Zimbabwe
Le correspondant de RFI acquitté mais expulsé
Andrew Meldrum, journaliste américain et correspondant au Zimbabwe de plusieurs organes de presse internationaux dont RFI, est acquitté dans le procès que lui intente le gouvernement, mais il est expulsé du Zimbabwe, comme le lui ont immédiatement signifié les services d’immigration.
«Cette décision correspond aux efforts du gouvernement pour m’empêcher de faire ce que j’ai à faire», a déclaré Andrew Meldrum, dès que son avocate lui a annoncé la nouvelle de son acquittement frappée d’une obligation de quitter le territoire zimbabwéen.
Il était jugé depuis le 12 juin pour diffusion «de fausses informations et abus de privilèges de journaliste». Andrew Meldrum avait, en effet, repris les propos d’un parti politique d’opposition et d’un journal local, le Daily News, relatant la décapitation d’une femme par les militants de la ZANU-PF, parti du président Robert Mugabe au pouvoir, dans le Guardian, journal britannique dont Andrew Meldrum est le correspondant. Mais quelques jours plus tard le quotidien zimbabwéen regrettait la diffusion de cette information qui s’était avérée fausse. Le journal a présenté ses excuses à ses lecteurs et dans son sillage Andrew Meldrum exprime aussi ses regrets.
Malgré ce geste le gouvernement zimbabwéen a ordonné l’arrestation du journaliste Andrew Meldrum, ressortissant américain. En se fondant sur une nouvelle loi, promulguée le 15 mars 2002, qui contraint les journalistes nationaux et étrangers à respecter un code de conduite, faute de s’exposer à des amendes ou à des peines de prison. Le journaliste américain, correspondant du Guardian et de l’hebdomadaire britannique The Economist , de la chaîne d’information CNN et de RFI, est arrêté le 1er mai à son domicile, avant d'être libéré le lendemain sous caution.
Les regrets d’Andrew Meldrum ne changent rien
«Cette affaire» qui aurait pu connaître un traitement moins passionné est survenue dans une période d’élection présidentielle contestée et où le Zimbabwe de Robert Mugabe était sur le banc des accusés du Commonwealth, et considéré comme un Etat liberticide. Les réformes agraires, qui ont également pris des allures de spoliations des fermiers blancs pour récompenser quelques anciens combattants noirs de la guerre d’indépendance, ont créé une situation politique tendue qui a, par ailleurs, durcit le régime. Mais sur ce terrain de la politique internationale, Robert Mugabe a reçu quelques soutiens de pays tels que l’Afrique du Sud ou encore du Nigeria, qui l’ont aidé à sortir des griffes du dispositif de sanctions prévues par le Commonwealth.
Robert Mugabe a le souci aujourd’hui de redorer son blason, après avoir détruit ou empêché toute opposition crédible de s’exprimer. Le dispositif contre la presse a montré son efficacité, et il a beau jeu maintenant de manier le bâton et la carotte à sa guise. Pour le pouvoir zimbabwéen, l’acquittement d’Andrew Meldrum constitue un geste de clémence envers un étranger et l’expulsion sous vingt-quatre heures notifiée au journaliste est un signal de sévérité à l’endroit de la presse étrangère et de ses représentants au Zimbabwe. Après vingt et un an passés dans ce pays, Andrew Meldrum perd son statut de résident permanent et doit quitter définitivement le Zimbabwe. Pour lui, cette décision est plus politique que judiciaire, puisque les documents d’expulsion exhibés par les services d’immigration portent les dates du 3 et 5 juillet, alors que la justice n’a rendu son verdict d’acquittement que le 15 juillet.
Il était jugé depuis le 12 juin pour diffusion «de fausses informations et abus de privilèges de journaliste». Andrew Meldrum avait, en effet, repris les propos d’un parti politique d’opposition et d’un journal local, le Daily News, relatant la décapitation d’une femme par les militants de la ZANU-PF, parti du président Robert Mugabe au pouvoir, dans le Guardian, journal britannique dont Andrew Meldrum est le correspondant. Mais quelques jours plus tard le quotidien zimbabwéen regrettait la diffusion de cette information qui s’était avérée fausse. Le journal a présenté ses excuses à ses lecteurs et dans son sillage Andrew Meldrum exprime aussi ses regrets.
Malgré ce geste le gouvernement zimbabwéen a ordonné l’arrestation du journaliste Andrew Meldrum, ressortissant américain. En se fondant sur une nouvelle loi, promulguée le 15 mars 2002, qui contraint les journalistes nationaux et étrangers à respecter un code de conduite, faute de s’exposer à des amendes ou à des peines de prison. Le journaliste américain, correspondant du Guardian et de l’hebdomadaire britannique The Economist , de la chaîne d’information CNN et de RFI, est arrêté le 1er mai à son domicile, avant d'être libéré le lendemain sous caution.
Les regrets d’Andrew Meldrum ne changent rien
«Cette affaire» qui aurait pu connaître un traitement moins passionné est survenue dans une période d’élection présidentielle contestée et où le Zimbabwe de Robert Mugabe était sur le banc des accusés du Commonwealth, et considéré comme un Etat liberticide. Les réformes agraires, qui ont également pris des allures de spoliations des fermiers blancs pour récompenser quelques anciens combattants noirs de la guerre d’indépendance, ont créé une situation politique tendue qui a, par ailleurs, durcit le régime. Mais sur ce terrain de la politique internationale, Robert Mugabe a reçu quelques soutiens de pays tels que l’Afrique du Sud ou encore du Nigeria, qui l’ont aidé à sortir des griffes du dispositif de sanctions prévues par le Commonwealth.
Robert Mugabe a le souci aujourd’hui de redorer son blason, après avoir détruit ou empêché toute opposition crédible de s’exprimer. Le dispositif contre la presse a montré son efficacité, et il a beau jeu maintenant de manier le bâton et la carotte à sa guise. Pour le pouvoir zimbabwéen, l’acquittement d’Andrew Meldrum constitue un geste de clémence envers un étranger et l’expulsion sous vingt-quatre heures notifiée au journaliste est un signal de sévérité à l’endroit de la presse étrangère et de ses représentants au Zimbabwe. Après vingt et un an passés dans ce pays, Andrew Meldrum perd son statut de résident permanent et doit quitter définitivement le Zimbabwe. Pour lui, cette décision est plus politique que judiciaire, puisque les documents d’expulsion exhibés par les services d’immigration portent les dates du 3 et 5 juillet, alors que la justice n’a rendu son verdict d’acquittement que le 15 juillet.
par Didier Samson
Article publié le 15/07/2002