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Australie

Aborigènes: la voie de la réconciliation

Les résultats du dernier recensement révèlent une nouvelle tendance dans la population australienne: la reconnaissance et la revendication de ses origines indigènes. Cette démarche s’inscrit dans un mouvement plus profond de réconciliation nationale entre les communautés aborigènes et blanches de cette île-continent. Toutefois, la population reste toujours opposée sur l’opportunité de présenter des excuses officielles aux peuples autochtones.
De notre correspondante en Australie

Le recensement réalisé en 2001 montre une croissance de la population aborigène de près de 16% en 5 ans. Cette explosion s’explique par un taux de fertilité particulièrement élevé, et la revendication de racines aborigènes pour des personnes qui jusqu’ici les cachaient.

Contrairement aux idées reçues, la population aborigène, estimée à 460 000 personnes soit 2,4% de la population globale, est particulièrement présente aussi en milieu urbain. Sydney en accueille plus de 37 000 et Brisbane près de 35 000. Toutefois, les territoires du Nord et de Torres Strait rassemblent toujours les plus fortes pourcentages (77% de la population). Par ailleurs, des caractéristiques se confirment, notamment la jeunesse de la population: 58% des peuples aborigènes ont moins de 25 ans et ont une espérance de vie réduite de 20 ans comparée aux Australiens «blancs». Les taux de chômage, d’emprisonnement, de dépendance à l’alcool ou aux drogues, particulièrement élevés chez les aborigènes, se maintiennent et contribuent à leur marginalisation dans la société australienne.

Néanmoins, ce recensement révèle l’existence d’une partie de la communauté mieux intégrée, jusqu’ici discrète sur ses origines, et qui tend désormais à les revendiquer. Les efforts menés pour la réconciliation et la reconnaissance des traumatismes subis par les aborigènes ont sans doute joué un rôle important dans cette prise de position.

100 000 enfants aborigènes enlevés à leurs parents

En 1977, la Commission nationale des droits de l’Homme rendait un rapport où elle n’hésitait pas à accuser les précédents gouvernements australiens de génocide à l’encontre des populations aborigènes. La Commission faisait plus particulièrement référence à la politique d’assimilation forcée mise en place en 1910 et visant à retirer les enfants aborigènes à leurs parents. On parle de «génération volée». Plus de 100 000 enfants ont ainsi été enlevés, déportés vers d’autres Etats et placés dans des institutions religieuses ou confiés à des parents adoptifs blancs. Cette politique s’est achevée seulement à la fin des années 60.

L’actuel Premier ministre australien, John Howard, a déclaré lors des dernières élections que la réconciliation entre les communautés aborigène et blanche était une priorité. Le leader conservateur se donnait jusqu’à la fin de l’an 2000 pour aboutir à un document de réconciliation nationale. Ce document n’a cependant pas encore vu le jour. Un point de litige majeur demeure: la question des excuses officielles. Même s’il a exprimé à titre personnel ses «sincères et profonds regrets envers les peuples aborigènes», Monsieur Howard refuse d’intervenir à titre officiel. «Les actions, plus que les mots, feront la différence» insiste-il. Cette position s’explique en partie par la crainte qu’une reconnaissance de la responsabilité des gouvernements antérieurs engendre une demande de compensation financière. Or, 30 000 personnes victimes de la politique d’assimilation forcée sont toujours en vie.

Les Australiens, dans leur grande majorité, soutiennent la position de John Howard et partagent les réticences du Premier ministre. De plus, il faut savoir que la question de la réconciliation n’apparaît pas pour l’Australien moyen, comme une issue majeure de la politique nationale. En effet, lors d’un récent sondage, sur une liste de 14 points, ce sujet arrivait en dernière position de leurs préoccupations.

Liens utiles (en anglais):
www.apology.west.net.au
www.reconciliationaustralia.org



par Carole  Martin

Article publié le 15/07/2002