Turquie
La Turquie malade de son Premier ministre
L’état de santé du Premier ministre turc Bulent Ecevit, qui pèse depuis plus de deux mois sur la stabilité du pays, vient d’entraîner la démission de cinq ministres et d’une trentaine de députés, tous membres de son parti. Cette démission a déjà provoqué un séisme politique qui hypothèque encore davantage l’avenir de la Turquie en proie à une grave crise économique. Elle devrait avoir des conséquences non négligeable sur la fragile coalition tripartite qui dirige le pays et sans doute entraîner des élections anticipées dès l’automne prochain.
C’est un poids lourd du gouvernement de Bulent Ecevit qui a inauguré lundi l’avalanche de démissions au sein du gouvernement turc. Husamettin Ozkan était en effet un vice-Premier ministre de la fragile coalition tripartite qui dirige le pays depuis 1999. Bras droit de Bulent Ecevit, il était considéré comme le «ciment» de son équipe. Mais le chef du gouvernement, absent de la vie politique depuis plus de deux mois, s’est soudain détaché la semaine dernière de celui que la presse considérait comme son dauphin en l’accusant de n’avoir pas réagi aux virulentes critiques dont il a fait l’objet en raison de sa mauvaise santé.
La démission de Husamettin Ozkan a été suivie de celle de quatre autres ministres, tous membres du Parti de la gauche démocratique (DSP) que Bulent Ecevit dirige d’une main de fer. Une trentaine de députés ont également choisi de soutenir l’ancien vice-Premier ministre, estimant «injuste» sa mise à l’écart du parti et des rumeurs circulent déjà dans la capitale turque sur la constitution d’une nouvelle formation politique qui pourrait accueillir ces députés dissidents. Ces démissions en bloc, en plus d’intensifier la crise politique latente depuis des mois en Turquie, ont par ailleurs fragilisé le parti du Premier ministre qui n’est désormais plus la première formation politique en nombre de sièges au parlement.
Les alliés de Bulent Encevit au sein de la coalition gouvernementale ne se gênent d’ailleurs désormais plus pour critiquer le Premier ministre. Mesut Yilmas, le chef du parti de la Mère patrie (Anap, centre-droit), également vice-Premier ministre, a ainsi estimé que la Turquie était entrée dans «une phase de crise politique». Une crise qu’il a imputée à la santé de Bulent Ecevit, absent de la vie politique depuis plus de deux mois alors que la Turquie tente, selon lui, de surmonter la pire récession de son histoire. Mesut Yilmas s’en prend également vivement aux ultra-nationalistes du MHP, le parti de l’Action nationaliste, membres aussi de la coalition au pouvoir. Le MHP a en effet bloqué les efforts du gouvernement de mener des réformes démocratiques, comme l’abolition de la peine de mort ou l’octroi des droits culturels au peuple kurde, réclamées par Bruxelles en vue de l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne.
Vers des élections anticipées ?
Les ultra-nationalistes avaient déjà ouvert le feu la semaine dernière en appelant à des élections anticipées en novembre prochain. Devlet Bahceli, le chef du MHP, également vice-Premier ministre, avait même entamé une procédure pour réunir le 1er septembre, en session extraordinaire, le parlement en vacances. Une majorité simple à l’Assemblée est nécessaire pour convoquer des élections législatives en Turquie et le MHP, aujourd’hui parti majoritaire au parlement, pourrait bien être rejoint par les députés dissidents du DSP et par le parti de la Mère patrie. Le chef de cette formation Mesut Yilmas a d’ailleurs déjà déclaré qu’il était désormais «inutile» d’attendre jusqu’à novembre et a proposé des élections anticipées pour septembre.
L’aggravation de l’instabilité politique en Turquie, déclenchée par l’avalanche de démissions, risque d’intensifier la crise économique que le pays tente vaille que vaille de surmonter depuis un an et demi avec le soutien massif du Fonds monétaire international. Le ministre de l’Economie Kemal Dervis s’est certes voulu rassurant en affirmant qu’«il n’y a rien à craindre» mais la bourse d’Istanbul a plongé lundi de 4,6% et la livre turque a continué à perdre du terrain face au dollar.
A écouter également:
L'analyse de Jérôme Bastion, correspondant de RFI à Istanbul
La démission de Husamettin Ozkan a été suivie de celle de quatre autres ministres, tous membres du Parti de la gauche démocratique (DSP) que Bulent Ecevit dirige d’une main de fer. Une trentaine de députés ont également choisi de soutenir l’ancien vice-Premier ministre, estimant «injuste» sa mise à l’écart du parti et des rumeurs circulent déjà dans la capitale turque sur la constitution d’une nouvelle formation politique qui pourrait accueillir ces députés dissidents. Ces démissions en bloc, en plus d’intensifier la crise politique latente depuis des mois en Turquie, ont par ailleurs fragilisé le parti du Premier ministre qui n’est désormais plus la première formation politique en nombre de sièges au parlement.
Les alliés de Bulent Encevit au sein de la coalition gouvernementale ne se gênent d’ailleurs désormais plus pour critiquer le Premier ministre. Mesut Yilmas, le chef du parti de la Mère patrie (Anap, centre-droit), également vice-Premier ministre, a ainsi estimé que la Turquie était entrée dans «une phase de crise politique». Une crise qu’il a imputée à la santé de Bulent Ecevit, absent de la vie politique depuis plus de deux mois alors que la Turquie tente, selon lui, de surmonter la pire récession de son histoire. Mesut Yilmas s’en prend également vivement aux ultra-nationalistes du MHP, le parti de l’Action nationaliste, membres aussi de la coalition au pouvoir. Le MHP a en effet bloqué les efforts du gouvernement de mener des réformes démocratiques, comme l’abolition de la peine de mort ou l’octroi des droits culturels au peuple kurde, réclamées par Bruxelles en vue de l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne.
Vers des élections anticipées ?
Les ultra-nationalistes avaient déjà ouvert le feu la semaine dernière en appelant à des élections anticipées en novembre prochain. Devlet Bahceli, le chef du MHP, également vice-Premier ministre, avait même entamé une procédure pour réunir le 1er septembre, en session extraordinaire, le parlement en vacances. Une majorité simple à l’Assemblée est nécessaire pour convoquer des élections législatives en Turquie et le MHP, aujourd’hui parti majoritaire au parlement, pourrait bien être rejoint par les députés dissidents du DSP et par le parti de la Mère patrie. Le chef de cette formation Mesut Yilmas a d’ailleurs déjà déclaré qu’il était désormais «inutile» d’attendre jusqu’à novembre et a proposé des élections anticipées pour septembre.
L’aggravation de l’instabilité politique en Turquie, déclenchée par l’avalanche de démissions, risque d’intensifier la crise économique que le pays tente vaille que vaille de surmonter depuis un an et demi avec le soutien massif du Fonds monétaire international. Le ministre de l’Economie Kemal Dervis s’est certes voulu rassurant en affirmant qu’«il n’y a rien à craindre» mais la bourse d’Istanbul a plongé lundi de 4,6% et la livre turque a continué à perdre du terrain face au dollar.
A écouter également:
L'analyse de Jérôme Bastion, correspondant de RFI à Istanbul
par Mounia Daoudi
Article publié le 09/07/2002