrent sans le sou, comme Khadi, une jeune femme de 32 ans, mère de deux enfants, le retour est parfois cruel : «si tu n’as pas d’argent, dit-elle, tu ne peux compter sur personne. Si tu n’es pas riche, c’est de ta faute».

Ecouter le troisième volet



par Catherine  Potet

Article publié le 14/06/2002