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Côte d''Ivoire

Le PDCI au coude à coude avec le FPI

Les élections locales de dimanche placent à égalité le PDCI(ex-parti unique de Henri Konan Bédié, et le FPI (de l’actuel président Laurent Gbagbo). Le RDR d’Alassane Ouattara arrive en troisième position.
Plus de cinq millions d’électeurs ivoiriens étaient appelés aux urnes, le 7 juillet, pour choisir parmi 70 953 candidats, les 2 034 conseillers départementaux et de districts qui siègeront dans les différentes assemblées régionales des 58 départements que compte le pays. Malgré l’importance de ce scrutin , dans le cadre de la décentralisation, les Ivoiriens ont globalement boudé les urnes. Le taux de participation s’est élevé à 30%, révélant le peu d’intérêt des populations pour les sujets politiques, du moins, pour ce qui concerne la vie des institutions. Les Ivoiriens sont davantage passionnés par des sujets de polémique, comme par exemple la validité des pièces d’identité à exhiber avant de prendre part au vote. Les différentes prises de position suscitées par cette affaire ont alimenté tous les débats dans les «maquis», mais pour autant, cet engagement ne s’est pas manifesté par une mobilisation en faveur du vote.

Les oppositions au sein de la Commission électorale indépendante (CEI), ont aussi contribué à banaliser ce scrutin. La CEI avait décidé que seuls les titulaires des nouvelles cartes nationales d’identité sécurisées et des nouvelles attestations d’identité pourraient prendre part au vote. Or, la distribution, très partielle, de ces nouvelles cartes, a fait dire à certains que cette décision était purement politique, avec pour objectif d’exclure les électeurs des zones rurales. Cet argument, défendu par le RDR d’Alassane Ouattara, a fait des émules puisque les représentants des autres partis politiques, le PDCI (ex-parti au pouvoir) présidé par l’ancien président de la république, Henri Konan Bédié, et l’UDPCI ( Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire) du général Robert Guéi, sauf le FPI (Front populaire Ivoirien au pouvoir) au pouvoir, se sont désolidarisés de la décision de la CEI. Ils ont appelé tous les Ivoiriens à aller voter munis de tout document attestant de leur identité, mais de nombreux électeurs n’ont pu accomplir leur acte civique faute de documents requis. Le ministère de l’Intérieur a continué parallèlement à distribuer les «fameuses CNI» (cartes nationales d’identité) le jour même du vote.

ADO n’ a pas voté

Il y a bien sûr eu quelques échauffourées, surtout dans les communes dites «chaudes» d’Abidjan, mais qui tiennent plus de la pagaille que de volontés bien pensées pour semer le trouble. Globalement une bonne tenue du scrutin a été notée par les observateurs. Il n’y a pas eu d’appel au boycott, malgré les reproches faits à certaines procédures exigées par la CEI. Certaines personnalités ont d’ailleurs appris leurs dépens que des textes et règlements pouvaient être respectés en Côte d’Ivoire. C’est le cas du leader du RDR, Alassane Dramane Ouattara, qui est allé soutenir un candidat de son parti à Ferké dans le nord du pays. Il s’est vu refuser le droit de voter parce qu’il n’était tout simplement pas inscrit sur les listes électorales de l’endroit où il souhaitait accomplir son devoir civique. C’est vrai qu’il était de coutume en Côte-d’Ivoire, qu’une personnalité, dès lors qu’elle était inscrite sur une liste électorale, pouvait voter dans n’importe quel bureau de vote dans le pays. Or, dans le nouveau code électoral il est clairement dit que «les agents en mission ainsi que les candidats et leurs représentants ne sont pas autorisés à voter s’ils ne sont pas inscrits sur les listes électorales de la circonscription». Ironie du sort, ADO n’a donc pas pu voter, lui qui est inscrit à Cocody, un quartier d’Abidjan, et qui vient d’être reconnu citoyen ivoirien.

Ce scrutin local boudé par les citoyens, est prisé par les politiques, car les résultats montrent les points d’ancrage des partis politiques dans les régions. Par ailleurs, les instances dans lesquelles siégeront les conseillers ne pourraient avoir que des missions de relais de la politique du gouvernement, parce que les provinces ne sont pas autonomes, d’où l’importance de les gagner, pour, le cas échéant exercer une opposition résolue. Les résultats définitifs publiés par le ministère de l’Intérieur ont donné à égalité au PDCI (ex-parti unique au pouvoir), et au FPI (parti au pouvoir), 18 départements chacun. Le RDR arrive en seconde position avec 10 départements alors que l’UDPC du général Robert Guéi emporte trois départements. Des listes d’union gagnent quatre départements et trois autres reviennent à des listes indépendantes.



par Didier  Samson

Article publié le 09/07/2002