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Pakistan

Condamnation à mort pour l’assassin de Daniel Pearl

Après près de trois mois de procès sous très haute surveillance, un tribunal pakistanais a condamné lundi matin Cheik Omar à la peine de mort. Le militant islamiste a été reconnu coupable de l’enlèvement et du meurtre de Daniel Pearl, un journaliste américain qui avait disparu en janvier dernier à Karachi, au sud du Pakistan, alors qu’il enquêtait sur les milieux extrémistes.
La justice pakistanaise avait promis une sentence exemplaire. Elle a tenu parole en condamnant le militant extrémiste Cheik Omar à la peine capitale par pendaison et ses trois complices à la prison à vie. «Nous verrons qui mourra en premier, moi ou les autorités qui ont arrangé ma condamnation à mort» a déclaré à l’issue du procès l’intéressé, par la voix de l’un de ses avocats. La défense a d’ailleurs annoncé son intention de faire appel de ces condamnations car elle accuse le tribunal antiterroriste d’avoir cédé aux pressions du chef de l’état pakistanais, le général Pervez Musharraf.

Organisé trois mois après la disparition, en janvier dernier, du correspondant du Wall Street Journal, le procès des assassins présumés de Daniel Pearl s’est déroulé à huis clos, d’abord dans une prison de Karachi puis à 160 km de distance, dans le centre de détention de Hyderabad, transformé pour l’occasion en véritable camp retranché. Pendant plusieurs semaines, tireurs d’élite, patrouilles d’unités paramilitaires et véhicules blindés sont restés postés autour du bâtiment par crainte de représailles des réseaux islamistes. Le dispositif de sécurité a d’ailleurs été maintenu à Hyderabad où les quatre condamnés resteront emprisonnés dans l’attente d’une procédure d’appel de leur jugement. L’alerte est maximale également à Karachi, ville de 12 millions d’habitants considérée comme une «plate-forme du terrorisme» par les policiers pakistanais qui redoutent des réactions violentes de la part des milieux extrémistes.

Mécontentement britannique

Arrêté le 12 février dernier, Cheik Omar avait dans un premier temps affirmé que Daniel Pearl était mort et avoué l’avoir enlevé. Quelques jours plus tard, une cassette vidéo, transmise au consulat américain de Karachi, confirmait l’assassinat du journaliste américain, décapité par ses ravisseurs. Washington réclamait alors l’extradition du suspect numéro un pour qu’il soit jugé par un tribunal américain. Finalement, c’est au Pakistan que Cheik Omar et ses complices ont été jugés et condamnés. Mais cette sentence du tribunal a toutefois suscité le mécontentement de la Grande-Bretagne, pays où est né, où a grandi et où a étudié celui qui allait devenir un combattant du Jihad, la guerre sainte. Cheik Omar a d’ailleurs la double nationalité pakistano-britannique. Le Foreign Office a réaffirmé son opposition de principe à la peine de mort, «quelles que soient les circonstances» et Londres a regretté que les autorités pakistanaises n’aient pas tenu compte de sa position. Quant à la famille du journaliste assassiné, elle a remercié Islamabad et Washington pour leurs actions en faveur de la tenue de ce procès. «Nous sommes reconnaissants des efforts inlassables des autorités pakistanaises et américaines pour traduire en justice les auteurs de l’enlèvement et du meurtre de Danny» ont affirmé les parents, la femme et les sœurs de Daniel Pearl dans un communiqué. A présent, la famille espère que les autres responsables –sept suspects sont toujours en liberté- seront eux aussi arrétés et jugés.

Daniel Pearl, 38 ans, enquêtait pour le Wall Street Journal sur des réseaux islamistes proches d’Al Qaïda lorsqu’il a disparu dans la région de Karachi, le 23 janvier dernier. Son enlèvement avait été revendiqué par un groupe inconnu, le Mouvement national pour la Restauration de la Souveraineté du Pakistan qui réclamait la libération des Pakistanais faits prisonniers pendant la campagne américaine en Afghanistan. «L’affaire Daniel Pearl» a ouvert une vague de violence à l’encontre des Occidentaux présents dans le pays, actions attribuées aux extrémistes religieux opposés au rapprochement entre Islamabad et Washington.



par Caroline  Olive (avec AFP)

Article publié le 15/07/2002