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Grande-Bretagne

Railtrack renationalisé partiellement

La Grande Bretagne va tenter de réconcilier ses citoyens avec leur réseau ferroviaire vétuste en mettant fin à une expérience de privatisation qui aura duré six ans. Un nouveau groupe semi-public va reprendre les voies de chemin de fer de l’opérateur en faillite Railtrack. Cette société britannique chargée des infrastructures ferroviaires, vilipendée tout au long de sa courte vie et placée sous administration judiciaire en octobre 2001, va être vendue à la société Network Rail, une société ad hoc à but non lucratif créée par le gouvernement. Comment et pourquoi en est-on arrivé là ? Les explications de Marc-Antoine de Dietrich, directeur commercial et du développement de COGIFER, société d’équipement d’infrastructures ferroviaires.
RFI : Qu’est-ce qui a motivé les autorités britanniques à renationaliser partiellement la société Railtrack ?
Marc-Antoine de Dietrich : Railtrack a été, dans un premier temps, privatisée. Cette privatisation peut être qualifiée de pure et dure par rapport à d’autres réseaux qui ont choisi une version un peu différente, c’est-à-dire, une privatisation graduelle et une ouverture au marché tandis que le gouvernement conservateur de l’époque avait, lui, décidé de privatiser tout en bloc et de transférer l’intégralité de Railtrack à l’industrie privée.

RFI : Pensez-vous que les nombreux accidents ferroviaires ces derniers temps ont précipité cette décision ?
M.A.de.D. : Je le crois. Mais ce qui a contribué à cette situation est la mesure des sous-investissements engagés. Les investissements auraient dû être plus importants que ceux budgétés autant en terme de maintenance que de renouvellement de lignes.

RFI : Cette renationalisation est-elle une situation durable ou provisoire ?
M.A.de.D. : Cette situation a des chances d’être durable étant donné l’échec patent de la privatisation et la comparaison avec d’autres réseaux qui ont choisi une privatisation plus douce mais qui a connu des succès. Il semble que Railtrack, propriétaire de l’infrastructure ferroviaire, soit renationalisé pour un long moment.

RFI : Laisser à des sociétés privées la gestion d’un secteur fondamental comme le rail à destination du public, n’est-il pas un choix dangereux ?
M.A.de.D. : Tout dépend ! Dans le cas de la Grande Bretagne, qui a pâti pendant des dizaines d’années de sous-investissements dans ce réseau, il est clair que c’est dangereux. Le principe de confier à l’industrie privée des infrastructures telles que des voix ferrées si le réseau est moderne et bien entretenu au moment de la privatisation, est une solution viable. En revanche, si le réseau est obsolète, vieux et usé, c’est courir un risque énorme.

RFI : Cette opération est-elle conforme aux directives européennes ?
M.A.de.D. : La directive européenne exige surtout une séparation de l’exploitation et de l’infrastructure et elle demande une ouverture à la concurrence de l’exploitation. En ce qui concerne l’infrastructure, il me semble que les textes européens sont moins clairs et permettent une solution de ce genre : c’est le cas notamment dans les réseaux scandinaves.



par Propos recueillis par Clarisse  VERNHES

Article publié le 27/06/2002