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Côte d''Ivoire

Café-cacao: un rapport confidentiel explosif

Un rapport remis au chef de l’Etat ivoirien dénonce la mainmise d'un petit groupe de personnnes sur la filière cacao, la principale ressource du pays. RFI s’est procuré ce rapport.
Totalement libéralisée depuis trois ans, la principale filière économique de Côte d’Ivoire, c’est la moitié des exportations du pays, est tombée aux mains d’escrocs. Voilà résumé en quelques mots l’une des grandes lignes du rapport rédigé par un membre de l’inspection générale d’Etat et qui a été remis au président ivoirien Laurent Gbagbo.

Le rapport dénonce les nombreuses failles qui perturbent le fonctionnement de ce secteur clé de l’économie ivoirienne. La plus grave d’entre elles, c’est d’avoir laissé s’installer aux commandes de la filière un groupe de planteurs dont la représentativité n’est pas avérée et qui a mis la main sur les recettes fiscales que la vente du cacao ivoirien génère.

Ces recettes sont très importantes puisque le cacao ivoirien, c’est 40% de la récolte mondiale, la moitié des exportations du pays et 15% de son Produit intérieur brut, c’est à dire de la richesse créée tous les ans en Cote d’Ivoire.

«L’Etat a failli à sa mission»

Le rapporteur François Kouadio estime que l’Etat a failli à sa mission en déléguant la gestion de la filière à des organismes indépendants sans fixer de cadre légal ou réglementaire suffisamment précis à leur action. Comme le choix des administrateurs de ces organismes n’est pas encadré, une association, l’ANAPROCI, dont les dirigeants se sont auto-proclamés représentants des planteurs de café et de cacao, a mis la main sur les ressources fiscales dégagées par la filière.

Il s’agit d’un groupe de 32 personnes. Elles se sont arrogées un monopole de gestion sur toutes les structures crées dans le cadre de la réforme de la filière. Ces dirigeants de fait se sont octroyés des salaires exorbitants et des jetons de présence du même niveau.

Cette association a par ailleurs engagé l’une des structures de la filière le Fonds de Développement et de promotion des activités des producteurs de café et de cacao, le FDPCCC dans la création d’entreprises que le rapporteur juge illicites. Selon lui, le seul objectif est de spolier les producteurs de café et de cacao de Cote d’Ivoire. Des producteurs qui ont malgré tout dans l’ensemble et pour l’instant vu la hausse des cours mondiaux du cacao, profité de la libéralisation de leur filière.

Le rapporteur insiste aussi beaucoup sur la précipitation qui a présidé à la libéralisation de la filière café cacao. Il préconise un retour aux ventes à terme. Cette technique permettait de vendre une production qui n’était pas encore disponible avec plusieurs mois d’avance. Un mécanisme qui selon le rapporteur permettait d’organiser une pénurie artificielle du cacao. Ce qui en faisait monter le prix international. Cette sécurité permettait aussi de garantir les prix d’achats aux paysans. Mais les pays développés n’en veulent pas dit le rapporteur. Car leurs industriels souhaitent pouvoir continuer à acheter le cacao à des prix très faibles.

Lire également :
Un rapport explosif sur le cacao ivoirien, la chronique des matières premières de Jean-Pierre Boris



par Jean-Pierre  Boris

Article publié le 17/07/2002