Corse
Sarkozy rouvre le dossier
Le ministre français de l’Intérieur s'attache à relancer le dialogue en Corse, interrompu par la parenthèse électorale et l’arrêt du processus de Matignon. Nicolas Sarkozy a entamé vendredi une tournée de trois jours dans l’île. De Bastia, au nord, à Ajaccio, au sud, il rencontre les élus locaux, nationalistes compris. Jean-Pierre Raffarin est venu prêter main forte à Nicolas Sarkosy, lors d’une visite surprise samedi à Ajaccio. Le geste est destiné à démontrer que le dossier corse est l’une des priorités du gouvernement. Le Premier ministre a annoncé la future loi constitutionnelle réformant la décentralisation. Une loi qui donnera toute sa place à l’île de Beauté.
Nicolas Sarkozy connaît bien le dossier corse. D’abord, parce que son ex-épouse est originaire du sud de l’île. Et puis, parce qu’il s’y intéresse depuis longtemps. L’an dernier, celui qui était alors député des Hauts-de-Seine avait fait preuve d’indépendance vis à vis de sa famille politique. Il s’était abstenu de voter en première lecture sur le projet de loi sur la Corse, né du processus de Matignon. Avant de se prononcer contre la version définitive du texte sept mois plus tard, devant le refus des nationalistes de condamner la violence. Aujourd’hui, ils ne l’ont toujours pas condamnée et c’est avec eux que le ministre doit désormais dialoguer. Alors, de Bastia à Ajaccio, il tentera de les convaincre de sa réelle volonté d’accorder un statut particulier à la Corse… mais dans le cadre d’un mouvement général de décentralisation, proposé à l’ensemble du pays. Pas question donc de soumettre l’île à un régime de faveur. Comme les autres régions qui le souhaitent, la Corse pourra bientôt bénéficier d’un droit à l’expérimentation, en vertu d’un projet de loi constitutionnelle qui sera discuté à l’automne.
Le message a du mal à passer dans les milieux nationalistes, encore échaudés par l’échec du processus de Matignon. Car à leurs yeux, les nuits entières de tractations avec le gouvernement Jospin n’ont finalement débouché que sur l’annonce d’un plan exceptionnel d’investissement de près de 2 milliards d’euros, destiné à rattraper le retard économique de l’île. Mais concernant le futur statut de la Corse, ils considèrent n’avoir jamais obtenu gain de cause, le Conseil constitutionnel ayant censuré une partie de l’article 1 de la loi du 22 janvier 2002. Cette disposition accordait à l’Assemblée territoriale corse le droit d’adapter les lois, possibilité finalement rejetée par les neufs sages. Quelques jours avant l’arrivée du ministre de l’Intérieur sur l’île, Jean-Guy Talamoni, le porte-parole des élus nationalistes, déclarait : «il ne serait être question pour nous de voir enserrer la Corse, nation historique ayant connu la souveraineté pleine et entière, dans un mouvement général et uniforme de décentralisation à l’échelle de la France».
Plus de 60 attentats depuis le début de l’année
L’action perpétrée la semaine dernière contre une caserne de CRS en construction, à Furiani, près de Bastia, peut-être considérée comme une provocation de la part des mouvements nationalistes clandestins. Un groupe anonyme, les «Sans nom» a revendiqué l’attentat, en s’adressant directement à Nicolas Sarkozy : «De M.Sécurité, nous attendons la mise en application rapide de gestes forts : l’attribution d’un pouvoir législatif, en préalable à une véritable solution politique négociée», précise le communiqué, assorti d’une menace : «Si par manque de courage politique rien de concret n’aboutit, nous saurons prendre nos responsabilités». En mai dernier, c’est le FLNC qui annonçait de la même manière sa volonté de poursuivre ses actions «tant que les droits fondamentaux de la nation ne seront pas acquis». C’était au lendemain de la «nuit bleue», organisée le jour du second tour des élections présidentielles. Des villas de continentaux en Corse et des bâtiments publics sur le continent avaient été visés par une série d’attentats. Au total, il y en a eu plus de 60 depuis le début de l’année.
Depuis son arrivée au gouvernement, Nicolas Sarkozy, s’est fait le chantre de la lutte contre l’insécurité et du respect de l’Etat de droit. Il a promis à la veuve du préfet Erignac, assassiné en février 98, de tout faire pour retrouver le tireur présumé, Yvan Colonna, toujours introuvable. Et il ne cèdera pas sur «l’amnistie des prisonniers politiques» réclamée par les nationalistes. De quoi alimenter les discussions lors des traditionnelles Journées de Corte qui se dérouleront au début du mois prochain entre les différents mouvements nationalistes.
Ecouter également :
Le déplacement du ministre de l'intérieur en Corse a été marqué par la visitre-éclair et surprise du chef du gouvernement Jean-Pierre Raffarin. L'analyse de notre envoyé spécial, Sylvain Biville.
Le message a du mal à passer dans les milieux nationalistes, encore échaudés par l’échec du processus de Matignon. Car à leurs yeux, les nuits entières de tractations avec le gouvernement Jospin n’ont finalement débouché que sur l’annonce d’un plan exceptionnel d’investissement de près de 2 milliards d’euros, destiné à rattraper le retard économique de l’île. Mais concernant le futur statut de la Corse, ils considèrent n’avoir jamais obtenu gain de cause, le Conseil constitutionnel ayant censuré une partie de l’article 1 de la loi du 22 janvier 2002. Cette disposition accordait à l’Assemblée territoriale corse le droit d’adapter les lois, possibilité finalement rejetée par les neufs sages. Quelques jours avant l’arrivée du ministre de l’Intérieur sur l’île, Jean-Guy Talamoni, le porte-parole des élus nationalistes, déclarait : «il ne serait être question pour nous de voir enserrer la Corse, nation historique ayant connu la souveraineté pleine et entière, dans un mouvement général et uniforme de décentralisation à l’échelle de la France».
Plus de 60 attentats depuis le début de l’année
L’action perpétrée la semaine dernière contre une caserne de CRS en construction, à Furiani, près de Bastia, peut-être considérée comme une provocation de la part des mouvements nationalistes clandestins. Un groupe anonyme, les «Sans nom» a revendiqué l’attentat, en s’adressant directement à Nicolas Sarkozy : «De M.Sécurité, nous attendons la mise en application rapide de gestes forts : l’attribution d’un pouvoir législatif, en préalable à une véritable solution politique négociée», précise le communiqué, assorti d’une menace : «Si par manque de courage politique rien de concret n’aboutit, nous saurons prendre nos responsabilités». En mai dernier, c’est le FLNC qui annonçait de la même manière sa volonté de poursuivre ses actions «tant que les droits fondamentaux de la nation ne seront pas acquis». C’était au lendemain de la «nuit bleue», organisée le jour du second tour des élections présidentielles. Des villas de continentaux en Corse et des bâtiments publics sur le continent avaient été visés par une série d’attentats. Au total, il y en a eu plus de 60 depuis le début de l’année.
Depuis son arrivée au gouvernement, Nicolas Sarkozy, s’est fait le chantre de la lutte contre l’insécurité et du respect de l’Etat de droit. Il a promis à la veuve du préfet Erignac, assassiné en février 98, de tout faire pour retrouver le tireur présumé, Yvan Colonna, toujours introuvable. Et il ne cèdera pas sur «l’amnistie des prisonniers politiques» réclamée par les nationalistes. De quoi alimenter les discussions lors des traditionnelles Journées de Corte qui se dérouleront au début du mois prochain entre les différents mouvements nationalistes.
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par Caroline Olive
Article publié le 27/07/2002