Commerce mondial
Les pays du Sud apprennent à se défendre
Pour un pays en développement, faire valoir ses droits dans les organisations multilatérales comme l'Organisation mondiale du commerce relève de l'exploit. L'Agence intergouvernementale de la francophonie contribue à la formation de négociateurs capables de défendre les intérêts des pays du Sud dans les négociations internationales.
Jusqu'à présent, les pays en développement étaient tenus d'appliquer les conclusions des négociations internationales, notamment en matière commerciales, sans avoir véritablement pesé sur les décisions. Depuis l'échec du sommet de l'OMC à Seattle en 1999 et plus encore depuis la rencontre de Doha en 2001, les poids lourds de la communauté internationale, Etats-Unis et Union européenne, particulièrement, ont appris que les pays en développement savent désormais dire «non» . Pour l’instant les pays du Sud les plus à même de bloquer les négociations sont aussi les plus importants sur le plan démographique ou économique comme l’Inde, le Brésil ou l’Afrique du Sud. Mais le tabou est rompu.
L’étape suivante consiste à présenter des contre-propositions crédibles tant sur le plan juridique que technique et c’est là que les difficultés commencent vraiment. Dans la perspective des négociations commerciales qui vont suivre la conférence de Doha ou la négociation des accords de partenariat entre l’Union européenne et les pays signataires des accords de Cotonou qui débuteront en septembre prochain, l’Agence intergouvernementale de la Francophonie participe à la préparation des négociateurs qui défendront les intérêts des pays en développement. Une première session a eu lieu fin mai à Paris qui devait se poursuivre à Bruxelles les jours suivants en liaison avec l’organisation du Commonwealth.
«Ne pas se laisser marcher sur les pieds»
Il reste beaucoup à faire pour donner aux pays en développement et aux plus petits d’entre eux les capacités humaines et les financements nécessaires à une réelle implication dans les négociations multilatérales. Esperanza Duran, qui dirige l’Agence de coopération et d’information pour le commerce international (ACICI), rappelle que sur 49 PMA (pays les moins avancés) 16 ne disposent pas d’une représentation diplomatique à Genève, siège de l’OMC et de nombreuses organisations du système des Nations unies. Il y a trop peu de spécialistes pour trop de documents et trop de réunions, dit-elle.
Un exemple, celui du Mali, évoqué par Moustapha Cissé, conseiller d’ambassade à Bruxelles. Ce pays sahélien ne disposait pas jusqu’à présent de représentant permanent à Genève. C’est donc l’ambassadeur résident à Bruxelles auprès de l’UE qui se rendait en Suisse quand des réunions importantes s’y déroulaient. Mais pour le suivi entre deux réunions, les délégués et experts manquent cruellement. A cela s’ajoute le problème de la répartition des compétences entre l’ambassade à Bruxelles et le ministère du commerce à Bamako…
Naéla Gabr, ambassadrice d’Egypte à Genève reconnaît qu’elle est favorisée par rapport à bien d’autres car son ambassade est, dit-elle, «de taille moyenne» et dispose de juristes et d’experts pour suivre l’avancement des négociations. Il n’en demeure pas moins que le champ à couvrir est énorme et que des contacts rapides entre l’ambassade et la capitale s’imposent.
L’Ile Maurice illustre parfaitement le cas des pays qui ont décidé, en dépit de leurs moyens limités, d’assurer leur présence dans les négociations commerciales internationales. Et cela depuis déjà longtemps, souligne Jaynarain Meetoo, ambassadeur de Maurice à Genève. Très vite ce pays a décidé de défendre ses intérêts en participant activement aux travaux préparatoires aux décisions. Cela implique, explique l’ambassadeur, «une identification nette de nos centres d’intérêts», agriculture, services, accès aux marchés, propriété industrielle, et à s’y tenir, quitte à ne pas être représenté sur d’autres thèmes moins prioritaires. Car, sur les aspects fondamentaux pour l’économie de Maurice «nous n’allons pas permettre qu’on nous marche sur les pieds», assure l’ambassadeur.
Consciente de ses handicaps, la république de Maurice oeuvre également au regroupement des «petites économies» qui souffrent de l’isolement de l’éloignement des grands centres, de marchés étroits. Déjà 25 pays ont répondu à l’appel, ce qui n’est plus une force tout à fait négligeable dans des institutions multilatérales où chaque pays vaut une voix.
L’étape suivante consiste à présenter des contre-propositions crédibles tant sur le plan juridique que technique et c’est là que les difficultés commencent vraiment. Dans la perspective des négociations commerciales qui vont suivre la conférence de Doha ou la négociation des accords de partenariat entre l’Union européenne et les pays signataires des accords de Cotonou qui débuteront en septembre prochain, l’Agence intergouvernementale de la Francophonie participe à la préparation des négociateurs qui défendront les intérêts des pays en développement. Une première session a eu lieu fin mai à Paris qui devait se poursuivre à Bruxelles les jours suivants en liaison avec l’organisation du Commonwealth.
«Ne pas se laisser marcher sur les pieds»
Il reste beaucoup à faire pour donner aux pays en développement et aux plus petits d’entre eux les capacités humaines et les financements nécessaires à une réelle implication dans les négociations multilatérales. Esperanza Duran, qui dirige l’Agence de coopération et d’information pour le commerce international (ACICI), rappelle que sur 49 PMA (pays les moins avancés) 16 ne disposent pas d’une représentation diplomatique à Genève, siège de l’OMC et de nombreuses organisations du système des Nations unies. Il y a trop peu de spécialistes pour trop de documents et trop de réunions, dit-elle.
Un exemple, celui du Mali, évoqué par Moustapha Cissé, conseiller d’ambassade à Bruxelles. Ce pays sahélien ne disposait pas jusqu’à présent de représentant permanent à Genève. C’est donc l’ambassadeur résident à Bruxelles auprès de l’UE qui se rendait en Suisse quand des réunions importantes s’y déroulaient. Mais pour le suivi entre deux réunions, les délégués et experts manquent cruellement. A cela s’ajoute le problème de la répartition des compétences entre l’ambassade à Bruxelles et le ministère du commerce à Bamako…
Naéla Gabr, ambassadrice d’Egypte à Genève reconnaît qu’elle est favorisée par rapport à bien d’autres car son ambassade est, dit-elle, «de taille moyenne» et dispose de juristes et d’experts pour suivre l’avancement des négociations. Il n’en demeure pas moins que le champ à couvrir est énorme et que des contacts rapides entre l’ambassade et la capitale s’imposent.
L’Ile Maurice illustre parfaitement le cas des pays qui ont décidé, en dépit de leurs moyens limités, d’assurer leur présence dans les négociations commerciales internationales. Et cela depuis déjà longtemps, souligne Jaynarain Meetoo, ambassadeur de Maurice à Genève. Très vite ce pays a décidé de défendre ses intérêts en participant activement aux travaux préparatoires aux décisions. Cela implique, explique l’ambassadeur, «une identification nette de nos centres d’intérêts», agriculture, services, accès aux marchés, propriété industrielle, et à s’y tenir, quitte à ne pas être représenté sur d’autres thèmes moins prioritaires. Car, sur les aspects fondamentaux pour l’économie de Maurice «nous n’allons pas permettre qu’on nous marche sur les pieds», assure l’ambassadeur.
Consciente de ses handicaps, la république de Maurice oeuvre également au regroupement des «petites économies» qui souffrent de l’isolement de l’éloignement des grands centres, de marchés étroits. Déjà 25 pays ont répondu à l’appel, ce qui n’est plus une force tout à fait négligeable dans des institutions multilatérales où chaque pays vaut une voix.
par Francine Quentin
Article publié le 02/06/2002