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Inde-Pakistan

Inde-Pakistan : vers l’apaisement ?

La mission du secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, en Inde puis au Pakistan, a été accompagnée de quelques signes de décrispation entre les deux pays qui s’opposent à propos du Cachemire. Les Etats-Unis continuent leur tentative de médiation pour éviter une aggravation de la crise.
«J’ai vu des éléments selon lesquels des membres d’Al Qaïda opèrent effectivement près de la ligne de démarcation entre les parties indienne et pakistanaise du territoire divisé [le Cachemire]». Cette déclaration de Donald Rumsfeld, faite lors de son passage à New Delhi, a été démentie jeudi par les autorités pakistanaises selon lesquelles aucun membre du réseau d’Oussama Ben Laden ne s’est mêlé aux opérations des indépendantistes du Cachemire. De leur côté, les Indiens ont, par contre, à plusieurs reprises, dénoncé la présence de groupes d’hommes «parlant arabe» dans le nord et le centre du Cachemire indien.

Si des partisans d’Al Qaïda opèrent au Cachemire, la crise entre l’Inde et le Pakistan prend une autre dimension. Du point de vue américain, elle devient l’un des enjeux de la lutte contre le terrorisme international engagée après les attentats du 11 septembre qui a déjà conduit Washington à mener des opérations militaires dans un pays de la région, l’Afghanistan. De ce point de vue, l’implication directe des Etats-Unis est plus facilement justifiable, notamment vis à vis de l’Inde qui est particulièrement soucieuse de garder une souveraineté totale dans la gestion du problème du Cachemire et a toujours manifesté la plus extrême réticence face aux tentatives internationales d’intervention. Donald Rumsfeld a d’ailleurs fait des propositions concrètes aux dirigeants indiens pour permettre un apaisement de la situation. Il a ainsi envisagé la possibilité d’une aide matérielle américaine pour mettre en place un système électronique de détection des infiltrations sur la ligne de contrôle qui marque la frontière entre les deux parties du Cachemire.

Un système électronique de détection des infiltrations

Par contre, il semble que tout déploiement de forces américaines sur le sol indien pour combattre les forces d’Al Qaïda soit exclu. Cette hypothèse qui avait été avancée par le quotidien Times of India dans son édition de mercredi, a été démentie par Washington. L’Inde avait de toute manière fait part immédiatement de son opposition à l’envoi de troupes étrangères sur son territoire. Le vice-ministre des Affaires étrangères indien, Omar Abdullah, a ainsi déclaré que les forces nationales «étaient tout à fait capables de faire face à la situation par elles-mêmes» et qu’il n’existait «aucune possibilité pour que des troupes étrangères opèrent où que ce soit sur le territoire de l’Inde».

Les dirigeants indiens ont malgré tout donné ces derniers jours quelques signes de bonne volonté. Ils ont ainsi annoncé, lundi, la levée de l’interdiction du survol de leur territoire pour les avions civils pakistanais et le retrait de certains navires de guerre qui croisaient au large des côtes du Pakistan. Ces annonces ont fait suite à l’engagement pris, la semaine dernière, par Islamabad auprès de Washington de mettre fin aux incursions menées par les séparatistes au Cachemire indien.

New Delhi refuse, par contre, d’aller plus loin et de rappeler les milliers de militaires déployés au Cachemire tant que le Pakistan ne démantèlera pas «les infrastructures terroristes» sur son sol. Dans ces conditions, le Pakistan estime que le risque de guerre entre les deux puissances qui détiennent l’arme nucléaire, est encore présent. Malgré tout, la tension est moins vive. Et les multiples pressions internationales ont permis, selon Donald Rumsfeld, «de faire des progrès».



par Valérie  Gas

Article publié le 13/06/2002