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Nations unies

Les Etats-Unis coupent les vivres au FNUAP

Avec l’annonce que les Etats-Unis ne paieront pas leur contribution 2002 au Fonds des Nations unies pour la population, cette agence onusienne perd l’un de ses principaux financiers. Motif invoqué par Washington : la participation du FNUAP à des avortements et stérilisations forcés en Chine.
Le Fonds des Nations unies pour la population dispose d’un budget annuel d’un peu moins de 300 millions de dollars pour soutenir, dans 154 pays en développement, des politiques de santé maternelle et infantile et de planification familiale. Depuis sa création, en 1969, le FNUAP y a consacré 4,6 milliards de dollars, sur des financements volontaires des pays membres de l’ONU et non pas sur le budget général de l’organisation. D’où l’importance de cette annonce faite par les Etats-Unis qu’ils ne verseront pas leur contribution 2002, soit un manque à gagner de 34 millions de dollars sur un budget établi pour cette année à 274 millions de dollars. Déjà les Etats-Unis sont au nombre des mauvais payeurs de l’ONU, habitués qu’ils sont aux retards dans le paiement de leurs contributions annuelles.

La raison invoquée par les Etats-Unis est que le FNUAP favoriserait l’avortement et la stérilisation forcée des femmes en Chine où prévaut la politique de l’enfant unique. Déplorant la suspension du financement américain les responsables du FNUAP rappellent que déjà, en 1999, les Etats-Unis avaient conditionné leur participation financière à l’assurance qu’elle ne serait pas utilisée en Chine. Cette demande avait été respectée.

La directrice exécutive du FNUAP, Thoraya Obaid, réaffirme que son organisation ne favorise pas l’avortement et que, bien au contraire, dans les pays où le FNUAP est présent, ils diminuent. Les autorités chinoises, de leur côté, rejettent les accusations de contraintes et, encourageant le contrôle des naissances, nient en faire une obligation.

L’influence des ultra-conservateurs

Aux Etats-Unis des opposants à la politique du président Bush mettent en avant les pressions des ultra-conservateurs sur le gouvernement, qui s’exercent aussi, au plan intérieur, dans le sens d’un certain retour au puritanisme. Plus généralement, cette décision s’inscrit dans le droit fil de la politique actuelle qui privilégie les intérêts américains au multilatéralisme dans les relations internationales. L’exemple le plus souvent cité est le refus de ratifier la convention de Kyoto sur le réchauffement de la planète car les Etats-Unis devraient alors maitriser leurs émissions de gaz à effet de serre, au détriment, selon eux, de leur économie. La même attitude de refus d’engagement s’est signalée avec le refus de reconnaître la Cour pénale internationale.

Et cela se traduit par une volonté accrue d’imposer au reste du monde leur propre vision des choses. Lors de la conférence sur le financement du développement à Monterrey au Mexique, en mars dernier, Georges Bush avait déjà lié une augmentation de l’aide américaine à la réalisation, par les pays pauvres, de réformes politiques et économiques répondant aux critères américains. De manière indirecte les Etats-Unis « mondialisent » aussi leur modèle de développement par le biais du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, vecteurs du «consensus de Washington», credo libéral, auprès des pays en développement.



par Francine  Quentin

Article publié le 23/07/2002